VOYAGE AU COEUR DE SOI
Arielle Pasteau
Dans les chaos défaits.
Mon paysage s'émeut d'un jour qui se lève
dans l'ourlet transparent des feuilles tout juste ouvertes
et les crosses perlées des fougères déployées
se trouble d'une naissance secrète,
sans en dire un seul mot,
ni même un seul bruit d'ailes.
Mon paysage tient de l'âpre, de l'âpre et du tenace
dans des éboulements et des chaos défaits,
dans les roches foudroyées.
Se dressent, maintenant, en arthritiques suppliques
des mains, blanchies d'un lichen âcre,
vers un ciel qui se tait.
Mon paysage joue, reflets et faux semblants.
Et surgissent, facétieux, de l'erg rugueux et noir,
les éblouissements d'un sel pur de cristal
amassé dans le creux de fossiles qui s'effritent.
Mon paysage est du tendre. Est du tendre, peut-être.
De la mousse que l'on foule dans un air doux et lent,
confiant et mystérieux.
Là où résonne en vibrant un chant silencieux.
C'est le détal, soudain, d'un animal
jusqu'alors invisible.
Roux et vif.
L'œil humide de toute l'attente du monde.
Mon paysage s'étonne, orné de ses akènes,
de ses bogues éclatées, de ses graines en spirales
de se voir encore, et encore, et toujours,
semé et ressemé, par lui-même engendré.
Mon paysage vit et rit, s'extasie.
Et de joie se repaît d'être partie prenante
de ce vivant élan qui l'émeut et le comble,
et règne là.
Et qui là, règnera de toute éternité.
Christine Trividic
"Allongée paisiblement sur le tapis doux du souvenir, je me suis, malgré moi, laissée emporter et transporter le long de la rivière des jours qui passent et ne se ressemblent guère. La vie ne serait donc qu'un simple jet ? Tout me parait si lointain et proche à la fois. Balayée par les vents du nord qui m'ont glacée et ceux du sud qui passaient pour me réchauffer le cœur quand tout me semblait froid.
A travers ces chemins sinueux, j'ai choisi de traverser le plateau de la patience avec une certaine sérénité. Réfugiée sous la cascade de l'isolement quand les nuages s'annonçaient orageux, je me ressourçais, avec calme, et reprenais le cours de ma navigation pour accoster et amarrer le temps de la réflexion nécessaire.
Bien sûr que la vie est changeante ! et le voyage est semé de paysages aussi fantastiques qu'effrayants.
Quelquefois, se retrouver face au tunnel de la peur, lorsque l'on sent que la terre s'effondre sous nos pieds, avec cette sensation d'abominable injustice ; un vide immense nous envahit et là alors, la lutte pour l'espoir s'engage. Il n'est d'autre solution que de chercher la lumière au bout de cet espace noir. Si seule face à ce mur de désespérance, même le brouillard s'avère une perspective.
Puis, au loin, le phare de l'avenir nous éclaire enfin de sa lumière radieuse... la joie revient... le rideau du nouveau décor se lève à nouveau.
Il ne faut pas craindre ces tentations, ces plaisirs que nous offre l'ascenseur des délices... Tout s'en va un jour et tout revient un autre jour.
Les bras ne sont pas faits pour être éternellement baissés... La course à la vie n'est jamais finie... à nous l'imagination. Une forêt n'est pas toujours sombre ; de magnifiques clairières peuvent être découvertes et apporter la paix intérieure tant espérée."
Gérard Bréal
Petit caillou
Je suis né petit caillou. Petit caillou né de la terre dans la campagne des choses simples. De cette terre qui ne fait pas de cadeau mais qui apprend l’effort, la force, la résistance, l’humilité. De cette terre où l’on apprend les rudiments de la vie où chaque élément de la nature peut aussi être un jeu, un émerveillement, une attache. De cette terre où les arbres font l’horizon. Où les grands arbres cachent les chemins de traverse qui vont au champ et les chemins creux trop ombragés pour laisser passer la lumière qui conduisent à la ville. Des chemins creux, chemins des curiosités qui deviennent échappatoires.
Petit caillou roule sur ces chemins vers le plateau désertique des possibles et retrouve d’autres cailloux. Tellement nombreux qu’il a l’impression d’être au milieu d’un désert où la nature et le bon sens ont perdu leurs droits. Dans un désert où l’on doit tout apprendre et garder son bon sens pour prendre une direction dont on sait le but éloigné alors qu’on en devine que la première étape au-delà de l’horizon. Une étape sans retour quand on veut quitter les rats des champs et se débarrasser de la terre collée aux chaussures.
Caillou se retrouve dans la mégalopole des brouillards. Il s’y sent oppressé. Il s’y perd. Tout lui est inconnu, le bruit, les odeurs, les autres petits cailloux. Tout y est bousculade, frottement, cascade, emporté par des torrents rugueux et fougueux exigeants leurs dus.
