T'as de beaux yeux, tu sais...

 

AGRESSIF

Mes yeux, mon pote, vont te scanner,

T’analyser, te disséquer, t’atomiser,

Tu vas en pleurer de douleur

 

PEDANT

Mes yeux, monsieur, sont mon miroir

la perfection pour un mauvais peintre

un monde insondable tant le bleu est profond

un vitrail d’où jaillit une belle lumière

un océan dans lequel les filles perdent pied

 

PRATIQUE

Vous en voulez une greffe

Assurément, vous allez retrouver la vue

Cela va vous changer le monde

 

Le masque social (mai 25)

 

Dis mon bon Siri

Les questions sont précises. Les réponses courtes et factuelles. L’échange en devient stéréotypé. Il fait fi des conventions sociales usuelles, Il en résulte des vérités qui ne veulent pas nécessairement dire sincérité.

Dis mon bon Siri, suis-je beau aujourd’hui ?

Non tu es moins beau qu’hier, tu as plus de cernes, j’ai contrôlé ton sommeil, il a été trop perturbé.

Dis mon bon Siri, suis-je riche aujourd’hui ?

Non tu es moins riche qu’hier, le cours de tes actions à beaucoup diminué et tu as dépensé plus que tu n’as gagné.

Dis mon bon Siri, ai-je beaucoup d’amis ?

Oui beaucoup, ton compte Instagram a gagné plusieurs abonnés.

Dis mon bon Siri, est-ce de vrais amis ?

Je ne sais pas répondre à cette question, vous êtes membres du même réseau social, mais je ne connais pas leurs pensées sauf à dire que leur présence et leur verbiage sont inconstants et inconsistants.

Siri, mets-toi en veille, tu ne me donne pas les bonnes réponses que j’attends.

D’accord, mais pourquoi m’interroges-tu alors ? Je suis là pour donner des réponses.

Janvier 2023

 

Crayon de couleur

D’un naturel grand, mince, beau, coloré, droit comme un i, ma vie s’annonce idyllique mais est trop souvent souffrance.

Dès que l’on me sort de ma belle boite, je subis les outrages de l’usage, du temps, de mains malhabiles, de chutes vertigineuses, de dents incisives, parfois même de bagarres. Souvent, supplice suprême l’on me taille et retaille. Toujours, on finit par m’oublier tout raccourci et rabougri, tout esseulé et cabossé, au fond d’un tiroir. Parfois je finis dans une trousse au milieu de ces étrangers que sont les crayons de bois et leurs mauvaises mines ou ces stylos prétentieux affichant les noms bizarres de leurs sponsors. Le pire étant d’être accompagné de ces stylos plumes prétentieux cachant leurs attributs sous un capuchon.

Heureusement j’ai quelques plaisirs. Le premier c’est de faire des ronds et des ellipses, des barbouillages et des gribouillages. Puis vient le moment où je forme des lettres, des pleins, des déliés. Ou bien je remplis des formes, d’abord maladroitement puis plus posément. Enfin je peux faire des animaux, des visages, des sourires, des fleurs, des objets, prendre vie quoi !

Avec moi, vous pouvez voir la vie en noir, en rose, en jaune, en rouge, en bleu, en vert et bien d’autres couleurs selon que mes humeurs soient sombres ou claires. Avec mes copains, on peut vous dessiner l’arc en ciel, avec ou sans pluie, avec ou sans soleil. Je n’ai pas de limite. Je peux tout faire, je sais tout faire, je suis le crayon de couleur.

Faites-moi vivre sans trop me faire souffrir. Je suis in, je suis LGBTQI, j’en suis fier et personne n’y trouve à redire. Je suis le crayon de couleur.

 

 

janvier 2025

 

 

Souvenirs impressionnistes : la madeleine de Proust

 

Trois notes de musique

Trois notes de musique, cinq peut-être et je vois la lune. Et le soleil. Et les étoiles. En trois notes de musique je suis dans le ciel pour un doux et beau voyage.

Sans le demander à la lune, ces trois notes de musique m’éclairent.
Le soleil ne le sait pas mais ces trois notes de musique me réchau􏰀ent.
Trois notes de musique, j’ai la tête dans les étoiles et le ciel à une tout autre allure. Trois notes de musique c’est une fortune. Sans débourser une tune.
Trois notes de musique c’est une aventure. On peut tout demander à la lune.
Trois notes de musique c’est une évidence. C’est toi et moi.
Trois notes de musique me font toujours sourire. Nous font toujours sourire.

 

 

oct 2024

La page blanche

Je suis entré dans le livre

En tournant les pages

C’est par les mots que surviennent les histoires

 

La page blanche, aurore d’un jour avant le lever du soleil, autorise toutes les audaces.

La page blanche, gouffre d’ignorance, intimide l’auteur. Il est tétanisé, en manque d’idée. Il mâchouille son stylo. Il le repose. Il se lève, fait quelques pas, se rassoit. Il reprend son stylo, le repose à nouveau. Il regarde le plafond ou par la fenêtre pensant y trouver l’inspiration. Son esprit s’éloigne, se perd, revient à lui. Une première idée germe, vite remplacée par une ou plusieurs autres. Enfin il trouve son personnage et son histoire. 

La page blanche, estomac affamé, crie famine. Elle attend un signe. Elle attend des mots, bons ou beaux, des métaphores, des anaphores, des rimes, des litotes et bien plus encore. Elle accepte les couleurs, les sentiments, des hommes ou des femmes, beaux ou moches, gentils ou méchants. Elle veut bien des amours, des ruptures, des rires, des larmes, de la bonté, de la cruauté. Elle accepte les histoires vraies ou inventées, personnelles ou pas, gaies ou tristes. Elle veut bien une chute, attendue ou surprenante.

La page blanche, crie douleur, martyrisée par son maître. Elle accepte la première majuscule, le premier mot, la phrase d’introduction. Le premier paragraphe lui donnera peut-être une idée du sujet. Et puis, plus ou moins vite selon les hésitations de l’auteur, la page se noircit. Elle devra subir les phrases trop longues, les idées sans queue ni tête, les fautes. Elle subira aussi les ratures, les mots dans la marge, les flèches. Pire, elle pourrait endurer le martyr du chiffonnage et de la poubelle pour laisser la place à une page vierge.

La page blanche, mère porteuse, accouche enfin. Elle a réuni ses congénères et ses personnages, a organisé ses chapitres et ses pages, a ménagé son suspense ou a dévoilé son intrigue dès la première phrase. Elle se pare d’un titre permettant de se reconnaitre au milieu des autres écrits.

Les pages blanches, fières comme un paon, se livrent. Se livrent en roman, nouvelle, poésie. Et selon la volonté de l’auteur, iront chatouiller les oreilles de ses collègues de labeur ou resteront cachées au fond d’un cahier. Dans leurs rêves le plus fous, les pages blanches oseront le livre. Elle se présenteront sous leurs plus beaux atours. Une couverture colorée, une quatrième de couverture qui donne envie. 

Les pages blanches, opèrent leur mue, se livrent à une lumière incertaine, souhaitant ne pas finir dans le nuit profonde d’un tiroir.

