mars 2025
Les mangeurs de pommes-de-terre, Vincent Van Gogh
Je me souviens des pommes de terre de VAN GOGH,
une ambiance sombre ,
dans la masure,
dans une intimité,
un lieu fermé, tableau aux couleurs sombres,
et pourtant réconfortant,
dans la masure,
la famille pauvre mange des pommes de terre fumantes.
Ils sont nourris, ils se nourrissent de la pomme de terre chaude,
et ils sont ensemble dans la vapeur de ces pommes de terre
sous la lueur d’une bougie ou d’une lanterne.
Sombres, noirs comme une ombre d’où sort la lumière.
La patate chaude à la bouche,
la lueur de la lanterne et nos corps fatigués après le labeur.
Le réconfort, nourris par la pomme de terre.
Nous sommes ensemble blottis, nos corps fatigués ,
nous sommes ensemble et nous mangeons.
Nous sommes intimes,
nous sommes chaleur,
nous nous tenons chaud ensemble.
La famille autour de cette table pauvre,
et nous sentons en nous le réconfort, après le labeur.
La masure est grise, noir le fusain,
et nous traversons le noir et le graillon
jusqu’à la vapeur de la pomme de terre chaude qui réchauffe et nourrit.
Le simple plat d’après le labeur,
et les corps fatigués réunis autour d’une table.
C’est la cérémonie.
Nous sommes animaux qui nous tenons chaud sous les durs climats, la condition.
Nous sommes instinct qui cherchons la chaleur de l’autre.
Nous sommes cueilleurs et mangeurs.
Nous survivons ensemble, nous somme tribu autour du feu de bois. Nous nous tenons chaud.
Nous ne sommes qu’un.
Nous sommes d’une souche, enracinés ensemble,
Vivants sous la lumière chaude qui traverse le noir,
nous sommes doux sous notre peau noircie par le labeur,
nos mains tordues ont de la grâce.
Nos bouches mangent et nos corps sont vivants.
Dans l’espace noir et pauvre luit la force qui nous unit, une douceur.
La douceur d’un privilège ou d’un abandon.
Le repos, le mérite de la pomme de terre qu’on porte à sa bouche. Chaque soir, ou chaque nuit, après le labeur.
Le corps nourri par la pomme de terre.
Le coeur réchauffé par la chaleur de l’autre.
La paix, la douceur un instant avant le coucher et l’oubli,
et demain, le recommencement.
février 2025
L’ART
L’Art , comme la racine d’un arbre qui doit pousser et déformer le carcan du béton au détour d’une rue.
Doit sortir du chaos ou du vide, émerger de là où on ne l’attend pas.
C’est ce qui touche à un endroit du coeur et réveille la vie en toi qui dormait.
Cela peut être tout un art de s’éveiller un matin, ouvrir grand les fenêtres, et voir le jour pour la première fois.
Soudain réaliser la présence de la courbure de la feuille, du glissement d’une goutte sur un miroir de givre.
La buée de ta bouche.
La vapeur de la soupe chaude quand ton ooeil capte et retient une forme.
A travers cet oeil, soudain, qui s’immerge d’une couleur que tu avais oublié.
Et de l’oeil, passe au corps qui frissonne d’une lumière nouvelle.
Nov 2024
Je suis entrée dans la joie en traversant ce rideau de pluie,
Cette pluie chaude et abondante, comme les larmes que j’ai versées.
Je suis entrée en délivrance en me fondant à la mousson,
en quittant la cote de maille du guerrier toujours perdant.
A travers cette jungle, et sous les gouttes chaudes, mes bottes sont boueuses et mes bras blessés.
Ma pelisse trempée, mes yeux délavés.
Il faut tenir, couper, se frayer un chemin, chercher l’abri, prévenir, éviter.
Mon être entier sur le qui-vive entend, détecte, sent la présence de la bête qui se terre,
le serpent l’araignée, le fauve.
Je monte la garde et je m’épuise.
A la mousson, tombe la pluie.
Trempe, détrempe, macère, ramollit.
Le sol fume, les plantes se déploient, exhalent.
La pluie tombe à verse et je retiens mon souffle, cherche à éviter.
Je m’épuise, la pluie tombe à verse, incessante, sans merci, chaude sur mes yeux.
Je me laisse imbiber, absorber. Je me laisse inonder.
Je suis inondée, emplie de cette eau qui s’infiltre..
Je lâche, je me fonds, me confonds avec la feuille ruisselante,
la liane étrangleuse glisse sur moi,
les noeuds se défont, les muscles se détendent.
Mes veines deviennent sève, nervures et tiges de chlorophylle,
je suis végétal, humus qui suinte et dégorge. J
Je deviens l’éponge qui imbibe, dégorge et ruisselle.
Je glisse, humide dans la vase.
Je m’étale, je m ‘enfonce, me distends, me répands.
Les bribes de mon histoire relâchent leurs doigts crochus.
Les mots qui blessent se désintègrent.
Les épines, lacèrent, meurtrissent et ravivent ma chair.
Je me laisse envahir, dévorer.
Je laisse la nature se faire comme un ordre des choses que je ne maitrise plus.
Je m’abandonne aux pluies chaudes et humides.
Je ne cherche plus rien que sentir ce corps sans contours se dissoudre.
Je suis magma, parcelle infime et totale du grand délitement.
Je perds toute vanité.
Je pleure, me déverse et me vide.
Mon coeur, enfin, enfle, s’offre comme le nénuphar qui se déplie.
La peur se dissout, s’évapore.
Je ne suis plus, je suis.
Le secrétaire
J’ai absolument voulu ce secrétaire,. J’ai tout fait pour l’avoir. J’ai défendu ma cause: l’amour de la tradition, perpétuer l’idée de cette famille.
Il fallait que je l’ai, et je l’ai eu
Je l’ai vu, ce secrétaire, sur une photo de St Chads. Il était sur la photo. Un beau secrétaire en acajou dans le salon élégant de grandpa Tom et granny Constance., les arrières grands parents. Je l’ai vu , et aussi en médaillon, les portraits , les deux visages de Tom et Constance, symbole d’une époque révolue. Et une autre , de tous les deux, entiers sur des photos de bord de mer. Lui, avec sa cane et son chapeau melon, elle et sa robe cintrée en crinoline et son petit beret joliment penché sur ses cheveux lissés , sur la Promenade de bord de mer. Ils marchent, si élégants et heureux sur cette promenade du bord de mer.
Et leur image évoque tout un monde. Toute l’Angleterre en une image et eux , sont le lien qui m’attache à cet autre temps. Un temps où les hommes élégants de bord de mer se promenaient avec au bras, leur femme élégante.
Tout est dans ce secrétaire que j’ai absolument voulu. L’image De Tom et Constance ,et leur salon de bord de mer si élégants. Et sur la photo du salons élégant, ce secrétaire, avec ses tiroirs et une jolie clef.
Je l’ai voulu, et je l’ai eu. Ce secrétaire du salon de Tom et Constance, dans les années Trente, de cette maison de bord de mer.
Je l’ai voulu, et je l’ai eu.
Mais quand on l’a déposé là, dans mon salon
Qui n’est pas un salon
Mais un salon atelier
Un salon salle à manger
Un salon atelier chambre salle à manger
Qui n’a rien de fixe
Ou je n’ai jamais voulu de meubles lourds qu’on ne peut déplacer
Le secrétaire est là. Mais il n’a rien a faire là. Je l’ai voulu, je l’ai eu, mais maintenant, il me gêne. Trop lourd pour le descendre à la cave.
Je chéris la mémoire du salon de tom et de Constance et du secrétaire de ce salon.
Mais ici, non.