Puis vient, érodé par une vie tumultueuse, le moment de quitter les rats des villes et de se laisser glisser vers le rivage des sables doux. Retrouver des petits cailloux dont on ne sait s’ils ont été polis par une vie trop trépidante ou le ressac des vagues. Là ils peuvent contempler l’horizon des soleils. Des soleils qui se lèvent promettant une agréable journée. Des soleils cachés par des nuages au sort incertain promettant pluie fine ou orage violent. Des soleils couchants rougeoyants promettant d’autres vies à découvrir.
Devenu grain de sable, petit caillou se verra emporté par des vents capricieux pour retrouver la terre, la montagne, la mer ou bien les étoiles.
Jean-Louis Dupas
Telle la route de la soie
Passant par Samarcand
La route de mon moi
Est jalonnée de demandes
D'incertitudes en incertitudes
Se construisent des vérités
Qui ne vivent vérités
Que le temps de devenir absurdes.
Dans la forêt des doutes maintenant pénétrée
Des elfes m’interpellent, incongrus
De leurs raisonnements ils m'embrouillent
Ouyouyouille
Comment vais-je m'en tirer?
De port en port de fortune
Ma besace s'est chargée
D'encore quelques vérités
Quelques vérités est-ce bien sûr
Je commence à en douter
A force de certitudes
On finit dans la perplexité.
J'avance encore et encore
Vers d'inconnus rivages
Des sirènes aux chants aguicheurs
Me promettent des avenirs radieux
Qui ne seront que des mirages
J'apprendrai encore et encore
Ces rivages des délices
N'étaient que pure malice.
Fort de ce périple
Dans cette jungle sans loi
Ma malle bien remplie
De savoir et d'avoir appris
Une certitude m'est venue
De tout ce que j'ai appris
Ce que je sais
C'est qu'en fait je ne sais rien.
Jacques Pothier
D’aussi loin que je me souvienne, la musique a toujours eu une grande importance ; dans la vallée de mes souvenirs, dans la forêt profonde de mes méditation, Beethoven fut pour moi une énorme révélation grâce à l’écoute du phonographe familial, plus tard, l’écoute des chants grégoriens dans l'abbaye de Solesmes bouleversa dans mon cerveau la quête du beau et du sublime.
A un âge plus avancée les grands airs d’opéras prirent leurs places dans mes souvenirs musicaux
Beethoven grâce à sa musique et ses silences peupla mes méditations pastorales mes désirs héroïques ou pathétiques de l'apprentissage de la vie,
Que n'ai-je entendu par la suite les bruits des moteurs, les cris de douleur des malades, les cris de peur des enfants ; tout cela agressait encore mes tympans
Les chants grégoriens des bénédictins de l’abbaye de Solesmes m'ont réconcilié grâce à cette musique du silence inspirée par un Dieu créateur de sublime, avec toutes les parties les plus intimes et les plus profondes de mon cerveau encore vierges par endroits.
Y aurait-il de multiples espaces toujours libres d' accueillir de nouvelles musiques tristes et sévères, mes héroïques dégagées pour les chansons anarchistes de George et de Léo ?
Des tristes mélopées bretonnes semblables à ces airs de binious celtiques
Des cases fantastiques pour Berlioz
D’autres plus pathétiques pour Tchaïkovski
Des grands récitatifs lyriques dans des airs d'opéra Carmen de Bizet la Traviata et Nabucco de Verdi
Des chansons tristes et heureuse des romances que Roméo chantait à Juliette, des complaintes des forçats cassant des pierres dans l'île de Ré
Le son du clairon triste évoquant les morts stupides des guerres
Et si un jour toutes ces cases privilégiées se réunissaient, verrions nous la mort danser avec la vie, la joie avec la tristesse, les pleurs avec les éclats de rire ?
Quelle belle symphonie cela ferait !
Joëlle Jarrige Jullien
Ses pas l’ont menée là, sans quête personnelle consciente. L’attrait de l’immensité, sous un ciel bleu. Trop bleu pour sentir l’hiver de son cœur, trop bleu pour épouser le rythme du temps, trop bleu pour se rappeler que c’est Noël ailleurs et qu’elle a choisi ce lieu pour passer ce temps, pour récuser toute sensation de froid, tout souffle de vent autour d’elle et en elle.
Elle a choisi ce voyage pour vivre dans cet univers statique, irradié le jour par un soleil brulant, surplombé d’une voûte étincelante la nuit.
Elle n’a rien appréhendé des émotions qu’elle vivrait dans cet univers incroyable.
Pourtant, déjà, elle ressent la sensation d’un détachement de sa réalité, d’un éloignement de ses préoccupations habituelles, matérielles bien souvent.
Au sein du désert du Hoggart, elle marche, blanchie par la chaleur, lavée par un paysage originel, qui lui semble la décrasser.
Le sable jaune forme une pellicule sèche sous ses pieds, et lorsqu’elle retire ses chaussures elle se complait à le farfouiller de ses orteils. Il est doux au toucher, et s’accroche à la sueur dégagée, dessinant des ridules dorées sur la peau veinée, carte peinte de la suite de son cheminement, glissement de grains s’affinant au fil de ses gestes au cours de la soirée.
Les roches volcaniques, métamorphiques s’élèvent tout autour d’elle. Durant les longues marches elle s’emplit du silence de la terre, et retrouve en elle l’envie de l’aventure, de l’ouverture. La sécheresse des lieux rend chaque respiration palpable, la soif des êtres oblige au partage de l’eau, du thé.