 

 

novembre 2024

une forte émotion

Le film et l’homme 

L’homme, connu de tous, mort depuis plusieurs années avait une aura d’intouchable. Le film retraçait son engagement, ses combats, sa vie d’homme simple. On en sortait chamboulé, ému.

Et patatras, l’information tombe comme un poids mort dans un étang boueux. Elle fait des vagues. Elle éclabousse tout. Elle salit tout. Le cerveau subit une surtension comme touché par un éclair lors d’un orage brutal. Un goût amer envahit la bouche devenue pâteuse. L’information est confrontée aux images du film et les tue. La pellicule, comme si elle avait subi l’outrage du temps, devient noire, s’effrite et tombe en lambeau. Comme après un malaise, on se sent vidé, épuisé. On se retrouvait chamboulé, trompé.

 

 

Éclats de la joie 

 

 La joie, lorsqu’elle éclate, sort par les yeux, coule sur les joues, efface les rides, blanchi les dents. La joie est aristocrate, néglige les petites peines et de plaisir rougeoie. Mais la joie n’est pas diplomate, elle se moque de la tristesse et la foudroie. La joie ingrate, oublie la nostalgie et la broie. La joie acrobate, fait un pied de nez à la peur, l’avale telle une proie. 

 La joie, sournoise, se carapate rapidement et dans l’abîme des autres sentiments se fourvoie. Alors moissonnez les joies pour en faire des bouquets de bonheur et, pour ne pas les garder pour soi, distribuez les dans la bonne humeur. Néanmoins tenez vous à distance des rabats joie.

  

 

octobre 24

Inventer un album photo

C’est moi, et mon rire tonitruant emplissant la chambre. Un rire émergeant de la couette où je me suis caché avant d’appeler papa et maman. Un rire matinal d’autant plus fort quand je vois la tête de papa ou maman, selon le plus courageux, les yeux mi-clos, obligé d’écourter leur nuit pour un réveil qu’ils jugent trop matinal. Je leur fais un gros câlin pour atténuer la mauvaise humeur.

C’est moi, les yeux pleins d’admiration, je fais un gros câlin à mes parents. Il faut voir leur tête, j’ai dû les réveiller très tôt ce matin, de mon rire tonitruant émergeant de la couette où je me suis caché. J’adore les mettre en pétard pour les avoir plus proche de moi. Mais ils adorent comme le prouve l’un de ces nombreux selfies.

C’est moi, noble chevalier de l’équipe des rouges. Faisant beaucoup plus que mon âge, je suis capable de battre les chevaliers bleus. Fort de ma cape colorée et de mon épée, protégé par mon casque et mon bouclier, je vais les terrasser. Pourvu qu’ils n’aient pas mal lorsqu’ils vont tomber.

C’est moi, sur un beau cheval blanc, noble chevalier de l’équipe des rouges. Faisant beaucoup plus que mon âge, je vais de battre les chevaliers bleus. Fort de ma cape colorée et de mon épée, protégé par mon casque et mon bouclier, je vais les terrasser. Le filet de poussière derrière mon destrier couvre mon bel habit rouge.

C’est moi, vingt, trente, quarante mètres devant papou et mamou. En train de courir à gorge déployée. C’est trop drôle de les entendre crier attend, ne vas pas trop loin, attend nous. Et de les voir se mettre à courir comme moi. C’est sûr, je vais encore gagner.

C’est moi, un sourire large comme le trottoir, courant vingt, trente, quarante mètres devant papou et mamou. A leur bouche grande ouverte, je les entends crier attend, ne vas pas trop loin, attend nous. Je les vois aussi se mettre à courir comme moi. C’est sûr, je vais encore gagner.

 

Votre idéal : je serais

En 2158, pour ma treizième réincarnation, je serais un angenoïde. Un ange doté de l’IB. IB pour Intelligence Bionique, beaucoup plus évoluée que l’IA. Un angenoïde doté de pouvoirs extraordinaires chargé d’accompagner un Humanoïde tout au long de sa vie. Un ange nouvelle génération capable d’intervenir directement dans le cervoïde du protégé pour le guider, éviter qu’il ne se comporte trop en droïde. L’aider à être bienveillant vis-à-vis de son prochain, l’écouter, le protéger, éviter qu’il soit stupide ou ait des pensées tuericides. Le tenir loin des opioïdes. L’aider à décrypter l’infonumérique diffusée en continu sur les tabloïds. Par contre ma programmation m’interdira d’intervenir sur les capacités neuronales ou les relations virtuamoureuses du protégé

27 septembre 2021

 

LE TEMPS

 

Après avoir couru après le temps

Je prends enfin du temps

Pour parler du temps

Maintenant que j’ai le temps

Je vais jouer avec le temps

 

Pour avoir du temps pour soi

A passer tranquillement chez soi

Pour prendre du temps aux amis

Leur rappeler que l’on a bien ri

Pour donner du temps aux autres

Les aider avec ses capacités autres

Pour passer du temps avec la famille

Et voir leurs yeux qui pétillent

 

Ce temps ne sera pas perdu

Le temps sera juste rendu

Ce temp ne sera pas oublié

Le temps sera tout restitué

Le temps sera encore joué

2022

Madeleine de Proust

 

Trois clémentines

Autant que je me souvienne, il y en avait trois. Toujours trois. Seulement trois mais avec un sachet de chocolat. Des crottes disait-on.

Autant que je me souvienne, elles avaient une peau fraiche comme si elles avaient été aspergées par la rosée du matin. J’en mangeais, au dessert, une par jour pour faire durer le plaisir. Facilement épluchée, il était plus drôle d’aligner la dizaine de petits quartiers sur la table, puis de les porter après avoir choisi la cible, un par un, à la bouche. De presser délicatement entre la langue et le palais, en obtenir le jus légèrement acidulé, le retenir avant de le laisser filer vers l’estomac. Et puis enfin avaler la pulpe. Et recommencer avec le quartier suivant.

Autant que je me souvienne, j’étais heureux de recevoir ce cadeau, conscient que les parents faisaient le maximum pour marquer ce jour spécial. La question ne se posait pas d’en avoir plus car je me doutais qu’ils y mettaient tout leur amour dans ces présents colorés. C’étaient les rois mages. C’était jour de fête.

Parfois, j’ai envie de retrouver cette simplicité de noël, sans tous ces emballages encombrant le carrelage après ouverture et ces cadeaux à foison, alors qu’ils sont fabriqués à l’autre bout du monde par des petites mains exploitées. Sans tous ces paquets éphémères qui peuvent faire plus plaisir à celui qui les offre qu’à celui qui les reçoit.

Parfois, j’ai envie de retrouver en bouche le goût de ce délice alors que le jus est déjà dans l’estomac. De retrouver l’odeur parfumée du fruit sur le bout des doigts. De se souvenir de ces moments qui appartiennent à l’enfance.

Parfois, j’ai envie de retrouver ces trois clémentines. Cela suffirait à mon bonheur. Pourvu qu’elles soient bien fraiches.

 

Nouvelle Janvier 2022

 

La boussole d’HEVI

 

Tout comme sa boussole, à 30 ans HEVI avait l’impression d’avoir tout vécu. Tout au sud de son nouveau pays d’adoption, il venait de retrouver le nord. Même avec une boussole cassée, il venait de retrouver un point d’ancrage, un endroit apaisé, dans cette chambre que les pompiers venaient de lui mettre à disposition.