Ce fut l’erreur de confondre l’âme et le meuble lui même.
maintenant, il me gène. Cel me gène qu’il soit là. Comme si je mélangeais leur histoire et la mienne. J’ai presque envie de dire pardon, comme si j’avais commis une sorte de blaspheme.
Je pensais qu’en le gardante garderais quelque chose d’eux en moi.
Mais non. Il aurait fallu le garde intacte dans ma mémoire, et à sa place. J’ai le sentiment d’avoir sali quelque chose de précieux. Comment ai je osé . Qu’ai je donc voulu posséder?
Maintenant, c’est encore pire car je ne sais pas quoi en faire sans abimer ce qu’il ma tant évoqué. Je vais être obligé de l’enlever. Mais je ne peux pas. Il n’aura sa place nulle part, de toutes façons. Alors qu’i était sacré. J’ai pensé, perdu pour perdu, aller jusqu ‘au bout de mon acte et le détruire à la hache. Au moins le saccage sera t’il visible et franc, et peut ^tre aura t’il la noblesse du sacrifice ultime.
Puis le bruler par petites parcelles de bois sur un Autel et disperser ses cendres avec une prière divine, en faisant mo signe de bois. Ce serait romantique.
Le poids du sens, la lumière des choses.
Il arrive que dans les hautes herbes, on s'allonge et on se sent protégé par de longues tiges molles qui ondulent au vent.
On écoute un homme qui vous transcende et on regardait les nuages de Barbapapa. Ils sont sucrés et doux comme les pommes d'amour, des fête foraine, d'autre fois il a une posture droite comme une plante et souple et belle et odorante mais on sait pourquoi il a un regard qui pousse qui traverse qui vous reconnaît et on se dit chouette je ne suis pas seul. Je fais partie de lui et de ceux comme lui il dit des mots que je reconnais comme si c'était les miens mais si clairement si joliment que cela soulage d'une douleur, que vous reconnaissiez, et vous pouvez apaiser ce sentiment qui sert le corps d'être à la fête dans une rivière. Ils vont ils vous font chaud au cœur, ce qui sert la comme à Disneyland au fond de votre cœur, fondre et flotter avec les trains, fantômes, sucré, apaiser et des livres, dans une eau chaude et légère, les chichis des fêtes joyeux, les nœuds de l'estomac. Les chaux de source s'endorment. Les pommes d'amour comme Peter Pan classe Velpeau.
J'aimerais parfois que ce ne soit pas important,
mais ça l’est tant, si important que ça pèse, que c'est lourd.
Trop lourd de sens.
Se délester du poids de cette importance, s'envoler vers cette lumière qui n'a besoin de sens, où il n'y a rien à comprendre, ni à surmonter, ni à protéger, ni à attendre.
Avec…
Avec la poupée de porcelaine délicate, aux grands yeux,
Vêtue d'une petite robe jaune pâle, tricotée avec une laine fine.
Avec le puzzle d'oiseau et de fraises au carton ramolli.
Avec le jeu de cartes dont il ne reste plus que le sept de trèfle,
Le valet de cœur et la reine de pique
Avec la page trois d'un livre déchiré
Avec le cadre vide d'une photo disparue
Avec des pommes d'amour au vernis écarlate
Même avec des regrets
Et des nœuds dans le corps
La morsure encore fraîche d'une formule assassine
Mais surtout, en souvenir, une phrase éclatante
Qui enchante et soulève
Avec le vent qui se lève
Et la lune en plein ciel
S’invente l’histoire…
2024
IL LE FAUT
Lorsque vous partirez pour l’Angleterre
IL FAUT ABSOLUMENT METTRE UN LONG MANTEAU NOIR
POUR QU’IL SE SOULÈVE AU VENT QUAND VOUS SEREZ SUR LE PONT DU FERRY BOAT
IL FAUT AVOIR EN MAIN UN FOULARD DE SOIE QU’ON AGITERA
POUR FAIRE VOS ADIEUX A CEUX RESTÉS À QUAI
IL FAUT UN DEPART DECHIRANT
COMME SI VOUS N’ALLIEZ JAMAIS REVENIR
ET QUAND LA SOUTE SE FERME
ET QUE LES MOTEURS VROMBISSENT
IL FAUT ENTENDRE LA LONGUE SIRENE
AUSSI BELLE QUE LE BRAME DU CERF AU FOND DES BOIS
ET QU’ELLE VOUS EMPLISSE LE COEUR D’UNE MERVEILLEUSE TRISTESSE
ET QUE LE BATEAU S’ENFONCE DANS LA BRUME
IL FAUT QUE LA TRAVERSÉE SOIT UN PEU HOULEUSE
ET QU’ON SENTE LES FLOTS ET LEUR PUISSANCE QUI ROULE
ET QUE L’ON EST TOUT PETIT DANS LE GRAND UNIVERS
AVOIR UN LÉGER FRISSON
ETRE EMPORTÉ VERS LES RIVES DE DOUVRES ET LE RÊVE DE SES FALAISES
QUAND VOUS LES APERCEVREZ VOUS CRIEREZ TERRE AVEC DES LARMES DE JOIES
IL FAUT ABSOLUMENT
SINON VOUS SEREZ DÉJÀ ARRIVÉ
ET LE VOYAGE N’AURA PAS EU LIEU
2018
BLEU
Vois Pedro sur le chemin abrupte qui le mène à sa cabane. Comme il mesure chaque pas et essuie la sueur et la poussière de son front brûlant. Les cailloux roulent sous ses sandales usées.
Il marche longtemps, bien après la fatigue et ses os sont durs et secs comme les terres arides
qu’il traverse.
Vois le enfin atteindre le refuge. Il pousse la porte, et s’assoit sur le tabouret de bois.Retire ses vêtements de toile et les pose sur l’unique table.
Vois le laver son corps à l’eau ramenée de la vallée puis s’allonger sur son lit de paille .
Alors seulement, un vent léger se lève et soulève doucement les rideaux de soie. La lumière
douce de la lune fait danser sur sa couche les ombres pâles de la nuit. Il s’endort et se fond au rêve bleu d’infini où il n’est plus Pedro, ni personne. Mais l’univers entier, hors de l’espace et du temps.
2019
Conseils à un enfant ...
Es tu heureux? Sens tu en toi la joie, as tu des rêves? Te réveilles tu le matin, content d’être en vie?
Oui? alors continues.
Mais si un jour, tu te sens fatigué, que tu t’ennuis à l’école, que tu as peur des autres, ne te dis jamais que tu ne vaux rien. N’oublies jamais que tu es au monde pour être heureux et que si tu ne l’est pas c’est qu’il y a une faille quelque part, un message , une blessure que tu as reçu dont tu n’as peut être pas conscience.
On te dira quoi faire, on aura des exigences pour toi. Et même ceux qui t’envoient ces messages n’auront pas forcément conscience de le faire. Démêle toujours le vrai du faux .
Tente de savoir où est la joie. C’est facile: ce qui est fait pour toi te rend heureux.
Si tu es malheureux, c’est qu’il ya quelque chose qui t ‘échappe, ou que tu n’a pa su transformer. Comme l’alchimiste, transforme le plomb en or. Fais de tes faiblesses une force.
Le bonheur, c’est ta boussole, qui te guide.
N’oublie jamais tes rêves, c’est si facile de les perdre de vue.
Certains croient se sacrifier par devoir. Savent ils seulement qu’ils n’étaient pas obligés.
Qu’ils n’ étaient pas obligés.
2020
Nous arrivâmes masqués.Ni vu, ni connu.
Mais si, ni vue, mais connue.
Car je te connais. C’est toi, c’est bien toi: tes cheveux, ton allure, ta stature, ton air, ta voix. Mais je veux plus, ça ne suffit pas. Soulèves un peu ton masque, dis, et confirme. Laisses entrevoir un instant ce que j’ai deviné. Dis moi, c’est bien moi, vraiment, je le jure.