C’est à l’ombre d’une cahute, un simple mur de torchis, que lui est revenue la force d’affronter une routine aimable, de libérer et générer des émotions, de réorienter sa vie peut-être.
Elle est subjuguée par la force de cette femme, découverte au cœur d’un territoire de rien, petite vie imperceptible dans l’environnement sévère, petite femme dénuée de tout bien matériel, offrant sa natte tressée de feuilles de palmier dattier pour s’assoir, son mur pour s’abriter de l’astre rayonnant, et sa théière en métal argenté où l’eau bout à petits bouillons.
Le partage ne peut être de mots, mais son sourire vaillant enveloppe d’un regard amusé ces randonneurs qui tentent de ramener sous eux leurs jambes, afin de ne pas encombrer le seuil de son gite.
L’hôte offre dans son geste de partage, la transmission d’un rite, d’une cérémonie à travers ce verre de thé, elle rassasie l’autre, lui offre la vie, vie si vite perdue dans ce paysage déshydratant.
Notre randonneuse est exaltée par la rencontre, la puissance de ce don, de ce partage. La question du tout et du rien, avoir tout et vouloir encore, n’avoir rien et tout donner. Elle ne sait que faire de ce ressenti, il lui faudra bien revenir à son propre tout, mais elle empoche cette expérience comme une ressource à sa fatigue viscérale.
Aux portes du désert, un olivier s’épanouit, incongru dans ce paysage rocheux, mais ouvrant déjà la porte à la douceur des ressentis, à l’apaisement de son embrasement intérieur. Il est comme un symbole, celui de la vie au milieu de son cataclysme interne.
Dans sa peau frémit encore les sons inaudibles émis par ces êtres du désert, quand le voyage la ramène au port. Au port mais peut-être pas à bon port. Le tumulte de la ville l’effraie, les bruits l’assourdissent, la cohue l’exaspère. Pourquoi, vers quoi tant de hâte ? Poursuite d’un temps sitôt perdu, hâte d’une plénitude qui ne peut l’envahir là.
Le voyage doit se poursuivre pour prolonger le renouveau, pour offrir aux germes ensablés de son âme une terre d’éveil.
C’est auprès d’une cascade qu’elle comprendra ses désirs paradoxaux dans l’écoulement de sa vie. Le glissement de l’eau sur sa peau, le tintement des gouttes sur les roches environnantes sont une longue chanson à son oreille. Revenue à la source, elle n’a plus froid, elle n’a plus soif, les ombres du soir tombant glissent sur elle sans qu’elle s’en inquiète. Elle tient sa vie entre ses mains.
Jean-Philippe Defer
Voyage au cœur de soi
Pourquoi avoir quitté ou plutôt abandonné la vallée secrète de l'enfance où je fus conçu et aimé ? De cette terre d'argile et de limon sur laquelle je fis mes premiers pas, je suis parvenu à m'extraire. A chaque étape au cours de mon échappée, je suis retourné en pensées fouler l'herbe verte de ses prés paisibles, tendre l'oreille au battement rassurant de son clocher, tourner autour des tilleuls de sa cour d'école, sillonner chaque sente menant à ses bois profonds dont j'avais percé les mystères. J'emportais alors plus de visages, de prénoms, de fermes, de maisons, d'images, de souvenirs que ne pouvait en contenir mon maigre baluchon. Avais-je fui ou étais-je poussé par les bouffées d'un désir irrépressible d'inconnu, d'aventure, de rencontres ? Oui, aujourd'hui je peux l'avouer, c'est à pieds joints que j'ai franchi d'un bond la frontière invisible entre cet oasis originel et le vaste monde. Je n'étais pas à ce moment-là en mesure de réaliser que désormais partout et en tous temps, je chercherai indéfiniment à recouvrer ce que je venais de déserter. Touché par le magnétisme d'une minuscule étoile qui illuminait les ciels de mes nuits sans sommeil, j'ai pris à cet instant-là le risque de me mettre en marche sans savoir où j'allais.
Tout en cheminant, je me nourrissais avec appétit de la manne vivifiante qu'une littérature sensible et romanesque offrait à tout esprit idéaliste et romantique. J'abreuvais mon inculte jeunesse de la chair des mots des penseurs, j'emplissais mon corps et mon esprit si avides de savoir, de beauté, de fiction et de poésie. Aux soirs tombants, bras tendus vers le couchant, j'étanchais une soif singulière en recueillant précautionneusement aux creux de mes paumes jointes de fines gouttelettes de spiritualité perlant aux franges des nuages. Souvent, je titubais, je me sentais à moitié ivre, un violent sentiment de liberté conquise me grisait. Rien ne me semblait impossible, mon corps brûlait de désirs nouveaux, j'avais hâte d'arriver à bon port.