Il venait d’y poser son maigre sac, trimballé depuis 24 mois au cœur de plusieurs pays de l’Europe du sud, avec un contenu qui se réduisait à un pantalon troué, un teeshirt élimé, deux photos écornés de ses parents et de sa sœur, un coran précautionneusement emballé comme si c’était sa plus grande richesse, un ciré de pluie qui avait certainement été bleu, une paire de basket Nike dont l’une sans lacet, une gourde, une couverture de survie, un verre en plastique, une cuillère, une fourchette et un couteau en bois. Pas tout à fait l’équipement d’un grand randonneur. Seule sa boussole était dans sa poche afin qu’il puisse la toucher dès que le stress ou les mauvais souvenirs affluaient. Elle avait subi durement le voyage, elle n’avait plus que le nom de boussole. 

Cette chambre située en annexe de la caserne, habituellement réservée aux stagiaires étrangers à la commune, était équipée d’un véritable trésor qu’il n’avait pas connu depuis deux ans. Un lit d’une personne équipé d’un simple matelas sur lequel avait été po une paire de draps, un oreiller et une fine couverture rouge, une table en formica marron entourée de deux chaises de la même couleur, un petit frigo et un micro-onde constituaient l’équipement minimum à un célibataire rentrant chez ses parents chaque week-end.  Un placard contenait un peu de vaisselle, un paquet de pâtes, du riz, de la farine, trois boites de conserve, quelques céréales pour le petit déjeuner, une bouteille de lait, l’ensemble apporté par l’épouse du commandant de la caserne.

HEVI venait d’être accompagné par le pompier qui avait eu l’idée de ce palace. Il était planté là, debout depuis 10 minutes, n’osant faire un pas de plus, touchant la boussole au fond de sa poche, au milieu de cette unique pièce, hormis la salle d’eau, fermée par un rideau, présente derrière la cloison. Les larmes aux yeux, il revivait son parcours et les étapes qui l’avaient amené ici.

HEVI, un mètre soixante-quinze, soixante kilos après les dix perdus au cours de son périple, un teint buriné alors qu’il était simplement bronzé avant de partir, une chevelure clairsemée qui faisait oublier qu’il avait eu des beaux cheveux noirs et touffus, un sourire qu’il cachait depuis qu’il avait perdu deux dents, des joues creusées par la perte de poids dont l’une barrée d’une petite cicatrice en dessous de l’œil gauche, des yeux sombres plus noirs qu’à son départ, un front parcouru par des rides survenus avec leurs sillons. Ses parents et sa sœur auraient eu du mal à le reconnaître si ce n’est cet optimisme et cet éclair de bienveillance qu’il avait gar et qui étaient présents dans son regard même s’il était devenu plus sombre.

Qu’avaient pu devenir ses parents depuis qu’il avait été obligé de fuir ? Etaient-ils encore en vie, en bonne santé, habitaient-ils encore au même endroit ? Est-ce qu’ils lui en voulaient de les avoir mis en danger au nom de ses principes ? Est-ce que son périple l’avait envoyé dans la bonne direction. Est-ce que ses décisions lui avait permis de garder le bon sens. Avait-il suivi le bon cap ?

Il se souvenait ainsi du meilleur, ou ce qu’il pensait être le meilleur.

D’une vie confortable, entourée de ses parents, de sa sœur, de quelques amis dans la banlieue de Mossoul sur le bord de la rivière Tigres à quelques rues de l’Université où il l’enseignait l’histoire. Ses parents, commerçants aisés, avaient pu lui faire bénéficier d’une éducation de qualité et d’une vie plutôt protégée des soubresauts du pays. Soubresauts plus importants dans sa région, régulièrement en conflit avec le pouvoir central, à la recherche constante de ses racines et de son autonomie.

Sa formation en histoire lui avait permis de prendre conscience de l’importance des origines ethniques, des religions, des guerres dans ce qui constituait les luttes d’influence touchant sa région. Sa position de professeur d’histoire, depuis l’âge de 24 ans, lui permettait de faire passer des messages à ses jeunes étudiants. Il ne cessait de prôner la tolérance, l’ouverture d’esprit, l’enrichissement au contact des autres et à plus forte raison lorsqu’ils étaient différents.

Majoritairement sunnites comme la population, ses étudiants, à quelques exceptions près, montraient une bonne capacité à accepter la diversité religieuse et la diversité des origines ethniques. Ainsi les quelques élèves chrétiens de ses cours ou les quelques étudiants d’origine non kurde étaient intégrés.

C’était selon lui ce qu’il considérait comme le meilleur dans une région sacrément bousculée depuis de nombreux siècles avec les différentes invasions, partitions, guerres, tout cela se finissant toujours mal pour les plus faibles et les minorités.

HEVI conscient de la fragilité de cette situation n’avait de cesse de profiter de ses cours et de sa position respectée pour insister sur la nécessité du bien vivre ensemble. En effet, au fil de l’Histoire combien d’hommes s’étaient haïs, battus, entretués, pour des morceaux de territoires, des différences religieuses, des couleurs de peau pour qu’au final les hommes soient plus forts que les frontières, les religions, les coutumes. Tout cela sous l’injonction de décideurs bien à l’abri dans leurs palais dorés, loin des gens pauvres et faibles abusés par les discours ambiants.

Pour autant HEVI était conscient que la pression chiite faisait son œuvre tel un filet d’eau souterrain que l’on ne voit pas mais que l’on devine par les traces de fraicheur en surface. Cela se traduisait par des détails vestimentaires, des barbes plus longues, des conciliabules qui s’interrompaient lorsqu’il s’approchait de certains petits groupes. HEVI avait néanmoins remarqué que dans ces groupes il n’y avait jamais de chrétien et jamais de fille.

Aussi il ne fût pas surpris lorsque NEFEL, l’un de ses étudiants chrétiens, fut pris à partie et traité de mécréant. Sans connaître véritablement l’origine du différent, HEVI fit son possible pour calmer les esprits des trublions et la vie continua avec un semblant de tranquilité.

Tel un volcan endormi se réveillant brusquement, le retour des vacances d’été fut le démarrage de harcèlement à l’encontre de NEFEL. Les étudiants les plus radicaux lui reprochait d’être trop en compagnie des filles. NEFEL était maintenant régulièrement chahuté, bousculé, pris à partie dès qu’il prenait la parole en amphi. Bien qu’HEVI lui conseilla de faire profil bas, d’être plus subtil que ses détracteurs, NEFEL continua à défendre sa liberté et ses principes. Surtout sa liberté.

Telles les secousses sismiques, les choses devinrent incontrôlables lorsque NEFEL fut aperçu avec l’une des filles, manifestement dans une proximité qui ne convenait pas aux plus radicaux. NEFEL n’eut d’autre solution que de se réfugier à l’université dans le bureau d’HEVI pour échapper à un passage à tabac. HEVI réussi une fois de plus à calmer les esprits.

Hélas, la coulée de lave devient violence et repris de plus belle. Il faut avouer que NEFEL, pour de bonnes raisons mais pas dans le bon contexte était régulièrement et trop facilement dans la provocation.