Que je sache si tu souris, que je prenne la mesure.
Que je te dévisage.
Anaphore, pourquoi écrire.
J’aime l’encre et les bavures, Les buvards et les plumiers.
J’aime la belle écriture,
Celle qui gratte sur le papier
J’aime les mots qui résonnent
Et se glissent en déliés
Ceux qui se gorgent et se vident
Ceux qui gonflent et débordent
Ceux qui mordent et qui claquent
Et se figent sur la page
J’aime les mots d’encre
Qui imbibent ma rage
d'après Charles Juliet
J’écris pour déterrer ma voix
Celle enfouie, celle éteinte,
Celle qui gît étouffée
L’extraire des profondeurs
L’arracher du néant
L’étreindre avec vigueur,
Je creuse pour l’atteindre
Pour celle qui fut bafouée
Et son coeur déchiré
Nov 2020
Ma vie au jeu de l'oie
Pion bleu au jeu de l’oie, les dés sont jetés. J’ai tiré Deux fois deux et sauté 4 cases.
Anatole France , Leon Brûlon Jules Romains. Grandmont, le sort est scellé. Dans le parcours numéroté Rabelais , assise à un pupitre dans une classe, puis dans un amphithéâtre pour un cours magistrale.De la maternelle à la faculté. Accumulé bons points, images.
Passé le bac à l’autre rive du tableau noir et de la craie au marqueur indélibile. Du plumier au stylo bille, j’ai gratté et rempli des cahiers à spirales jusqu’au feuilles volantes qui partaient loin et ne revenaient pas.
Puis arrêt sur la 4 Grandmont .Bravo le bac est décroché. Vous pouvez tirez les dés, mais vous êtes écorchés.
Je tire les dés, suis le chemin sur le parcours cartonné.
Case voyage . Prenez la destination de votre choix. Atterie sur une ile. Case 6.
Vous êtes bloqué. Attendez votre tours.
Il y a maldonne.
La vue est belle mais je m’ennuie.
Tombée de la case et décalée. Puis reprend d’une main obstinée, hasard ou destinée. Le temps venu jette les dés 12 d’un coup,
Les années passent . Case 18 vous rencontrez des princes charmants, dont un charmeur, mais vous le perdez à trop vouloir l’aimer.
Coincée de nouveau à la case 18 vous attendez qu’il rentre pour pouvoir avancer. Vous faites du sur place jusqu’a ce qu’il vous jette. A votre tours, vous tombez. Les combinaisons se suivent sans se ressembler, pairs ou impers, le manque sera comblé.
Passer 3 et 6, puis 2 et 1 puis 5 et 2 vous ne savez plus. Si vous avancez ou si vous reculez.
Mais le jeu n’est pas fini, même s’il n’en vaut pas la chandelle . Il faut relancer.
La main cesse de trembler, les larmes de couler. 12 d’un coup. Case trente envers et contre tous. Métier travail, argent gagné. 10. J’avance, j’achète l’appartement, un lieu celui pour me cacher. Temps mort, mais pas moi. Accroché à la case, je ne lâche rien.
7. Tombé sur la case amour. Ouf casé avec le bon.Ca ne peut être mauvais.
Double bingo case 30, 40 je touche le jack pot. Appartement vendu emballé c’est pesé. Ca démenage.
Enfin 40. Pile. Vous vous marriez . Le blanc et de rigueur et la robe vous sied. Et c’est la bague au doigt qu’on rejette les dés.
40 à 50 s’agit t’il de cases ou d’années qu’importe, si le parcouts est tracé alors il fait le suivre.
50 60 70 80 et plus si affinités, pour tout réinventer, tout rejouer.
Et rajoutez des cases s’il n’y en pas assez.
2022. SORTIR DU CADRE
DIALOGUE :
-GUILLERETTE-: « LE monde se mesure à double décimètre, à longue vue et chronomètre. Le prix des choses, le quadrillage, le partage du territoire .. Mais ils ne m’auront pas pas tralala, mais ils ne m’auront point «
REALISMO : Fi de cette désinvolture! « -Pourquoi? Parceque, qu’est ce que tu crois? Le temps aussi t’es imparti: 30 ou 40 ou 80, qu’elle est ton espérance? Tu ne peux échapper, tout est bien calculé.Tu m’énerves Guillerette et tu vas déchanter.
GUILLERETTE: « Peu m’importe les sondages, moi c’est ma vie, moi c’est mon temps. J’ai le droit d’y croire, et de ne pas savoir. Et si ca te déranges alors va te faire voir.
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JE préfère l’envolée
Si le coeur se tord
Je préfère l’envolée
Lorsque le corps se crispe
Je préfère l’envolée
Et oublier le temps
Qui nous est imparti
Et oublier le sort qui nous est réservé
Je préfère l’envolée
Puisqu’elle est possible,
Et qu’elle nous est permise
Je préfère l’envolée
La dernière volonté
Qui est à ma portée
Oct 2022
1-Ce que j ‘attends de l’atelier, pourquoi je suis là….
Parceque je n’en ai jamais assez. Je veux continuer, je veux plus, j’en veux encore. J’ai faim.
Parceque je veux persévérer dans l’effort pour trouver la phrase juste, celle qui décape, celle qui résume, celle qui inclus, celle qui atteint qui cible et qui dénoue, celle qui résout l’énigme.
Parceque j’aime l’aventure. C’est comme une aventure où je serais l’éclaireur. Débrousailler le chemin jusqu’à trouver le lieu, l’issu et dénicher le trésor, celui du mot perdu.
Je suis là pour rattraper les mots jetés en l’air
et leur donner une deuxième, une troisième, une quatrième, une énième chance., afin qu’ils prennent la bonne forme, la forme passé et repassée par les marées et transformés pour devenir polis comme des galets, ou les aiguiser pour qu’ils soient silex et ciselés comme une remarque incisive qui va au coeur du sujet.
Pour clarifier ce qui est brouillon, libérer par la rature jusque’à la ligne simple du peintre japonais.
Jusqu’à ce qu’il n’y ai plus rien à ajouter.
2-Le moi idéal:
JE SUIS LA REINE DU TRAMPOLINE
PRENDS MON ELAN JUSQU’À LA LUNE
A CHAQUE ÉTAPE DE LA VIE, JE REBONDIS
C’EST REPARTI
PARFOIS LES SAUTS SONT PERILLEUX
JE M’ÉGRATIGNE OU M’ÉBLOUIS
MAIS LE CORPS SOUPLE
L’ÂME CAOUTCHOU
C’EST GALIPETTES
ET AMOUR FOU
3-AVEC OU SANS ÉLAN
Comme la plupart des choses, vois tu, cela dépend du contexte.
Moi, par exemple quand j’ai du sauter de la Falaise Du Puy à celle de la Fournaise lorsque le Frou me poursuivait avec sa fourche, je n’aurais pas pu y arriver sans élan et le frou m’aurait enfourché, et je ne serais plus là pour te parler.
D’un autre coté, il y a quelque chose d’encore plus admirable à sauter sans élan. D’abord, on est forcé de regarder le gouffre, et resister à la tentation d’être aspiré. Et puis on saute à froid. C’est le feu du corps qui produit l’impulsion. Elle vient de l’intérieur, pas de l’extérieur, ce qui est plus noble, et nettement mieux, puisque nous cherchons l’autonomie.
Alors, vois tu Marlou,, lorsqu’il sera l’heure de sauter, fais en sorte d’être prêt à le faire sans élan.
Alor,s et seulement alors, auras tu vaincu la peur en toi, et la matière en dehors de toi.