Résolument tourné vers des lendemains prometteurs, je croyais détenir le pouvoir de dessiner seul le tracé rêvé de ma fortune. C'est dans cet état d'esprit mêlé d'excitation, de naïveté et de solitude contrainte que j'abordais les confins d'une région intensément tourmentée. Je restais longuement interdit devant des explosions de magma incandescent, des panaches de pierres en fusion, des coulées de lave… Ici et là, des cratères en activité à perte de vue entraient en éruption sans prévenir, puis redevenaient soudainement calmes. Je devinais qu'il me fallait parvenir à traverser cette fournaise si je ne voulais pas que ma course s'arrêta brusquement à la première épreuve. Ma chère étoile avait disparu, des nuées ardentes bouchaient l'horizon. Longtemps, j'errais grimpant des parois fumantes, dévalant des montagnes de cendres, suffocant aux jets de gaz soufrés, aux vapeurs toxiques, sinuant dans un enfer de doutes, d'incertitude, de flamboiements incontrôlés. Comme si l'effervescence volcanique ne suffisait pas, je souffrais en même temps d'une cruelle fièvre intérieure. J'appris au cours des jours qui suivirent que la volonté était ce que je possédais de plus sacré. Ce désert de feu et de mort ne fit qu'attiser ma soif de vivre. Je fus surpris d'être capable par moment de faire preuve d'un courage insoupçonné qui me permit de ne pas céder à la tentation du renoncement. Je parvins, je ne sais comment, à sauvegarder en moi intacte l'étincelle de vie qui repoussait toute obscurité.
Un matin, à l'aube, arrivé au bout de ces terres brûlées, debout sur le flanc d'un haut volcan en sommeil, j'aperçus par delà la silhouette d'une forêt imposante et dense, le fin ruban argenté d'une rivière. Était-ce l'heureux présage que j'attendais ? La rivière de l'apaisement, de la tendre consolation, de la douceur de vivre, d'un éden à atteindre ? Au croisement des possibles, au pied des premiers arbres, je me retrouvais face à un enchevêtrement de voies, de pistes, de sentiers tous aussi prometteurs. Je me devais de décider au seuil de ce labyrinthe par quel chemin je m'engagerai pour gagner l'autre flanc du massif. N'y avait-il qu'une unique solution ? Pourrais-je faire appel à mon instinct, à ma toute jeune expérience ou devrais-je m'en remettre en fin de compte au couperet du hasard ? J'attendis la nuit pour interroger le firmament, mon étoile m'y attendait, elle me fit signe.
Au petit matin, après avoir repris quelques forces, j'entrai avec vertige et appréhension sous la haute voûte de ce qui me parut être un sanctuaire végétal dressé par des esprits païens vouant un culte à la nature primitive. Je fus d'abord saisi par le silence habité qui régnait en cette pénombre sacrée. Une puissante odeur d'humidité, de décomposition et de champignons montait du sol. Le bruit de chacun de mes pas dans le sous-bois se répercutait en écho sur l'écorce veinée des sombres piliers recouverts de mousse et de lichens. Je sentais autour de moi le souffle d'une immense respiration. Parfois, le sentier se resserrait brusquement comme s'il allait se dissiper dans tout ce vert. Je me voyais déjà butant sur une impasse, un cul-de-sac obstrué par des montagnes de ronces, de lierre, de lianes partant à l'assaut d'un fouillis inextricable d'arbres morts. Au bout de quelques pas, contre toute attente, il s'élargissait de nouveau. Par endroits, des rais de lumière diffuse perçant l'épais feuillage des houppiers semblait m'indiquer une direction. Mal m'en prit en les suivant, car à la fin du jour, fatigué de cette marche difficile, j'aboutis à une modeste cabane posée au bord d'un marais. Près d'un feu de camp qui me parut comme un havre lumineux au cœur de la nuit, une jeune femme aux longs cheveux noirs était assise. A l'instant où j'approchais, l'éclair de son regard me toucha. Sans qu'elle prononçât aucune parole, comme envoûté, je vins docilement m'asseoir à ses côtés. Elle me fit boire aussitôt un philtre qui anéantit instantanément la marche du temps enchaînant ma chère volonté à la sienne.
Je ne sais combien de mois ou d'années, je restais là assis, sans forces, engourdi par des sentiments confus qui étourdissaient mon esprit et engourdissaient tout mon corps. Un enfant qui me ressemblait naquit un jour de cette union. C'était une fille, joyeuse, indépendante, intrépide qui devint rapidement mon double, s'attachant au fil des jours à chacun de mes pas. En grandissant, je lui confiais une belle part du peu que je possédais et lui offris en prime une affection sans borne. Un jour d'automne, alors que les effets du sortilège avaient fini par s'estomper, je décidais de m'en aller. A la nuit tombée, profitant de l'obscurité, je me faufilais seul à travers une large étendue de roseaux bruissants.
Affaibli, découragé, plus d'une fois au cours de mon évasion, je faillis périr noyé dans d'immondes eaux vertes sans fond ou englouti sous d'épaisses couches de fange visqueuse. Une fois encore, par-dessus le vaste marais, au travers des brumes stagnantes, j'entrevis le scintillement serein de mon astre complice. Je cheminais longtemps solitaire, rongé par le remords, désemparé. La tentation de rebrousser chemin me taraudait. Je dus me perdre bien souvent, tournant en rond pendant des jours ou m'égarant dans des fourrés d'épineux sans issue. Je ne savais plus pourquoi je marchais. J'avais perdu pied dans ma propre vie.