Tout explosa lorsqu’un mot doux de NEFEL à l’intention de sa meilleure amie fut intercepté. NEFEL, mis au courant de cette mésaventure et des recherches effectuées par les plus virulents, se cacha jusqu’au point d’être découvert.

HEVI le recueillit chez lui mais du coup devint la cible des plus irascibles. Sa position de professeur respecté n’était pas suffisante. D’autant plus qu’on lui reprochait, bien qu’il s’en défende, sa trop grande proximité avec les chrétiens. Cela devint intenable lorsqu’une bande armée vint frapper à sa porte en pleine nuit. Après avoir ramassé quelques affaires, ils durent fuir tous les deux, certains qu’ils empruntaient une voie sans retour. Ils eurent juste le temps de passer chez les parents d’HEVI pour prendre un peu d’argent, quelques affaires et les prévenir de leur départ précipité. HEVI en profita pour récupérer la boussole que ses parents lui avaient offert à sa majorité. Ils prirent la veille voiture de son père en direction de la frontière turque distante d’une centaine de kilomètres. Ils passèrent la frontière à l’aube et sans encombre en justifiant leur déplacement, aux gardes-frontières suspicieux, pour rendre visite à un vieil oncle établit à Mardin en Turquie.

Quatre jours d’un voyage fatigant leurs permis de faire les 1 500 kms les séparant d’Izmir, à l’extrémité ouest de la Turquie, sur la côte de la mer Egée. L’objectif était de rentrer en Europe en entrant par la Grèce, au port de Lavrio, pour basculer ensuite en Italie pour enfin rejoindre la France.

Il fallait trouver un bateau pour effectuer les traversées maritimes. Il fallait donc trouver des passeurs, leurs donner beaucoup d’argent sans être sûr ni de pouvoir partir sur le prochain bateau, ni d’arriver à destination, ni tout simplement d’arriver vivant. Cette expérience permit à HEVI de prendre conscience que, là aussi, des hommes, confortablement installés dans des grosses limousines, dormant chez eux chaque soir, sans doute dans des maisons très confortables, profitaient de la détresse d’autres hommes obligés de fuir, que ces hommes soient leurs frères ou leurs ennemis. Ils n’en avaient rien à faire de la politique et de la religion, ils n’avaient ni foi, ni loi. Leur unique loi était celle de l’argent facile, peu importe la couleur des billets, qu’ils soient neufs ou usagés, peu importe que ce soient des dollars, des dinars, des euros ou des objets de valeurs, peu importe qu’ils soient tachés de sueurs ou de sang, les banques acceptaient tout. Leur conscience encaissait tout.

Ce ne fut malheureusement pas le seul endroit où HEVI constata la dérive des Hommes. Deux ans d’errance, la misère des camps de réfugiés, la nécessité de trouver de la nourriture chaque jour, de trouver un endroit pour dormir en sécurité, étaient propice aux plus bas comportements des humains. Il dut aussi subir des bagarres pour les places dans les bateaux, voir des hommes pousser des femmes et des enfants hors des embarcations, des passeurs battre des humains pour les forcer à s’entasser dans des canots peu surs. C’est lors de l’une de ces rixes, pour défendre une femme et ses deux enfants que l’on voulait expulser d’un bateau dans lequel ils avaient pris place, qu’HEVI perdit ses deux dents. Il ne concevait pas que l’on puisse s’en prendre à plus faible que soi. Cela le mettait en révolte. Jusqu’ici non violent, il ne pouvait rester à l’écart du sort de ses congénères d’infortune. Il fallait qu’il aide les personnes en difficulté. Quel qu’en soit le prix. Il recourait au dialogue, même musclé, aussi souvent que possible, mais hélas il fallait parfois recourir aux coups de poing.

Ce fut au cours de ce périple qu’il perdit son protégé. Plus exactement ce fut NEFEL qui se perdit. Il fit fi de ses principes pour ne revendiquer que la liberté, sa liberté, à tout prix. Lui seul comptait. Il voulait sauver sa liberté, mais surtout sa peau. Ainsi leurs chemins se séparèrent lorsque NEFEL se bagarra pour prendre la dernière place d’un canot au départ de Grèce et laissa HEVI sur la plage.

Enfin, après avoir réussi, au bout de trois tentatives, à franchir la frontière italo-française, HEVI mendiait devant la boulangerie d’Allauch depuis maintenant quinze jours. L’endroit était stratégique pour obtenir quelques morceaux de pain, quelques sucreries, quelques pièces, quelques sourires. Ceci le maintenait physiquement et moralement à flot, même s’il devait chaque jour chercher un abri pour dormir.

Le sort lui sourit en fin d’une journée pluvieuse. Il avait installé son sac sous le porche longeant la boulangerie pour y passer la nuit. Il avait passé un bon moment à essayer de réparer sa boussole, en vain. Il cherchait désespérément le sommeil lorsqu’il fut incommodé par des fumées venant de l’arrière-boutique. Il ne comprit ce qui se passait que lorsqu’il aperçut les flammes au travers des carreaux de la porte de service du fournil. Il bondit sur ses pieds pour alerter le boulanger qui dormait à l’étage. Hélas, malgré ses cris, malgré ses jets de cailloux sur les volets, personne ne bougeait. Il en fut réduit à défoncer la porte d’entrée de la boulangerie. Il puisât dans sa peur pour contourner les flammes qui léchaient le bas de l’escalier menant à l’étage et pour trouver sa voie dans le couloir inondé de fumée avant de trouver le boulanger inanimé dans sa chambre. Il mit toutes les forces qui lui restaient pour tirer l’homme inerte, le sortir de la chambre et le trainer dans l’escalier enveloppé d’une chaleur suffocante et enfin atteindre le magasin. Là il put reprendre un peu d’air frais avant d’atteindre la rue et d’alerter un voisin qui prévint les pompiers. Ce dernier l’aida à mettre en sécurité le boulanger.

Le lendemain de cette soirée qui aurait pu être tragique, un pompier d’à peu près son âge, ayant participé au combat contre l’incendie, vint prendre de ses nouvelles et s’assurer de sa situation. Il avait été surpris de le voir s’éloigner discrètement avec un ballot et un sac de couchage. Il venait surtout lui rendre une boussole qu’il avait trou sous le porche. Il tenait d’autant plus à le voir pour lui rendre la boussole qu’il ne comprenait pas le fait qu’elle ait neuf graduations au lieu des huit ou seize ou trente-deux graduations habituelles.

Ils partagèrent, sur le banc de la place, face à la boulangerie, un repas constitué de sandwichs et de tartelettes que le jeune pompier avait pris la précaution de prendre se doutant qu’HEVI était un sans domicile fixe. HEVI, trop comptant de partager, passa deux heures à raconter sa vie, son périple et à expliquer sa boussole. La neuvième graduation permettant aux pratiquants musulmans de retrouver la direction de la Mecque afin qu’ils puissent faire leur prière.

De retour à la caserne le jeune pompier raconta l’histoire et le périple d’HEVI à son commandant, en précisant que hévi signifiait espoir en kurde. Il en profita pour proposer que l’hébergement des stagiaires lui soit mis à disposition.

Enfin ce furent les nombreux articles et reportages dans la presse locale, écrite, radio ou télévisuelle qui permit à HEVI d’obtenir un permis de séjour en récompense de son acte héroïque.