2020
Pour une crème empathique
Faire fondre du beurre salé dans un sanglot liquide
Fouetter les oeufs en neige pour les heures insipides
Versez le chocolat , pleurez à volonté
Trois rasades de rhum et un citron pressé
Ajouter quelques graines d’origine exotique
Pour apaiser en vous les sources névrotiques
Une cuillère de miel pour sucrer l’amertume
Lisser le tout pour enlever la brume
Verser doucement que le coeur soit léger
Mettre au four dans un plat de verre soufflé
Laisser monter du fond la saveur retrouvée
2021
LA GRANDE BOUFFE, le nectar, saveurs ou écoeurement: réflexions et amuses gueules
1-De l’anorexique à la boulimique - du déficit à l’excès calorique.
Je comprend l’anorexique: dégout du monde désir de pureté . Dégout de la chair.Retenue extreme. Refus total.
Propreté de l’os. Absence de chair. Disparition. Devenir invisible. Transparent. Pure.
Ne plus être incarné. Appel du néant. Désir d’absence. Refus du monde. Intransigence et dureté. Rigidité. Absence de concession.
transcendence . Rigidité, angles ,froideur.
L’anorexique fait peur car son squelette évoque la mort.
Je comprend la boulimique: dégout de soi remplissage du vide. Se rempli et se vide par dégout de soi. Expurge. Vomi.Incarnation caricaturale.
Se rempli et déborde. Absence des limites du corps. S’abandonne
Engouffre , englouti jusque à étouffement. Sans retenue Fuite avant. Point
Corps poubelle. Abandon destruction par la surabondance.Explosion.
Dévoration, faim jamais assouvie. Vide trop rempli.
Chair qui déborde. Mollesse. Mollusque. Avachissement. Oisiveté. Engorgé. Absence de forme. Tissus adipeux. Gras. graisse. Mou.
Etalement. Surabondance. Dégoulinance.Saleté.
Le boulimique dégoute.
Squelettique à obèse.
Trop maigre à trop gros.
Monstre. Corps dénaturé. Dérèglement. Miroir déformé de l’identité profonde Mère nourricière devient mère infanticide.
3- Mots mis en bouche
Insipide
Délicieux, exquis, nectar, Se nourrir, se régaler, S’empiffrer, se bâfrer Savourer, se délelécter Avoir l’eau à la bouche Saliver
Avoir de l’appétit
Avoir faim
Etre rassasié, être repus Être écoeuré
Rester sur sa faim
Faire un régime
Manger bio
Le sucre
La viande
Croquer à pleine dent_
4- Le mou qui cuit, le cru qui croque et autres
J’aime ce qui croque
Les radis, le celeri, les carottes rapés
Je sens que c’est frai pour mon corps. Ça lave le sang.
J ‘aime le jus de citron et le jus d’orange.
Jus d’orange exquis., nectar.
Banane insipide, délicieuse quand elle est flambée, ou écrasée.
J’aime tout ce qui est à la banane. Sauf la banane.
Tomates, meilleures cuites. Plus de gout quand elle est cuite.
Je déteste les carottes cuites, les épinards cuits.
J’aime les endives crues ou cuites
Certains aliments ont plus de saveur lorsqu’ils sont cuits
5- J’aime, j’aime pas. C’est bon, c’est pas bon.
J’aime :Mon plat d’enfance: Les nouilles au jambon.
l’oeuf à la coque. Tel quel il sort de la poule et je le mange.
Je préfère l’aliment simple au plat en sauce .
Je n’aime pas les recettes
Je préfère le coca au bon vin.
J’aime le chocolat, les fraises tagada, les nounours en chocolat, les pins’s. J’aime les avocats
La grande tartine beurre a la baguette blanche.
Je n’aime pas trop la salade et ses feuilles trop grandes.
Je n’aime pas laver la salade. On ne sait pas combien il faut enlever.
J’ai n’ai pas faim à l’heure des repas.
J’ai horreur de trop manger.
Je n’aime pas avoir mangé sucré.
J’aime éplucher les carottes. Pas avec l’économe mais l’autre ustensile.
Je préfère les pâtes et le ris aux patates.
J’adore les huitres et en même temps elles me dégoûtent
6-Entrée Plat Dessert: menu du jour, non merci.
On mange trop.
J’opte pour le repas frugal
Je me sens bien quand je jeune.
Je me sens engluée si je mange trop.
Je n’ai qu’une chose a dire sur le manger. C’est bon ou ce n’est pas bon. Ou ça n’a pas de gout.
Je suis en général trop sur le qui vive ou dans un plan pour savourer quoi que ce soit.
La repas est souvent expédié, et la vaisselle faite comme s’il ne s’était rien passé.
Pas pour moi les repas qui s’éternisent autour d’une table.
J’aime bien sure certaines nourritures et je dévore et en redemande jusqu’a satiété et plus.
J’ai horreur d’avoir trop manger. Me sentir lourde et paresseuse.
J’aime me sentir légère.
Quand je suis mal, je mange trop et je mange tout ce qu’on me sert, même quand je n’ai pas faim. Ensuite, j’ai trop mangé et je me sens encore plus mal.
Quand je suis bien. Je mange peu. Je me nourris simplement: un oeuf à la coque, quelques radis, et une pomme joliment pelée. J’aime la grande assiette en bambou ou je dispose un peu de ris, Et quelques légumes.
Je ne suis pas la femme des plâtrées, du cassoulet, du coq au vin, du pot au feu. Je ne fais pas honneur a la bonne cuisine Française ni au bon vin. J’interloque les bons vivants.
J’aime qu’il y ait un chien sous la table.
L’idéal pour moi est dans la frugalité. Même si c’est chimique, du moment qu’il y en ai peu.
Une seule gorgée de coca fraiche et pétillante qui nettoie d’un coup tout l’œsophage.; Ça décape.
A l’heure du thé une tranche de Battenberg rose et jaune. Gout chimique exquis qui rappelle l’odeur de certains désinfectants.
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7-My favorite dish: English dish
Je n’ai qu’une exception à mon dégout du plat. C’est que le plat soit British. Parcequ’il fait remonter l’histoire de famille et ma ville de coeur. Teignmouth Devon.
Alors, j’aime le Lamb and Mint Sauce mangé a ComBe Cellars sur . le Lancashire Hot pot et le Sunday Roast
Pour les desserts aussi Devonshire cream tea sones a la crème du Devon et confiture de fraise et le trifle mangé a la terrace de Clifton House face à la mer .
J’aime le vrai lait riche et crémeux. Celui pour les cornflakes..Celui qu’on déposait dans une bouteille en verre à notre porte.
J’aimais jusque’a la forme de la bouteille.
Et le breakfast anglais. Jusqu’a la english sausage que je préfet a la merguez, elle même préférée la chipolata.
Je préfère les petits pois anglais plus gros, plus durs; plus verts que les petits pois Francais. Enfin, le fish and chips devant être servi fumant dans du papier journal avec frites au vinaigre et mangé sur le port de Teignmouth par temps froids
8-Gloire au nouille jambon et au glowing juice
Il ya aussi mon grand favori le nouille jambon. Bien préfèré a tout ce qui est patate et Hachis Parmentier.
Le nouille jambon. C’est un classique. Même quand je suis dans le trip Jêune et Juicing
Jus d’épinardd pomme concombre the glowing Juice qui fait une belle peau et vous désanglue le cerveau. Tout devient limpide et clair. Il fait le boire pour le croire.
Néanmoins fidélité obstinée au nouille jambon. ____________________________________________________________________-
9-Pour résumer avec quelque ajouts d’arrière gout.
Je ne suis as une hédoniste qui savoure .
Je préfère picorer à manger un gros plat bien français
J’ai des périodes ou je me nourris en conscience. Bio- Juicing-Jeune
J‘ai gardé mes gouts d’entant coca. Ni bière ni vin et bien sur: thé à toute heure du jour ou de la nuit.