A la fin d'un jour de printemps, n'y tenant plus, je grimpais au sommet d'un hêtre majestueux pour tenter de me repérer au milieu de cette immensité végétale. La journée avait été chaude et ensoleillée, les premiers bourgeons s'étaient ouverts. Je demeurais un long moment à califourchon sur une branche à contempler l'horizon. La forêt s'étalait encore loin vers l'ouest. Je repensais avec émoi au reflet d'argent de cette rivière de la tendre consolation que j'avais entrevue un instant. Avait-elle été enfantée par mon imagination ? Et ma bonne étoile ? Étais-je si certain de ses vertus ? Viendrait-elle me guider ? Le chemin serait encore long. J'étais loin d'arriver. Y parviendrais-je un jour ? Je l'espérais. Dans la douceur du soir, mes pensées s'envolèrent.
Carte intérieure :
La tendre vallée de l'enfance, la genèse, le socle originel,
Le temps de l'initiation et de l'apprentissage, le chemin de tous les rêves
La descente aux enfers, l'épreuve du feu et des doutes
La croisée des chemins, le sceau du destin
Le marécage de l'égarement, l'amour en cage
La forêt enchantée, la traversée symbolique
La rivière de la délivrance
Françoise Waezelinck
Un goût de cendres dans la terre
Vulcania habite un très joli petit village, paisible, aux maisons similaires, comme les jardins aux grappes colorées, et les civilités bien ancrées dans les apparences et le silence nécessaire à la préservation sociale des familles et de leurs représentants. Les angles droits gomment le flot des émotions, altèrent les souvenirs, négocient quelques échanges avec la deuxième génération, pas avec la troisième, déjà enfermée dans les maisons du retrait de la vie, où la seule occupation artistique consiste à éplucher des légumes, et les échanges interactionnels limités aux soignants désabusés.
Dans le village, les plantes sont fertiles, magnifiques, les habitants généreux et des enfants naissent régulièrement. Vulcania a trois enfants, qui grandissent précocement, comme si les cendres enfouies fertilisaient les semences des hommes. Les centres commerciaux croissent à la même vitesse, suggérant dans leurs publicités les trésors de la consommation obligatoire. Les jardins s’enorgueillissent des mêmes jeux en plastique pour enfants, mais les piscines gorgées de soleil, au bleu transfiguré par la lumière napolitaine apportent un peu de répit quand la chaleur accable les corps et les esprits. Vulcania est tellement heureuse dans son paradis, relookée par le logiciel de Kim Kardashian qui la magnifie en filtrant ses défauts, offrant à ses pairs son apparence parfaite.
Elle s’étonne, comme ses voisins, des cendres qui remontent régulièrement, avec entêtement, comme si elles voulaient participer à cet eldorado construit sur les flancs d’un volcan d’apparence paisible. Afin d’exhumer ce qui se profile, des équipes d’archéologues creusent jusqu’à six mètres de profondeurs, laissant une ligne de maisons au bord du gouffre. D’anciens habitants, aux postures moins paisibles, apparaissent, figés dans leurs occupations traditionnelles par la lave du volcan. Une autre modernité témoigne de l’organisation sociale, de la richesse des demeures, de leurs décorations élégantes, des boutiques, des symboles sur les maisons, des hangars à bateaux, d’un confort insoupçonné et d’une abondance architecturale laissant émerger les règles de la joie de la vie collective et les pièces réservées à l’intimité. Vulcania découvre les fresques somptueuses et leurs riches couleurs, l’organisation hiérarchique de la cité. Elle s’extasie devant la femme-déesse portant la corne d’abondance souriant à son ami captivé par son aptitude à semer les grains d’éternité, à parsemer la terre des fleurs d’amour captées dans le ciel aux myriades d’étoiles étincelantes. Un modèle enchanté s’offre à ses yeux, évoquant la joie semée dans les relations humaines tissées à chaque rencontre, dans un vertige éblouissant de richesses consenties.
Elle découvre alors ses ancêtres brûlés, tendant leurs bras vers un improbable sauveteur, noircis par la lave et les cendres. Elle descend le chemin qui mène de son village à la baie de Naples, et, méditant assise face à la mer salvatrice, elle pleure la mort et le tragique destin des générations oubliées, enfouies dans le cercueil brûlant de la lave, sans le moindre rituel, sans récit mémoriel, sans fructification de leur patrimoine, parce que le paradis s’était posé au mauvais endroit. Ses sanglots amers rejoindront les fleuves de larmes de ceux qui perdent des êtres chers, inconscients de l’irruption brutale des flots de malheurs dans leurs vies quotidiennes. Les hommes avides de territoires et de richesses à conquérir en pétrissent le lit et en périssent, méconnaissant la grâce de courir sur les braises incandescentes. Un goût de cendres sur les lèvres et d’acidité sur la langue a transformé sa quête de bonheur exotique, effacé la géométrie euclidienne qui préside aux constructions de maisons et de temples, de tours qui ne rejoindront jamais le ciel.