Là dans sa chambre, il se promit de tout faire pour continuer à promouvoir ses idées, à aider son prochain. Peut-être pourrait-il enseigner l’arabe et l’histoire à l’université.

C’était la boussole d’HEVI, la boussole de l’espoir

 novembre 22

Je voudrais rêver

 

Je voudrais rêver
Qu’ils arrêtent de tuer Arrêtez vos canons
Qui remplissent les tombes Arrêtez vos missiles
Qui détruisent les villes Arrêtez vos fusils
Qui tuent les fils
Arrêtez ces militaires
Qui violent les mères Arrêtez ces généraux
Qui se planquent au chaud Arrêtez ces dictateurs
Qui font bien du malheur Arrêtez ces guerres
Qui sont de naguère

 

Je voudrais rêver
D’une société mieux éduquée
Certains se cachent derrière des claviers Pour proférer des insanités
Certains se cachent derrière des voiles Pour réduire à rien les femmes
Certains se cachent derrière les religions Pour admettre des aberrations
Certains se cachent derrière les pouvoirs Pour abuser de leur poids
Certains se cachent derrière les idéologies Pour ne pas réfléchir

 

Certains se cachent derrière les pauvres Pour commettre des maux
Eduquez ces pauvres malheureux
Qui ne sont pas heureux

Je rêve que vous écriviez Ecrivez Ecrivez Ecrivez
A vos amis
Pour leur dire merci

A vos enfants
Pour leur dire que vous les aimez tant A vos pères et mères
Pour leur dire qu’ils sont vos repères Ecrivez vos histoires
Pour les lire le soir
Ecrivez vos rêves
Pour en faire des vers
Ecrivez vos malheurs
Pour ne plus avoir peur
Ecrivez vos souvenirs
Pour les faire revenir
Ecrivez vos angoisses
Pour qu’elles passent
Ecrivez sur les guerres
Pour qu’elles s’arrêtent
Ecrivez sur les travers de la société Pour essayer de la faire avancer

Ecrivez Ecrivez Ecrivez Je rêve que vous écriviez

 

décembre 22

Le miroir  

 

Vous les beaux miroirs

Qui avez horreur du noir

Racontez votre vie

Moche ou Jolie

A toujours regarder
Sans rien répéter

Démasquer les petits tracas

Victimes des coups d’éclats

Parfois heureux
Mais il en faut peu
Parfois triste
Mais c’est la vie
Toujours curieux
Parfois prétentieux
Jamais effacé
Rond ou carré,
Parfois rectangle
Jamais dans les angles

 

Celui qui contrôle l’entrée

Toujours dans l’ombre

Avec son pourtour marron

Il jauge les invités

Autant il snobe
Les hommes
Autant il pétille
Devant les jeunes filles
Mais il ignore les enfants
Qui ne sont pas assez grands

Il repère les impolis

Qui ne font pas la bise

Une fois que les invités

Sont passés à coté
A son grand désespoir
Il est plongé dans le noir

 

Celui qui trône dans le salon

Qui adore afficher
Son pourtour doré
Dont la vie est un tourbillon

En face du canapé en rotin

Il capte tous les potins

Il fait l’indiscret
Pour connaitre les secrets
Il tend ses grandes oreilles
Pour avoir les dernières nouvelles

Au milieu de l’inévitable chahut
Il entend les conciliabules
Au milieu des amis à revoir
Qui ne pensent qu’à boire
Il entend les éclats de rire
Il entend les bons souvenirs

 

 

Celui dans la chambre

Qui parfois se cambre

En affichant sa beauté

Dans une grande psyché

Il peut être lubrique

En étant proche du lit

Régulièrement envieux

De la classe de monsieur

Souvent sous le charme

Des robes de Madame
Il est toujours sensible

Aux personnes bien mises

 

Le tout petit dans les toilettes

Juste à côté de la cuvette

Qui reste de glace
A sa petite place

Dans un petit recoin

L’œil toujours en coin
A regarder les zizis
A entendre les pipis
A écouter les flatulences

C’est la déchéance

Il en a plein le cul

De tous ces trucs

 

Le copain de la salle de bain

Est bien plus malin
Tout a sa fierté
D’être illuminé

Il se cache dans la buée

Pour ne pas être rabroué

Il n’aime pas les cernes

Sur les yeux en berne

Ou plein de mille feux
Il fait des heureuses

Il rend des hommages

Aux beaux maquillages

Il donne des sourires

Aux personnes tristes

 

Vous les beaux miroirs
Pas de faux espoirs
Je vous défie de porter tout jugement

Qui n’ai pas mon agrément
Evitez les mauvais regards
Qui vous conduirait au garage
Si vous ne vous tenez pas à carreau
Je vous remplacerais par des nouveaux

Ou vous vous retrouverez face au mur

Dans une extrême solitude

 

 

Visage lunaire

Un visage blanc, si loin de moi. Quelques taches grises permettent d’y trouver un nez et des joues creusées. Les yeux ne sont ni centrés ni équilibrés. Il n’y a pas de cils côté droit. Le menton est bien rond sous des joues creuses. Le front est large et la tête totalement chauve. Mais où sont passées les oreilles de ce visage trop arrondi.

Ah zut. Je suis vraiment dans la lune.

 

novembre 2023

L’étrangère 

Ni vous ni moi n’avez et n’aurez envie de rencontrer cet étranger. Même si je vous dis que cela peut être une étrangère. Sachez que personnellement je milite pour une belle étrangère. A part quelques exceptions, personne ne m’a indiqué l’avoir rencontré, personne ne m’en a parlé.

En fait et de source sûre, personne n’a envie de la rencontrer cette belle étrangère. Surtout sans savoir si elle est vraiment jolie. Si au moins on était sûr qu’elle soit aimable, cela rendrait la rencontre plus agréable. Il ne manquerait plus qu’elle soit acariâtre et pleine de reproches. Cela gâcherait vraiment le rendez-vous.

Mais comme je n’en connais ni le lieu ni l’heure ni les conditions, je reste optimiste sur cette rencontre. Pour autant belle étrangère, sache que je ne t’ai pas envie de te connaitre, pas encore.

 

novembre 2023

 

Le sentiment amoureux 

 

Il se réveilla avec une impression bizarre. Etais-ce l’excédent d’alcool de la veille. Non Habituellement il s’en sortait mieux que cela. Etais-ce ce rêve dans lequel il s’était retrouvé coincé en haut d’un toboggan. Toboggan perché en haut de la tour Eiffel où il avait passé la soirée.

Les choses lui revenaient maintenant plus ne􏰁ement. Coincé, il était coincé là-haut. Coincé mais aussi indécis et piégé sur la plateforme.

Du côté échelle, une échelle immense, immense mais sans barreau. Et le feu au bas de l’échelle. Du feu et des explosions. Une vraie fournaise. C’était l’état actuel de son couple. Des orages, des cris et des crises, des ruptures, un véritable incendie devenu incontrôlable. Il y entendait les appels au- secours.