Mon plat de prédilection: nouilles jambon
Mon herbe favorite: la coriandre
Ma boisson favorite: Jus d’orange et jus de citron
Une exception au dégout du plat assimilé à la plâtree: certains plats british
Dont le fish and chips, mais dans un papier journal avec des frites au vinaigre et sur le port de Teignmouth.
Je peux aimer: Un cheese Mac pour caller une faim. C’est bien emballé, c’est propre et compact.C’est pas trop. Ça Calle .
Je peux aimer le sandwich saucisson beurre cornichon, surtout dans les vieux bars français.
J’ai horreur de la macédoine, de la jardinière de légume, des épinards cuits, des carottes cuites, de la ratatouille.
Je n’aime pas trop ce qui est mou et qui mijote.
Je préfère ce qui est cru et qui croque.
2022
Enfance
Ai-je donc été cet enfant
Au doux parfum de fleur
Au doux parfum de lait?
Ai-je donc été cet enfant là
Que tout émerveille,
Qui est du monde,
Dense, insolite et plein
Ai-je donc été un jour, cet enfant
Celui du parapluie blanc
Des vitraux de couleur
Des fioles de la coiffeuse,
Des objets auréolés,
Magiques et intriguants?
Du bain du soir,
Et des pyjamas roses
Cet enfant sur la plage
Du petit seau et de la pelle de fer
Et des chateaux de sable
L’enfant du mouton au chapeau de fleurs
Celui du petit singe aux timbales
Et de la cuisinière O’gateau
Tout objet habité, imbibé de sens
Éponge curieuse et vivante
Légère et douce, agile
Curieuse et attentive
De la goutte de pluie qui coule le long d’une vitre
De la boule de neige qu’on tient dans sa main chaude
Du coquillage qu’on porte à son oreille
Qui murmure l’océan
De l’odeur d’une page
Du pain du boulanger,
De la fleur qu’elle te montre
Regarde là s’envoler
Cet enfant qui ne sait pas qu’elle croit, qu’elle est
Entière au temps, tout entière au moment
Qui ne sait qu’il glisse
Qui ne sait qu’il ment
Qui ne sait encore le regret , le tourment
Ai-je donc été cet enfant
Si bien d’être là
Dans cette herbe haute
Et dans ce jardin
Et qui chantonne un refrain
Qui vient de loin
Qui vient de loin
Qui vient de loin
Ma madeleine
La boule rose est fraiche, dans le cornet gauffré
Le ninety-nine, barre de chocolat friable, enfoncé dans la boule
Ni dure, ni molle,
Compacte et lisse
Moelleuse, mais ferme
Le cornet qui la maintient
Comme un poupon enrubanné
Délicieuse à regarder, jolie à croquer
Je la tiens dans ma petite main
Je la tiens bien pour qu’elle ne tombe pas dans le sable, et la porte à ma bouche.
Le gout de la fraise se mélange au sel sur ma peau, au froid de la glace, à la douce retenue du chocolat qui croque sos la dent, qui fond sous la langue.
Et devant nous, la mer fraîche et bleue, et derrière nous Clifton House, aux murs blanchis aux portes noires et vernies
Les pieds nus dans le sable chaud, la douce brûlure du soleil sur la nuque
La fraicheur de l’écume
L’église et les mouettes blanches qui rient dans le ciel
La boule rose, l’écume sous la langue
Je suis retournée là bas, et j’ai acheté une glace à la fraise, dans son cornet, avec un ninety-nine. Mais la glace était fade, le cornet était sec. Mais Clifton House avait brulé, mais la plage était vide, mais je n’avais plus huit ans.
La glace n’était plus qu’une glace. Peut-être lui avais-je trop demandé, la pauvre.
Comment avais-je pu penser qu’elle pourrait à elle seule faire resurgir le passé?
2023
Écrire
Elle aurait pu être la combinaison merveilleuse des deux personnalités qui l’avaient engendrée, si elle avait hérité du meilleur de chacune d’entre elles. La douceur de la mère, le panache et l’intelligence du père. Mais les mystères de la génétique, la loterie cosmique ou autre élément aléatoire avait produit un enfant si non décevant, du moins déroutant. Qu’était ce donc cette petite chose blonde aux yeux bleus qui vous fixait si intensément qu’elle générait un malaise en vous? Elle avait été attendrissante au début, mais s’avéra énervante à la longue, et quémandait une attention qu’on peinait à lui donner, même avec la meilleure volonté.
C’est sous leur regard interloqué que grandit Jeanne, avec le sentiment diffus, qu’elle n’avait pas été à la hauteur de leurs attentes. Elle essaya un temps de leur montrer qu’elle était bien assez jolie, bien assez charmante, bien assez pour leur plaire. Mes ses efforts eurent l’effet inverse et un certain détachement de leur part à son égard ne tarda pas à se manifester de façon plus tangible.
C’est sans doute la raison pour laquelle Jeanne se mit à écrire, puisqu’exister ne suffisait pas. Il ne s’agissait pas d’aller voir un psychothérapeute qui lui aurait vraisemblablement dit qu’elle souffrait du syndrome de l’abandon et chercherait les fautifs.
Nul besoin de cracher sur ceux qu’elle avait encensés. Il fallait s’en sortir sans entacher l’image qu’elle avait d’eux. Les laisser sur leur piédestal et chercher une autre histoire pour soi, puisque celle-ci était trop douloureuse et entravait la vie en elle.
On pouvait en écrivant devenir qui on voulait, entrer dans une autre vie, s’imaginer dans la peau d’un autre et changer de perspectives. C’est cette liberté folle de devenir qui la sauva d’elle même, et lui permit à terme de revenir à elle, n’ayant plus besoin de leur regard. C’était tellement simple de changer de référence qu’il lui parut curieux d’avoir mis tant de temps de temps à s’en apercevoir.
LETTRE D’ AMOUR SUSPENDU
Xavier,
Quand tu trouveras ce mot, je serai déjà loin- pas loin du coeur, non mon Xavier, mais loin d’içi
Si je suis partie, bien que cela paraisse la solution la plus lâche, c’est que je n’avais pas le choix. D’ailleurs, l’a t’on jamais vraiment?
Tu auras certainement été surpris de trouver l’appartement vide. Tu n’auras pas vu les signes avant -coureurs , mais vois tu , mon départ n’a rien de spontané: cela fait plusieurs mois que je prépare mes cartons.
Je vais laisser reposer un temps, les pensées qui se bousculent, et tenter de comprendre de quoi il s’agit entre nous. Je te ferai signe quand je serai plus claire, et on verra alors ce qui est possible, et ce qui ne l’est pas.
Je t’aime
Elise
UNE FOIS LES MOTS POSÉS
Il est deux heures du matin , le sommeil ne vient pas et je n’ai plus la patience de l’attendre. Les pensées se bousculent, elles cherchent un chemin, elles refusent de se taire, il faut capituler
Autant se lever et qu’importe si demain je serai fatiguée, et puis, peut être que le temps de la nuit portera ses fruits autrement. Je descends pieds nus l’escalier froid et me rends au bureau au rez-de-chaussée voir si je peux les déposer avant fruits ou pensées qu’elles ne soient englouties dans la somnolence moite d’une nuit sans fin.
Je m’assois au bureau, prends une feuille blanche et mon stylo plume et leur dis voilà : allez y maintenant, je vous laisse libre cours, que cherchez vous ? Le savez -vous au moins ? Quelle est votre inquiétude, qu’avez-vous à dire?
Il suffit de commencer par le début. Quel est ce besoin d’écrire, d’où vient-il?
A cette question, je sens les voies intérieures changer de ton. Tout devient plus supportable : on cherche à donner forme, à trouver les mots, à contrôler un désordre.
