6 octobre 2025

 

Dans les chaos défaits.

 

Mon paysage s'émeut d'un jour qui se lève

dans l'ourlet transparent des feuilles tout juste ouvertes

et les crosses perlées des fougères déployées

 

se trouble d'une naissance secrète,

sans en dire un seul mot,

ni même un seul bruit d'ailes.

 

Mon paysage tient de l'âpre, de l'âpre et du tenace

dans des éboulements et des chaos défaits,

dans les roches foudroyées.

 

Se dressent, maintenant, en arthritiques suppliques

des mains, blanchies d'un lichen âcre,

vers un ciel qui se tait.

 

Mon paysage joue, reflets et faux semblants.

Et surgissent, facétieux, de l'erg rugueux et noir,

les éblouissements d'un sel pur de cristal

amassé dans le creux de fossiles qui s'effritent.

 

Mon paysage est du tendre. Est du tendre, peut-être.

De la mousse que l'on foule dans un air doux et lent,

confiant et mystérieux.

Là où résonne en vibrant un chant silencieux.

 

C'est le détal, soudain, d'un animal

jusqu'alors invisible.

Roux et vif.

L'œil humide de toute l'attente du monde.

 

Mon paysage s'étonne, orné de ses akènes,

de ses bogues éclatées, de ses graines en spirales

de se voir encore, et encore, et toujours,

semé et ressemé, par lui-même engendré.

 

Mon paysage vit et rit, s'extasie.

Et de joie se repaît d'être partie prenante

de ce vivant élan qui l'émeut et le comble,

et règne là.

 

Et qui là, règnera de toute éternité.