Du coté descente, un voluptueux nuage d’où n’émergeait que le début d’un toboggan sans fin. Au loin et au-dessus de ce nuage, un visage lumineux, souriant qui lui évoquait une rela􏰀on passionnée. Passionnée, mais incontrôlable. Il y perdait ses repères, ses valeurs, tous les principes de son éduca􏰀on. Il y entendait le chant des sirènes. A􏰂rant. Trop a􏰂rant.

Il devait se sauver de là-haut, échapper à ce ver􏰀ge qui le prenait. Il ne pouvait con􏰀nuer à être le pyromane.

Son rêve pris fin lorsqu’il emprunta la barre de descente des pompiers.

 

mars 2024

 

Ainsi va la vie

 

Future Maman me faisait des caresses tout en me parlant gentiment.

Elle me racontait son attente. Futur Papa me parlait aussi et me faisait écouter de la musique. On allait prendre soin de moi. Je savais déjà que j’allais être le roi.

Allez j’y vais. Allons voir ces sujets.

Effectivement malgré mes pleurs, mes réveils nocturnes, mes couches sales, mes petites maladies et fièvres inexpliquées, j’étais le roi. Il suffisait que j’en rajoute un peu, quelques sourires et des babillements. Des premiers mots et quelques pas. Tout le monde me trouvait beau, mignon, génial. J’étais un roi avec sa couronne. Et j’avais Maman et sa peau douce. Et j’avais Papa avec sa grosse voix.

Mais assez rapidement vinrent les exigences, « fais pas ci, fais pas ça », mets pas les doigts dans le nez. Puis tiens-toi droit, dis bonjour à la dame, apprends tes leçons, mets la table. Maman était exigeante, Papa un peu moins mais grondait fort. Je n’étais plus le roi, je devenais un roitelet.

A l’adolescence, cela virait à la crise. J’étais le roi, ils allaient voir ce qu’ils allaient voir. Ils ne comprenaient rien, ne m’écoutaient pas. Je dus recourir aux onomatopées, aux portes claquées, aux « c’est nul », « je ne veux pas y aller », « ça sert à rien ». Maman était facile à embrouiller, Papa il fallait se méfier. J’étais le roi des emmerdeurs.

Vint la jeunesse. Je devins un courant d’air. Seul comptaient les sorties et les fêtes avec les copains et les copines, les copines surtout. Et à plus forte raison si les copines ne plaisaient pas à Maman. Papa lui appréciait. J’étais un roi absent et en goguette.

Puis arriva l’âge adulte avec la fin des études supérieures et le premier emploi. Il n’y avait que l’âge qui était adulte. Pour les études, elles m’étaient supérieures et pour l’emploi c’était version « intermittent ». Les coups de fil aux parents étaient aussi en programme minimum, comme si le portable n’existait plus. Un appel de temps en temps, juste deux ou trois nouvelles mais surtout pour réclamer de quoi boucler les fins de mois. Avec Maman j’arrivais à gratter. Papa lui était inflexible, il fallait de bonnes raisons et beaucoup d’explications. J’étais un roi impécunieux.

Les choses s’arrangèrent sans doute avec le mariage et le premier enfant. Je redécouvrais que j’avais des parents. Il fallait bien trouver quelqu’un de confiance pour le garder ce bébé et continuer à profiter de la vie. Maman adorait, Papa aussi mais ne le disait pas. J’étais un roi reconnaissant. Un peu.

Du coup, bébé devint enfant puis ado puis jeune puis adulte. Tient cela me rappelait quelque chose ! Il devint même un homme. Mes parents vieillissaient. Les copains autour de qui s’était organisée ma jeunesse étaient encore là mais beaucoup moins nombreux. C’étaient plutôt des amis. De ceux que l’on compte sur les doigts d’une main, peut-être deux. J’étais devenu plus proche de Maman et Papa. J’étais devenu un roi mature.

Puis je me rendis compte que mes parents n’étaient pas éternels. Que je ne le serais probablement pas. Je comprenais un peu ce qui se passait. Enfin. Maman et Papa me manquaient depuis qu’ils n’étaient plus là. Je devenais un roi vieillissant.

Au final, seule ma famille était le véritable point d’encrage. Là où se trouve les bonheurs et les malheurs qui rythment l’existence. Là où se trouve ceux qui écoutent, ceux qui comprennent, ceux qui aident, ceux qui comptent.

J’étais le roi d’un royaume que je découvrais tardivement. Le royaume de ceux qui sont là, toujours là, malgré les circonstances. Un royaume où ceux qui ne sont plus là ont toujours une place. Une place silencieuse cachée au fond du cœur.

Maman et Papa me manquaient depuis qu’ils n’étaient plus là.

Parole

Il parle, il parle

aux murs croyant être entendu

à bâtons rompus sans être interrompu

Il parle, il parle car il voudrait être connu

Il parle, il parle encore

dans le vide comme un imbécile

à en devenir ivre la tête vide

Il parle, il parle car il voudrait vivre

Il parle, il parle encore

En solitaire avec de grands gestes

Devant un parterre imaginaire

Il parle, il parle mais n’a plus toute sa tête

 

Juin 2024

Confisquer la parole

C’était un moulin à paroles.

Un moulin tournant trop vite.

Un moulin avalant des mots par sacs entiers.

Des sacs déversés en flux continu par une mâchoire en éternel mouvement.

Passés entre les meules, il n’en restait qu’un galimatias incompréhensible, inaudible.

Un tamis à fin maillage n’aurait rien récupéré.

 

Epuisés, sonnés par le roulement bruyant et incessant,

on avait envie de jeter le meunier à la rivière

pour n’entendre que la cascade d’eau.

 

Et retrouver la poésie du silence.

 

Nouvelle  Mars-Juin 2024

Elle avait tué son père

 

Comme tous les vendredis matin, Julien Chandreuil, gendarme à la retraite depuis vingt-cinq ans, faisait son marché. Son pas était moins alerte mais l’œil et le cerveau étaient toujours aussi vif. Cette sortie hebdomadaire était immuable depuis de longues années. Il faisait respectivement le tour des commerces boulanger-pâtissier, boucher, poissonnier, et du marché stand de fruits et légumes et fromager. Il s’approvisionnait de produits frais pour le week-end. Il en prenait suffisamment pour avoir des restes et tenir jusqu’au marché de la semaine suivante. S’il manquait, quelques pâtes et conserves feraient le complément. C’était une affaire rondement menée, même s’il prenait le temps de discuter avec les commerçants et les anciens collègues qu’il rencontrait pour prendre connaissance des derniers potins, il ne trainait pas outre mesure. En ce sens, il n’avait pas perdu ses réflexes professionnels. Il aimait bien être au courant de ce qui se passait dans le village, mais ne voulait pas jouer au concierge.

Ce qui était immuable, c’était sur le retour, l’arrêt à la boite à livres. Là il pouvait passer beaucoup de temps. Il prenait le temps de découvrir les nouveaux livres déposés, n’hésitant pas à fouiller dans le fond pour ne pas louper une pépite. Ce qui lui prenait beaucoup de temps, c’était la lecture des quatrièmes de couverture. Il repartait toujours avec un livre qui lui permettrait d’avoir de la lecture pour la semaine. Ce qu’il préférait, c’étaient les bouquins basés sur une histoire vrai. Une autobiographie, la vie d’un personnage illustre ou moins connu, des histoires vécues romancées. Ou bien encore des histoires qui auraient pu être vraies dans une vie normale. Ainsi il avait la sensation de rester proche de son ancien métier, à comprendre les gens, les évènements qu’ils vivaient, ce qui les mobilisaient ou pas. Il avait toujours ce réflexe de l’enquête. Lorsqu’il rentrait bredouille, ce qui était rare, les semaines étaient plus longues.