Il faut noter, tout garder, ne pas laisser passer un moment opportun, un regain de vigueur et d’inspiration. L’attraper au vol quand il vient. Ne pas laisser le tourment m’envahir, mais le cerner et le remettre à sa place.
Je commence :
« Un Dimanche matin vers 11 heures, j’étais dans ma chambre , la fenêtre était ouverte en ces derniers jours d’été 71. Toute la famille avait déjeuné ; on m’avait appelée mais je n’étais pas descendue. J’écoutais dans la cour d’à-côté le petit Calou et la Françoise qui jouaient .On entendait quelques roucoulements. Au loin, un chien aboyait, une mobylette passait sur fond de silence. Le temps était doux et immobile, mais je ne pouvais pas me lever. Quelque chose dont je n’avais pas encore identifié la nature, m’empêchait de bouger. Un pincement au coeur. Un sentiment étrange, une sensation inconnue jusqu’alors. Qu’était-ce?
Je finis par me lever, la sensation s’estompa mais ne me quitta pas. Ce sentiment, je le sais maintenant, c’était l’effet d’une cassure, d’une rupture, la fin de l’époque bénie oú on ne fait qu’un avec le monde qui nous entoure, où on fait partie du tout merveilleux, tout à coup j’étais séparée.
Tout n’allait plus de soi. J’étais devenue étrangère. Et parce je n’étais plus tout à fait là, il fallait trouver un moyen de ne pas disparaître complètement , et ce moyen, c’était de laisser un trace. Une trace d’encre sur un page blanche, comme des pas dans la neige. Un preuve que quelqu’un était passé par là. »
Une fois ces mots posés, je me sens calmée. Je retourne au lit, les couvertures sont devenues douces et l’oreiller accueillant, je peux m’endormir en paix
2022 Nouvelle
LA PLACE DU PENDU
Prologue
Un matin du 3 février 2002, au 9ème étage du 535 W 43 rd Street, New York Manhattan, Molly-May venait de finir l’étape trois du jeu virtuel VR VOXEL FLY sur son téléphone Androïd, dernier modèle.
Elle leva les yeux vers son Grand-Père, assis à côté d’elle, et lui demanda ce qu’était ce vieux cahier relié, qu’il avait posé sur la grande table de verre du salon.
Richard, avait ajusté ses lunettes à double foyer, regardé sa petite fille avec un sourire mystérieux et avait répondu: c’est l’histoire de la place du pendu,
- La Place du Pendu? C’est un roman d’horreur? C’était qui, le pendu?
- Ne sois pas si impatiente… Si tu veux le savoir il faut écouter l’histoire. Car c’est aussi ton histoire. L’histoire du jour lointain où je suis revenu chercher ta Grand-Mère dans un petit village de France, d’après guerre. C’est là, d’où tu viens Molly-May. Tu sais bien que tu as des origines françaises ; Je l’ai écrite, mais veux-tu que je la lise?
Molly-May avait dit : " oui, lis la moi. Read it to me grand-pa. "
- Alors apprends à être patiente, car en ce temps-là, le temps était lent….
- Lent comme quand on attend ?
- Oui, ou lent comme quand on se pose, un temps hors des temps… Alors voilà , tu es prête? Ça commençe comme ça : je décris l’arrivée au village :
« On était toujours un peu surpris en arrivant aux Armantes. Au début, on ne savait pas trop pourquoi, et puis on se rendait compte que ça venait de la lumière : elle y était différente ; douce et un peu floue, comme si on regardait le paysage à travers une vitre embuée. On s’y sentait tout à coup enveloppés, protégés. On se promenait, on se perdait dans les petites ruelles grises. Les maisons sans âge étaient basses et tordues, recouvertes de lierre. La pierre était moussue et odorante. Les pavés raisonnaient sous les pas et accentuaient le silence, et quand on levait la tête on apercevait le clocher de l’église Sainte Misère qui se découpait dans le ciel et on se sentait en paix.
Mais il y avait un autre silence. C’était celui des habitants dont on percevait la présence, une ombre derrière un rideau. Et ce silence était froid et il nous barrait la route. Dans le bar-tabac sur la place Sans Nom, on commandait un petit rouge et c’était notre propre voix qui nous revenait aux oreilles. On avait parlé trop fort, les habitués s’étaient retournés et dans leurs yeux on pouvait lire une désapprobation muette. Alors on se dépêchait de finir son verre en sentant qu’on n’était pas le bien venu. » Ah, aux Armantes, on y aimait pas trop le touriste, ni même l’individu qui arrivait là par hasard au détour d’un chemin. Bref, on aimait pas l’intrus. »
- Dis donc Grandpa Rich, il y avait une drôle d’ambiance ! et cette place sans nom, elle s’appelait vraiment la Place Sans Nom, avec une plaque et tout ?Ou elle n’avait juste pas de nom?
- Elle n’avait pas de nom. Il n’y avait pas de nom de rues dans le village. Mais j’ai bien aimé l’idée de la nommer la place sans nom. C’était bien pour mon histoire…
- Ah bon, alors tu as un peu inventé ?
- Un peu, tu verras. Déjà, tu vas voir je parle de moi à la troisième personne.
Tu ne dis pas je? - Non, je fais comme si j’étais un personnage.
- Ah oui, on parle du narrateur omniscient dans mon creative workshop, le mercredi… J’aime bien, alors continue s’il te plait.
Richard reprit le feuillet, prenant de l‘assurance à voir l’interêt de la jeune-fille.
« C’est à ce bar, précisément, que Richard s’accouda ce jour-là. Il avait garé sa vielle Dauphine sur la place, il était fatigué, mais heureux d’avoir retrouvé le chemin du retour .
- Le chemin du retour ?
- Oui, tu sais, j’ai quitté mon village natal pour venir ici à New York, c’est là que j’ai commencé mes études d’architecte, et que j’ai pu acheter ce bel appartement. Tu peux dire que ton grand-père est un vrai winner.
- Ah oui, pour ça grand père, toi, tu as vécu le American Dream !
Mais pourquoi tu es retourné au village?
- Je suis revenu pour conquérir ta grand-mère. Parce que je me suis rendu compte en partant, que je n’aimais qu’elle ! Et je voulais l’emmener à NewYork. Mais attends, c’est dans l’histoire…
- Elle était belle?
- Ah oui, et elle l’est encore. Pas de cette beauté américaine, de ces femmes sportives qui font du jogging à Hide Park, mais une beauté discrète et douce… mais je continue :
Il regardait autour de lui d’un air faussement détaché. Il y avait bien quelques vieux qui tapaient la belote, mais pas grand monde en cette fin d’après-midi. Il pensa reconnaître René le garagiste avec sa tignasse blanche qui avait un peu jauni. Le serveur lui rappelait Mathilde la tenancière d’alors. Peut être son fils avait t’il pris le relais ? Les autres étaient de dos. Marcel, Pompon… C’étaient les mêmes, ou bien ?
Il n’osa pas les aborder, et eux, ne paraissaient pas le remarquer. Tu parles de retrouvailles !
Richard était déçu, pourtant, il le savait : on ne pouvait revenir comme ça impunément et s’attendre à être accueilli les bras ouverts. Il était parti aux Etats Unis, autant dire au bout du monde. Il leur avait fait faux bond, les avait trahis même. Il était devenu L’Américain, sans doute.
Alors, pour regagner la confiance des anciens, il fallait des efforts et du temps, du courage aussi.
Et du courage, il n’en manquait pas. Et puis, il était confiant . Après tout, il était bien né ici il y a quelque vingt cinq ans, il avait des attaches. Il resterait quelques semaines chez son vieux père. Le temps qu’il faudrait pour apprivoiser Marie.
- Ah oui, et moi je sais que tu as réussi à la ramener!
- Ça n’a pas été simple, tu vas voir.