Sur les conseils d’Italo Calvino, elle réside désormais dans une cabane perchée dans les arbres et arpente le labyrinthe des forêts en chantant avec les oiseaux, elle a choisi la famille des rouges-gorges si curieux des mœurs humaines.
Annick Serci
Une errance
Floc ! Il fallait bien tomber quelque part, sur une de ces planètes qui tourbillonnaient entre elles sans jamais se heurter. Le pur hasard choisit la planète Terre. Terre ? Je tombais dans l’eau, une eau tiède, un petit lac du côté de l’Equateur, 37 °, la température qu’il me fallait à ce moment-là. Comment le nommer ? Le lac de la réception ? Un peu prosaïque. Comme rien n’existait encore vraiment, ce fut le lac des espérances. J’y flottais quelque temps. Je m’y reposais, puis appris à en sortir en rampant. Il y avait des animaux de toute sorte, mais aucun fait comme moi, bien que je sois encore à 4 pattes. Il n’y avait aucune raison de bouger et je restais tranquillement à dormir, manger… Je repérais ce qui était bon, j’essayais l’herbe, le lait, les fruits. Le lac des espérances devint le lac des félicités. Les jours passaient et j’observais curieusement que je me transformais. J’appris à marcher et me retrouvais sur deux pattes. Je ne savais ni ne pouvais voler, nager ou sauter de branches en branches. J’appris à mettre un pied devant l’autre, j’appris la lenteur. Il n’y avait toujours personne de semblable à moi.
Un jour, j’ai eu un nouveau sentiment : la curiosité, l’envie d’aller voir au-delà de ces espérances, espérances, oui, mais de quoi ? Je sentis qu’il fallait prendre un des chemins qui se trouvaient là. Mais lequel ? Certains caillouteux, certains bouchés par des épines. Certains dégagés, et même tentants. Les épines m’empêchaient d’avancer, mais la facilité d’une belle route balisée éveillait chez moi une grande méfiance. Un joli petit chemin qui s’élevait au-dessus du lac m’attirait. Je pris donc celui-là, le chemin de l’aube. Les dés étaient jetés. Je me mis à découvrir le monde, des fleurs partout, des oiseaux, des chevreuils. Et puis j’entendis des bruits bizarres, et je rencontrais des animaux bizarres : ils étaient comme moi, à marcher sur deux pattes, mais bien plus grands que moi, et ils se racontaient des choses. Je découvris ceux qu’on appelle humains. Ils s’attroupèrent vite autour de moi, continuant à émettre des sons en me regardant. Un humain à la voix douce fit taire les autres, me prit dans ses bras m’emmena dans ce qui était une maison, comme ils disaient. Comment appeler cet endroit . Le village des bienfaiteurs ? Le village de la bonté, de l’amour, de l’hospitalité, du bonheur ? Rien ne me satisfaisait. Parce que c’était cela, mais aussi de la méchanceté, et du malheur, et de la solitude. Peut-être le village des brumes, des nuages, tout est indéfini comme dans la brume, tout passe comme le nuage.
J’avais quand même trouvé un port et j’y restais longtemps à apprendre l’humaine condition.
Jusqu’au jour où, parti en forêt chercher du bois, j’entendis de nouveau des bruits bizarres, comme des explosions. Je revins en courant ; il n’y avait plus de village. Le village du bonheur devint le village des larmes et c’était la guerre. Le chemin qui s’ouvrait devant moi ne pouvait être que celui de l’exil. Etais-je tombée sur la bonne planète ? Mais j’étais là et la question était vaine. Il fallait avancer. Non, il ne fallait pas, j’aurais pu rebrousser chemin, mais les eaux si délicieuses qui m’avaient un jour accueillie me paraissaient maintenant dénuées de tout attrait. Et existaient-elles encore ? Donc, marcher, marcher. Il fallait une obstination dont je n’avais d’ailleurs aucune conscience.
A la fin de la journée, je découvris devant moi un pont. Celui des soupirs, sûrement. J’allais pourvoir m’asseoir, me reposer, et, bien sûr, enfin soupirer sur mon sort. Etait-ce une bonne idée ? Je m’endormis et me réveillais dans une prairie fleurie, submergée de questions champ fleuri ou jeu des questions ? Mais qu’est-ce que je faisais là ? Prairie des dangers, le ravin de la désespérance n’était pas loin. Je pouvais marcher, marcher, où tout cela menait-il ? Les endroits où je passais se détruisaient eu fur et à mesure. Rien n’avait plus de sens, mais rien n’en avait jamais eu non plus. J’étais venue par hasard et disparaîtrais par hasard…
Je commençais pourtant, au milieu des mes sombres réflexions, à de nouveau entendre des bruits divers, jamais perçus. J’ouvrais les yeux, je n’étais plus dans ce lieu ingrat où je pensais m’être arrêtée, que j’aurais pu appeler la Fontaine tarie, mais je me retrouvais ahurie, en pyjama, au milieu d’une place de marché.
Anne Vaujour
Combat intérieur.
Décalée, dès sa naissance fut une enfant joyeuse et débrouillarde, déjà dotée d’un fort caractère.