Ce vendredi matin là de juin, il n’eut pas à choisir ni à fouiller. Le livre vint à lui. Il le prit tout d’abord car il avait été posé tête bêche cachant son dos, comme s’il avait voulu être anonyme. En fait, il ne voyait que lui, comme un indice dans une enquête. Il le prit donc pour le remettre correctement en place. Et bien sûr il prit connaissance du titre.

« J’ai tué mon père ». Tel était le titre. Lise DUCHAMP en était l’auteur.

Il ne prit même pas la peine de découvrir la quatrième de couverture.

Le choc était là, un choc physique comme si le livre l’avait percuté. Un choc émotionnel, sa main droite qui le tenait tremblait comme s’il tenait un bâton de dynamite, son rythme cardiaque augmentait, il avait des sueurs. 

Ce vendredi matin là de juin, il ne prit pas la peine de regarder les autres livres. Il prit immédiatement le chemin de la maison. Les trente minutes du retour lui parurent les plus courtes depuis vingt-cinq ans qu’il faisait ce parcours. Le cerveau était en ébullition. Les souvenirs se bousculaient jusqu’à lui donner le vertige.

Il se souvenait de la jeune fille frêle à l’origine du crime de son père. Une affaire qui l’avait marqué. Qui l’avait marqué car c’était la première fois qu’il se trouvait dans cette situation où le criminel avait tué un membre de sa famille. A plus forte raison une fille, mineure, qui tue son père. Qui l’avait marqué car il s’était trouvé face à une jeune fille au regard insondable, profond comme un puits. Un regard froid qui voulait cacher le malheur, mais n’y arrivait que très mal. Le regard était trop triste. Qui l’avait marqué car la jeune fille avait immédiatement avoué son forfait. Une enquête déconcertante de facilité. Il y avait tout. Le crime, la victime, l’assassin, l’arme du crime, les circonstances. Et l’auteur, là devant lui, avouant l’inimaginable.

Au cours de sa vie professionnelle, Julien avait participé à de nombreuses enquêtes. Dont cinq concernant des crimes, tous sordides. Pourtant s’il y avait une affaire dont il ne parlait jamais, y compris avec ses anciens collègues, c’était celle-ci. Il ne pouvait se l’expliquer. Comme si quelque chose bloquait ou manquait.

Ce livre, il en était sûr, relaterait cette affaire. Lise DUCHAMP cachait Elise DESCHAMPS. La ficelle était trop grosse.

Arrivé à la maison, contrairement à son habitude, il ne prit ni le temps de ranger ses courses, ni de préparer le repas. Il s’installa dans son fauteuil avec un verre et une bouteille d’eau posés sur la table basse. Il entama immédiatement la lecture.

Quatre heures plus tard, la gorge sèche malgré qu’il ait vidé le litre d’eau, il en était à la cinquième lecture de l’épilogue. Un épilogue court. Un épilogue qui en une page lui avait envoyé un uppercut. Le second de la journée. Mais cela là il était costaud. Il le sentait là, l’estomac dur comme une pierre. Cela lui en coupait le souffle.

Le livre racontait la vie d’une famille sous emprise. La famille DESCHAMPS. Celle qu’il avait connu. C’était pire que ce qu’il avait imaginé, il y avait longtemps, lors d’une visite à cette famille après un signalement des voisins. Il avait compris que le père faisait vivre un enfer à sa famille. Malgré la mauvaise réputation du père, il n’avait pas pensé que ce fut à ce point.

Mais l’épilogue, quel uppercut. Le coup qui vous met au tapis. Duquel vous ne vous relevez que très longtemps après. Groggy comme si vous sortiez d’un coma et que vous ne savez plus quel jour vous êtes.

Le roman racontait tout. Avouait tout.

EPILOGUE

Le tsunami était annoncé. Un tsunami de colère et de violence qui allait tout dévaster, tout emporter sur son passage. Les capteurs en alerte, ma mère l’avait vu venir et ne cessait de le répéter lorsque mon père n’était pas là. Pareil à un séisme, l’homosexualité maintenant connue de ma sœur ne pouvait qu’entrainer un tsunami. Dévastateur comme tous les phénomènes extrêmes. La famille était dans l’œil du cyclone. Sans pouvoir se mettre à l’abri. Ma mère savait qu’à défaut de pouvoir partir, il faudrait subir colère et violence. Que cela finirait mal, très mal.

Elle avait vu le père, depuis plusieurs jours, chercher ma sœur, aménager le cachot, retourner à nouveau pour chercher ma sœur, répéter sans cesse qu’il allait lui remettre les idées en place. Qu’il était hors de question que l’on rit derrière son dos, que l’on parle de leur famille, du fait qu’il ait une fille homosexuelle.

Ainsi les derniers jours ma mère s’était faite à l’idée. Elle avait retourné le problème dans tous les sens, il n’y avait qu’une seule issue. Il fallait le tuer. Sinon, lui, allait tuer. Après une ultime tempête dont elle avait fait les frais, ma mère profitant de la sieste du père, saisit l’arme sur l’armoire du débarras et alla tuer le père.

Un fracas immense secoua la maison. J’accouru très vite et trouvait ma mère, en pleurs, le fusil entre les mains, assise à l’entrée de la chambre. Le regard vide, elle était incapable de parler. D’ailleurs elle ne parlera plus jamais. Sa voix et le peu de force qui lui restait étaient partie avec le coup de fusil.

Il était hors de question, que ma mère aille en prison. Elle y était déjà depuis son mariage. La famille était déjà cassée. Ma mère en prison nous laisserait complètement orpheline. Je secouais ma mère et lui dit, lui criait, que j’avouerais son crime. Que je ne voulais pas qu’elle aille en prison. Que je ne risquais rien. Qu’il ne fallait pas qu’elle parle. Que tout irait bien.

Il me restait à convaincre le gendarme. Il était déjà venu à la maison. Je ne suis pas sûr qu’il ait compris à l’époque ce qui se passait. Tout ce que nous subissions.

Je lui indiquais que depuis plusieurs jours ma mère avait peur. Que mon père était en furie, qu’il tournait comme un lion en cage, à ressasser le déshonneur qui l’accablait. Qu’il parlait sans arrêt de régler définitivement le sujet. Qu’après un énième esclandre dont ma mère avait subi les conséquences, j’avais décidé de le supprimer. C’était lui ou ma sœur et peut-être nous. Et puis comme cela il ne me tripoterait plus ce salaud.

J’indiquais au gendarme où était l’arme, qu’elle était déjà chargée. Que je savais tirer, mon père m’avait expliqué. Qu’après la dernière colère qu’avait subi ma mère, j’avais attendu sa sieste et j’avais tiré.

Le gendarme cru tout. Les preuves étaient là. J’avais pris le soin de nettoyer l’arme pour effacer les empreintes de ma mère et y mettre les miennes.