Et aujourd’hui donc encore, accoudé à ce bar comme pendant ces cinq longues années loin d’elle, sirotant un petit verre de rouge, c’est à Marie qu’il pensait. Il la voyait, ou il la rêvait dans un présent immuable, sans cesse recommencé. Un arrêt sur image. Une fois, allant au puit, un seau de fer dans chaque main. Avec entrain, puis au retour, plus lente- avec sa charge dans chaque main comme un équilibre lourd. Ses pas faisaient craquer la boue séchée au sol dur du chemin. Elle portait, toute à son labeur. Droite dans sa tâche. Elle veillait à ce que l’eau mouvante des seaux ne déborde pas. Un autre jour, d’été ou peut-être l’hiver. Un corsage de coton, une tunique de lin et ses sabots de bois. Il l’entendait, le long du chemin, venir.
Elle revenait de la ferme où la vache avait mis bas. C’était l’année du vétérinaire de Larmont, ou l’année d’après quand la vieille du Hameau Blanc était morte de chagrin. Et cette nuit d’hiver. Un autre hiver. Quand elle était passée devant sa fenêtre. Il avait entendu son pas résonner dans la petite rue déserte. Sans même la voir, il avait su. Il aurait voulu baiser ses joues rougies, réchauffer ses mains gercées, porter pour elle son panier trop lourd.
Mais elle était passée sans le voir.
Et le temps était passé.
Peut-on dire qu’il soit jamais trop tard? Il voulut croire que non ; qu’il était encore temps. Cette fois, c’est elle qui lèverait les yeux, elle qui lui demanderait doucement: « emmène-moi »
Il dut rester longtemps ainsi dans cette sorte de rêve éveillé, commandant un verre, puis un autre. Et sans savoir pourquoi, cette question était subitement sortie de sa bouche, il n’avait pu la retenir.
Il osa demander :" Marie, elle est là ? "
Les autres vieux l’ont entendu et se sont retournés. Un ange est passé.
Ou un froid. Quelques chose de glacé dans l’air du café : "Marie." On sentait que le nom s’imprimait, raisonnait en eux.
Que lui veux-tu? Laisse-la, donc.
- Ils n’ont pas l’air commode, le vieux de la bas
- C’est le moins qu’on puisse dire !
Alors, ils l’ont regardé et le reconnaissant : "Tu es le petit, fils du Piot, tu as les mêmes yeux clairs". Et Richard de répondre « Oui ». « Alors tu reviens ». « Bah Tu restes ? » " Non je suis revenue pour Marie ".
Alors les autres se sont regardés d’un air entendu. N’ont pas répondu à Richard. Peut-être qu’elle est là, peut-être pas : va savoir ! Puis l’un deux a brisé le silence. "Peut-être qu’elle est ici. Mais qu’est-ce-que ça fait ?" Richard : « c’est que… » Il ne savait pas quoi dire, il y avait tellement à dire. »
- Ils ne voulaient pas te dire où ? elle était
- Ça n’en avait pas l’air! Tu comprends bien Molly-May !
« Il restait là. Les heures passaient. Le bar allait bientôt fermer. Etait-ce un heureux concours de circonstances ou Marie avait-t’elle senti que quelqu’un l’attendait. On ne le saura pas. Toujours est-il que c’est elle qui est entrée dans le café juste avant que Richard ne se décide à partir. Elle a demandé à René son tablier pour qu’elle puisse le réparer. Puis à la vue de tous les taiseux renfrognés, elle s’est tournée. Elle a vu Richard… Il a tourné la tête vers elle. Leurs yeux se sont croisés le temps d’une infime seconde.
- C’est romantique, murmura Molly-May en souriant. Elle était contente de le revoir ?
- Attends !
« Puis comme si de rien n’était , elle a pris le tablier de René, elle est sortie du bar en disant « Bon, je te le répare pour demain » et elle a quitté le bar. Richard est resté là, ne sachant s’il avait rêvé. Les autres étaient un peu goguenards, l’air de dire : tu vois, le petit, ta Marie n’a que faire de toi !
Les jours, les semaines qui suivirent, la vie continua au village, comme toujours, presque comme autrefois. Le garagiste, le boulanger, le fleuriste, les fermiers, chacun vaquait à ses occupations. Mais quelque chose avait changé.
C’était une vibration imperceptible dans l’air.
Peut-être la force du désir de Richard… Les plantes se recroquevillaient sur elles-mêmes, les fermiers plantaient les piquets avec plus de hargne, le boulanger se réveillait trop tôt dans la nuit, et la petite Louise faisait de nouveaux des cauchemars. On avait plus de mal à arracher les mauvaises herbes, comme s’il y avait une résistance dans l’air. Si on avait été superstitieux on aurait pu penser que c’était la marque d’une révolte silencieuse. D’un entêtement. Quelque chose résistait, le village disait non.
Comment auraient-ils pu le savoir ?
- Richard voulait emmener Marie, et le village voulait la garder ?
- Oui, c’est tout à fait ça !
- Et comment tu as réussi à la convaincre de venir avec toi ?
- Écoute Molly-May, j’y viens.
Les jours passaient, et comme les feuillets qu’on arrache sur l’éphéméride, Richard prenait son mal en patience. Il trouva des moyens pour rencontrer Marie, tâchant de ne pas la brusquer. iI faisait en sorte que son chemin croise le sien, le long des petits sentiers de campagne, allant réparer une barrière du coté de la basse-cour du vieux Gédéon où elle nourrissait les poules, lui donnait une chemise à rapiécer , prétextant quelques menus travaux pour la revoir.
Peu à peu, elle se faisait moins distante. Il lui montra même des photos de New-York et commença à lui parler de la vie là-bas. Doucement, elle se fit à l’idée d’un autre monde possible. Son attachement à sa terre, lui disait-il, n’était que résignation et sacrifice inutile. L’idée fit son chemin en elle, et sans qu’elle s’en rendit compte, elle s’attacha à Richard, prenant plaisir à ses petites intentions, qui rendaient sa vie plus belle. Le trouvant élégant, et gentil, plus délicat.
Jusqu’à cet après-midi où, dans la cabane abandonnée d’un berger, près de la forêt des Thomes et de l’étang aux Carpes blanches, il se sont aimés.
- Alors tout est bien qui finit bien ! Ils se sont aimés, et il l’a ramené à new- York comme dans un conte de fée !
- Pas vraiment : après leur étreinte, Marie a dit à Richard qu’elle avait besoin d’un peu de solitude.
- Mais pourquoi? Elle regrettait?
Alors, il est parti? Il l’a laissée dans la cabane?
- Il l’a laissée parce qu’elle lui a demandé. Il allait revenir.
Ils n’étaient pas mariés, peut être qu’elle se sentait coupable. Tu sais à l’époque, ce n’était pas bien vu…
Il est allé se promener, il voulait lui ramener quelques fleurs pour célébrer leur union.
Mais il n’est pas revenu.
- Mais pourquoi?
- Justement, c’est là que tu vas comprendre pourquoi l’histoire s’appelle la place du pendu!
Donc, je reprends :
Il a laissé Marie assoupie dans la cabane du berger, Il voulait lui faire
une offrande pour marquer leur rapprochement…
Richard erra un peu, le long des chemins et prit la route du village, pour passer le temps. La nuit tombait, la journée d’automne s’achevait froide et grise, la Place Sans Nom était déserte. Les villageois étaient rentrés pour la soupe aux croûtons qu’il avaleraient trop chaude, en se brûlant la langue. Mais pour Richard le temps était radieux car Marie l’aimait. Dans ses cheveux restaient quelques brins de paille et sur sa peau un parfum de lavande.
- Mais il y avait des roses ?