Telle une bonne fée bienveillante, je me penchais sur son berceau pour l’accompagner dans son voyage initiatique et c’est donc au milieu d’un nuage de fumée que je fis sa connaissance.
Je m’appelle cigarette.
En grandissant, Décalée refusa ma présence et mon soutien. Elle me fuyait et quand je m’approchais un peu trop près, me rejetait. Elle préféra traverser seule sa forêt de l’indépendance et de l’épanouissement. Sans repère précis sur son avenir quand tous les arbres se ressemblaient . Pendant ce temps, je patientais. Je savais qu’un jour, elle aurait besoin de moi.
Alors que ses compagnons de voyage gravissaient la montagne des défis et ne me quittaient plus, elle sortait de sa forêt et toujours très éloignée de moi traversait le lac des soupirs, parfois dans un état de mal-être et je m’interrogeais. Était-elle timide ou rebelle ? Je me fis de plus en plus présente et insistante auprès d’elle ayant réussi à développer une amitié profonde avec son entourage. Elle résistait et cela m’énervait. Au moment où ses amis me délaissèrent, je lui promis le bonheur, le bien-être, le plaisir, la convivialité si elle m’acceptait. Le mont des merveilles ! Mais surtout la fidélité, lui faisant la promesse de ne jamais l’abandonner.
Surmontant le talus de la peur et du dégoût, dans un ultime effort, elle s’attacha à moi. Très rapidement, nous nous sommes appréciées. Elle me tenait en permanence dans sa main. Plus sa traversée de vie rencontrait des épreuves, plus elle s’accrochait à moi. J’étais devenue son pilier, sa béquille. Je la sentais totalement dépendante de moi et nous étions heureuses ensembles.
Les années passèrent…
Un matin comme tous les matins, je l’attendais avec impatience. Sans aucune raison, elle m’ignora. Du moins en apparence ! Avait-elle fait le bon choix ? Sur son chemin de doutes près du sentier de l’espoir, je restais présente et l’envahissait au quotidien avec un immense brouillard d’incertitudes, me rappelant ainsi à son souvenir. Plus elle se réfugie sur l’île de la souffrance et plus je suis contente, elle reviendra plus vite auprès de moi… Je ne connais pas encore l’issue de son périple, mais je ne me décourage pas…
Je m’appelle Décalée et je viens de quitter avec un immense regret ma meilleure amie Cigarette. Je n’ai pas acquis la certitude de sa toxicité, mais j’espère à tout jamais ne plus avoir envie de la revoir !
François Giol
Ça ne coule pas de source…
Tel un fleuve, il arriva à la source de sa vie…
C’est l’époque où il avançait doucement au fil de l’eau vers la vie… sa vie !
C’est également l’époque où cette vie coulait heureuse et agréable, il pouvait prendre son temps, le temps d’admirer les choses qui l’entouraient.
Et puis, un peu plus loin sur son parcours arriva le début des tourments, des obstacles qu’il fallait affronter.
C’est également l’époque où il commença à être entrainé parfois malgré lui dans les tourbillons de la vie.
Le champ des possibles s’ouvrait à lui, cela lui permis d’aborder différentes possibilités pour se frayer un chemin. Son chemin.
Tel un banc de sable, parfois il échoua, puis emporté par le courant, il arriva aussi à se poser, se reposer pour récupérer.
L’époque adulte fut l’occasion de maîtriser et les courants et les obstacles, c’est l’époque où il apprit tout cela.
Telle l’eau d’un fleuve, et même si sa vie était unique, chaque moment passé disparaissait au fur et à mesure où plus rien n’était pareil, comme les rives de ce fleuve. Mais il fallait continuer, inexorablement continuer.
Continuer certes mais pour aller où ?
Il avait pris conscience que le chemin parcouru était bien plus long que celui qui restait, et bien sûr il y avait beaucoup moins de perspectives, les rives s’éloignaient dur regard.
Il fallait se dépêcher avant la grande traversée..
A l’approche de l’embouchure qui commençait à pointer son nez, parfois il repensait au tout début du parcours, à la source aux différentes escales, aux obstacles, aux bancs de sable. C’était si loin et si proche à la fois.
Alors, cette traversée, comment se passera-t-elle ?
Une simple croisière douce et agréable ou une violente tempête ?
De toute façon, il était dans le bateau, il fallait bien continuer la traversée.
« La vie n’est pas un long fleuve tranquille »
Nita Le Pargneux
Voyage intérieur vers mon île
Quand ai-je réellement pris la mer ?
Je ne sais plus, c’était un de ces soirs de doute et d’épuisement, un de ces moments où tout coûte, où plus rien n’a de sens… Et je ne voulais pas de cette vie-là !
Je sentais qu’il fallait partir, chercher, trouver… Oui, trouver mon île !