Je ne fus pas en prison, maman non plus et ma sœur pu vivre son amour sans crainte.

 

Version 2

J’ai tué mon père

 

J’ai tué mon père.

Elle a tué son père.

J’ai tué mon père et pourtant je l’aimais. Mon père était un homme costaud, à la voix forte. Rien ni personne ne lui résistait. Il fallait filer droit, faire ce qu’il demandait. Faire son lit le matin, au carré s’il vous plait. Dire bonjour, débarrasser la table, faire la vaisselle, participer au ménage. Il s’intéressait à mes cours, surveillait mes devoirs et mon cahier de correspondance, venait aux rendez-vous avec la maitresse, exigeait des notes supérieures à douze. Il avait des principes. Il fallait être un homme en toute circonstance, savoir se défendre dans la vie, ne pas se laisser monter sur les pieds. Très tôt mon père m’a expliqué pourquoi il avait des armes. Il m’en a montré le maniement.

Elle a tué son père et pourtant elle semblait l’aimer. Son père était une armoire à glace, des mains comme des battoirs. C’était un homme bourru, exigeant, contrôlant tout, n’autorisant pas les sorties à ses enfants même devenus adolescents ou presque majeurs. Il n’hésitait pas à mettre une paire de claque pour se faire bien comprendre, disait-il. Il avait le contrôle sur sa fille, sur la mère, sur la sœur. Il avait des idées rétrogrades. Il critiquait à tour de bras le comportement des autres surtout lorsque cela ne correspondait pas à ses principes.

J’ai tué mon père et cela a libéré ma famille. Ma mère, belle jeune fille timide, avait rencontré très jeune mon père. Elle avait été subjuguée par la présence qu’il imposait tant physique que morale. Elle se sentait en sécurité avec lui. Hélas, très tôt, elle avait disparu dans le mariage. Mon père contrôlait tout, ses dépenses, ses relations, ses paroles. On ne retrouvait plus la jeune fille souriante de la photo de mariage jaunie. Ses traits s’étaient épaissis. Le visage était marqué par des poches sous les yeux et portaient les traces de la fatigue et des désillusions. Elle boitait légèrement après une mauvaise chute et  une rupture du tibia. Son sourire avait disparu. Même sa voix avait disparu, elle ne parlait que d’une voix devenue faible pour gérer le quotidien et cela en un minimum de mots. Elle n’émettait plus d’avis. Ne demandait plus rien.

Elle a tué son père et cela a libéré sa famille. Le père tenait sa famille emprisonnée. Il contrôlait tout, tant pour son épouse que pour ses filles, leurs dépenses, leurs relations, leurs sorties. J’avais eu l’occasion de me rendre chez eux suite à un signalement des voisins. Seul le père parlait, on sentait une ombre, un voile, sur le visage de la mère. Si elle parlait ce n’était qu’avec l’assentiment du père, le regard questionnant son approbation. Elle était sous emprise. L’ainée des filles, d’un petit gabarit, semblait pourtant la plus solide, la plus présente. On voyait dans son regard la capacité de défier son père. Elle devait sans doute obéir mais sous contrainte. La plus jeune ressemblait beaucoup à son père. A la manière dont elle se tenait auprès de lui, on y voyait aussi de l’admiration. Mais il ne fallait pas se tromper c’était de la dépendance et de l’emprise.

J’ai tué mon père car il allait tuer ma sœur. Frêle physiquement, ma sœur était une fille débrouillarde, dynamique, indépendante. Elle avait de la répartie, ne faisait les choses qu’en négociant à l’extrême. Ou après avoir pris deux claques. J’adorais ma sœur. Elle m’aidait toujours dans les taches qu’exigeait mon père, prenait le risque de prendre ma défense.

Elle a tué son père car il allait tuer sa sœur. C’était l’opposée de son père. Aussi était-elle toujours en conflit avec lui. Le conflit éclata au grand jour quand elle quitta la maison avec perte et fracas.

J’ai tué mon père et je l’ai tout de suite confirmé au gendarme. Je me suis soudain réveillé. Les choses allaient trop loin. Il était rentré dans une colère que je ne lui avais jamais connue. Comment sa fille pouvait lui faire cela. Comment sa mère n’avait rien vu. Comment on ne lui avait rien dit. Il allait remuer toute la ville, la retrouver, la ramener à la maison et lui remettre les idées en place disait-il. Je me suis réveillé quand j’ai vu qu’il avait aménagé un cachot dans le garage. Avec de quoi attacher quelqu’un. Il allait tuer ma sœur. Je l’ai tué avec l’arme toujours chargée qui se trouvait dans le haut de l’armoire du débarras.

Elle a tué son père et me l’a avoué immédiatement. Tout a basculé quand sa sœur est partie vivre sa vie avec sa petite amie. C’était impensable pour le père. Une fille homosexuelle. Pour qui allait-il passer.

 janvier 2024

Les 7 péchés capitaux

 

Quand on m’accuse de péchés capitaux j’ai tendance à en vouloir à la terre entière. Si on parlait d’elle justement et de ses péchés, façon de botter en touche.

Elle est très avare. Avare de ses ressources naturelles, ne se laissant dépossédée que contrainte et forcée. Cachant ses biens le plus précieux sous une épaisse couche de terre, au fond des torrents, dans les grandes profondeurs. Si on la pille trop elle piquera une colère pour défendre ses biens déclenchant effondrement, glissement de terrain, coup de grisou.

Bien malgré elle c’est un lieu de luxure tel un lupanar géant, toutes les espèces vivantes qu’elle abrite forniquent dans ses eaux, sur ses plages, dans ses prairies, dans ses forêts. Elle même s’expose le jour avec le soleil et couche la nuit avec la lune. Ou pire participe à une orgie lors des éclipses.

Elle a des envies folles. Briller comme le Soleil mais elle n’est pas assez chaude. Coloniser la Lune et Mars, mais elle ne peut que tenter d’y envoyer ses petits humains. Avoir plein de satellites, or elle n’a que la lune pour danser et les autres planètes ont autre chose à faire. Entreprendre un grand voyage intergalactique mais elle est bloquée sur son orbite.

Elle est aussi très gourmande. Elle capte, ingère, digère tout ce que les humains et la nature laissent tomber. Elle en fait sa nourriture ne laissant qu’une durée de vie limitée à ses occupants pour parvenir à ses fins.

Elle est paresseuse comme pas deux se dorant la pilule le jour et dormant la nuit et cela en ne faisant qu’une seule rotation annuelle. On ne peut pas dire que c’est une grosse révolution.

Son ultime péché est d’être orgueilleuse se vantant d’être unique et la plus belle. On la soupçonne de vouloir être une étoile. Filante surtout, pour être visible et admirée de tout l’univers.

En dernier lieu, elle fait un usage immodéré de la colère. Elle distribue les avertissements en tonnant, grondant, lançant des éclairs. Pour se faire bien comprendre elle provoquera si nécessaire quelques éruption, tsunami, ouragan, inondation rappelant aux petits bons hommes qui est le maître à bord. Enfin pour les grosses colères un bon tremblement de terre ou la foudre fera rentrer tout ce beau monde dans le rang.

Alors à côté de cela, en petit homme que je suis, mes péchés ne sont que des boutons de fièvre.

Inutile d’en parler.