La mer m’attendait, calme et profonde, je m’y suis glissée comme on retourne vers la source, j’ai armé mon navire, levé ma voile et écouté le souffle du vent dans les haubans, il était favorable…
La mer des Origines, celle d’avant les mots, me murmurait des fragments d’histoires anciennes, les vagues connaissaient mon nom, elles soulevaient des visages perdus, des promesses non tenues, des âmes à la dérive…
Ma cale regorgeait de souvenirs, des aïeux artistes ou fous ou malades… Je flottais entre deux souffles, celui du passé, celui d’un présent que je ne parvenais pas à dessiner. Que faire de cela ? Comment s’y retrouver ?
Louvoyer, chercher la vague, changer d’amure … jusqu’au non-sens !
Il avait fallu naviguer au plus près dans l’Archipel des Découvertes pour ne pas se noyer, pour trouver la voie.
La Baie des Silences abritait mon port d’attache ; comment ne pas devenir sourd à force de silence, comment ne pas se perdre dans les non-dits, quand on approche la confiance sans jamais la tenir, comment se construire quand le silence se fait mutisme ?
Heureusement, un phare, Mon Phare, m’éclairait, fidèle repère dans le labyrinthe, éclat dans la confusion.
Sans lui, aurais-je pu tenir la barre ?
Il était là ! Souverain, guide dans toutes les tempêtes que j’essuyais, éclairant mon lointain mais surtout éclairant mon coeur.
Le Détroit du Doute recélait des dangers insoupçonnés, le silence et le brouillard engluaient ma coque, je ne distinguais pas d’horizon, pas d’avenir. Il fallait choisir, discerner, créer soi-même une ligne d’horizon, but à atteindre, espoir à nourrir… dans un réel aveugle et sourd.
Mais c’est dans le brouillard qu’on apprend le mieux à regarder !
L’aventure me mena dans les 40èmes Rugissants : il y fallait trouver sa place, prendre de face les vagues scélérates, surmonter les colères, affronter les courants contraires, trembler au ressac ! Qui étais-je alors ? Rien d’autre qu’un océan de contradictions, un tsunami de passion et de rage !
J’empruntais alors une voie étroite, il fallait choisir, encore, toujours… Je cessais de lutter, j’abandonnais les rames de la certitude pour me laisser bercer par flots qui se calmaient. Le vent s’était abattu lui aussi quand j’entrai dans le chenal de la Réconciliation. Il fallait traverser, accepter, s’ouvrir, renoncer parfois. Chaque pas apaisait une cicatrice. L’éclaircie arriva : se trouver, être en accord avec soi-même quand la vie est si riche : courir, nourrir, aimer, être partout à la fois mais fidèle à soi-même ! Devenir sans se perdre !
J’avais lutté longtemps, j’entrevoyais enfin un chemin, choisi, assumé, corps, esprit et âme rassemblés en un tout.
Une forme se dessina alors à l’horizon, une île, douce et immobile, posée sur la mer comme une promesse. Je l’ai reconnue avant de la connaître, avant de la toucher, c’était L’île des Possibles. Le sable y brillait d’une lumière ancienne, le vent y portait un parfum d’enfant. Sous mes pieds, la plage me disait : « Tu peux reposer ton coeur ici ». Dans le lagon, je vis mon reflet mêlé aux âges : l’enfant, la femme, l’ancienne…Le passé et l’avenir s’y mêlaient, s’y dissolvaient comme si tout avait toujours été là, dans le même souffle. Ce fut un nouveau départ...
Mon île
(Voyage intérieur)
Toi, ma douce, ma précieuse,
Mon évidence
Toi, mon immobile et ma mouvance
Ton air est si léger
Ma soif de toi si absolue !
Entre ciel et mer, je flotte,
Me perds et me retrouve…
Sortie de la brume d'un rêve,
Tu jaillis en parfums et couleurs !
Tu m'évades, me transportes…
Ta nudité me trouble,
Toi mon appartenance et mon ailleurs
Jusqu'à l'Éden, la nostalgie
Annie C.
La jungle
- Le grouillement des bestioles au sol, vermines voraces et sans pitié…
Lutter pour survivre et préserver son intégrité.
- Le marigot aux crocodiles, à l’affut du moindre faux-pas…
Si tu sors du rang, tu es mort.
- La perfidie des serpents, fourbes lianes prêtes à vous enlacer, vous étouffer et vous faire taire à jamais…
Quel est ce doute qui s’installe ? Tous les moyens seraient-ils bons pour parvenir à ses fins ?
- Les escadrilles de moustiques qui vous harcèlent, en autant de piques de reproches, de regrets, de remords…
Exaspération et désespérance.
- Les fleurs enivrantes et vénéneuses vous endorment de leurs promesses, vous attirent vers la paresse et les plaisirs d’autant plus savoureux que défendus…
- La canopée, le graal, le soleil, la lumière, la plénitude de l’univers…
- Et les vautours, patients, planent en larges cercles, attendant leur heure…
Voyage astral
- Mars : bravoure-bravache-panache
- Vénus : braise-douceur-foyer
- Lune : lunatique-noctambule-face cachée
- Jupiter : tempête-puissance-colère
- Astéroïde : électron libre-aléatoire-fantasque
- Saturne : sagesse-détermination
- Pluton : oubli-froid-mort
- Terre : paix-repos-enterrement- point final
Carte mentale ? Bail à céder.
Créez votre propre site internet avec Webador