Ce n’est pas très vraisemblable à cette saison ! - Tu as raison ! Mais j’ai eu envie que ce soient des roses. Tu sais bien que c’est le symbole de l’amour
- Un cliché en quelque sorte !
- Ne te moque pas, Molly-May. Joue le jeu, accepte que ce sont des roses qu’il a trouvées !
Sur son chemin donc il trouva un buisson de ronces et de fleurs. Richard regarda les roses et se dit qu’elles étaient belles et d’un rouge vif et puissant, vibrantes comme sa joie. Il cueillit les plus belles, les tint sur son coeur en marchant, en courant presque pour rejoindre Marie qui l’attendait dans la cabane du berger. Au tournant de la ruelle du Lavoir il crut percevoir un mouvement et son cour se serra. C’est toi Marie? Personne. Ce n’est que le vent dans les feuillages, pensa-t-il. Il hâta le pas, les roses crispées contre son coeur, mais bien avant de trébucher dans le noir, il sut qu’il était trop tard.
- Qu’est ce qui est arrivé?
- C’est l‘histoire d’un guet-apens
Si quelqu’un avait été témoin de la scène . Il aurait vu quatre vieux donner un
grand coup de pelle au jeune pour lui donner une leçon . Seulement le coup était parti trop fort. Le petit ne bougeait plus.
Les vieux prirent peur et décidèrent de le faire passer pour pendu.
Écoute ce dialogue que j’ai imaginé :
- Tu as tout inventé ?
- Ben oui ! Moi, je me suis évanoui. Je n’ai rien vu
Alors, imagine la scène :
- ah, l’idiot de Flon tu l’as tapé trop fort
- Il ne bouge plus
- Il est mort cré non, bande d’abrutis !
- On va le mettre dans une brouette
- On va le faire passer pour un suicidé en le pendant à l’arbre de la place sans nom
- Tout le monde croira qu’il s’est pendu pour chagrin d’amour…
- Ça s’et vraiment passé comme ça ?
- Je ne sais pas Molly-May, peut-être que j’ai brodé un peu…
- Et Marie alors, qu’est-ce qu’elle a pensé quand il n’est pas revenu ?
Ne voyant pas son homme revenir, Marie crut que tout était perdu…
Le long du Chemin aux Vaches, seule dans le paysage, elle avançait, Elle avait quitté la cabane et se dirigeait vers l’étang aux Carpes Blanches insensible aux ronces qui égratignaient ses jambes nues. Elle était pleine d’une autre douleur. Richard n’était pas revenu, et elle savait que quelque chose était arrivé. Elle avait la certitude d’un grand malheur. Alors, c’était donc l’aboutissement logique d’une histoire qui ne pouvait pas être. Richard l’avait abandonnée.
Maintenant, plus que jamais elle appartenait à ce lieu. Le village avait repris ses droits sur elle. Elle ne partirait jamais à New York. Elle resterait aux Armantes, là où était sa place. Elle en avait la sombre certitude et retenait ses sanglots.
Elle marcha le long du canal jusqu’à la forêt des Thomes, à la clairière et s’arrêta devant l’étang. Elle s’assit sur une souche d’arbre et regarda les eaux stagnantes, puis s’endormit. En songe, elle revit Richard, leurs étreintes dans la petite cabane du berger. Elle revit ses yeux clairs qui la suppliaient. "Viens Marie, je t’emmène loin d’ici. Dans un pays où tu seras libre. Viens Marie, pars d’ici. Pars de cet endroit qui est resté embourbé dans son passé. Je t’offre un avenir. Marie, tu dois saisir ta chance." Elle n’avait pas répondu. Les heures s’écoulaient. On ne sait si Marie rêvait encore ou si elle se souvenait. Ses yeux étaient fermés et de la souche, son corps avait glissé sur l’herbe humide. Quand Robert le garde-champêtre la trouva là, allongée immobile, ses jambes nues et ses longs cheveux défaits, il crut à une apparition. Au fond de la mare de la forêt des Thomes, disait-on, il y avait une créature qui remontait à la terre ferme les jours de brume.
Mais Marie, sentant une présence, ouvrit les yeux, et Robert la reconnut.
« Eh, la petite » lui dit il « faut te couvrir, tu vas prendre froid."
L’homme mit sa veste sur les épaules de Marie et il rentrèrent doucement au village… Lui tendre et bourru, elle fragile et blessée
- Alors pour résumer : ils ont agressé Richard et Marie croit qu’il l’a abandonnée et maintenant, on est le lendemain au petit matin
-Oui, c’est la chronologie
-On ne doit pas perdre le fil de l’histoire !
Au petit matin le boulanger, premier levé, fut saisi d’un sentiment d’étrangeté en passant sur la place, il sentit une présence, un mouvement inhabituel. Il y avait comme une charge dans l’air. Comme aspiré par une force invisible, il s’approcha du tilleul d’où pendait une silhouette, se balançant légèrement au vent. Une branche avait servi de potence.. Elle était noire et se découpait contre le jour naissant. Le boulanger avait poussé un cri et des volets s’ouvraient. Puis quelques lève-tôt en petits groupes et même les écoliers avec leur cartable s’étaient attroupés.
"C’est le pendu du petit matin, c’est le pendu du petit matin comme le dit la chanson. C’est cloche moineau , un petit bègue qui osa s’approcher et qui touchant du doigt le corps sans vie, bredouilla : « mais ce n’est pas un mort. » Lui seul eut le courage de le regarder et vit qu’il n’avait pas d’yeux, mais deux boutons mal cousus à la place des orbites. Deux épingles noires
en guise de regard.
« Claque miteux, mais c’est claque miteux, l’épouvantail à moineau du champs des Veaux « . Ah pendant qu’il pendait à la corde, les merles et les corbeaux s’en donnaient à coeur joie sur les terres du vieux Léon. Mais c’était bien lui, affublé du costume bleu marine de l’architecte. Avec son chapeau de feutre ramolli, la paille jaunie qui sortait de ses manches et sa fausse violette en forme de bouche, mais affublé du costume de l’Amerlok.
Il restaient là incrédules et ne savaient que penser. Ils se regardaient en hochant la tête. Certain souriaient, ou ricanaient. On entend un cré non !mais qu’est-ce que ça veut dire’. Les quatre surtout ne s’en remettaient pas mais ne disaient rien pour ne pas se faire remarquer.
‘Bah ça alors’ .
La vérité semblait leur arriver de très loin, surtout aux quatre qui avaient
commis le crime et pendu l’homme. Pour qu’on le prenne pour un suicidé.
Ils crurent un moment à l’ironie du sort, un tour que leur aurait joué le
bon dieu.
- C’est ainsi que La Place sans Nom devint la place du pendu.
- Mais le pendu, ce n’était pas toi, mais un épouvantail ?
- Exactement !
- Mais comment l’épouvantail s’est-il retrouvé là à ta place?
- A toi de l’imaginer !
- Peut-être que Richard s’est réveillé juste à temps que la corde se resserre. Peut- être a-t-il eu un complice ? On ne sait pas
- Et qui a eu l’idée de l’épouvantail?
- C’est un tour, une farce pour se moquer de ceux qui avait fait une mauvaise action ! Peut être un tour du Bon Dieu?
- Mais le Bon Dieu n’existe pas
- On n’en sait rien, Molly-May…
Il peut prendre différentes formes…
Bon, je finis l’histoire, tu me diras :
Mais celui qu’on avait cru pendre était déjà loin emmenant avec lui la muse du village. Et on entendait son rire éclatant dans le petit matin qui se levait.
Dans les yeux de Marie, Richard pu voir qu’elle emportait avec elle toute l’histoire du village. Et que cette vérité-là lui permettrait de grandir et de se déployer. Un jour, elle marcherait d’un pas léger, presque urbaine à la découverte d’un monde qui toujours changeait. Celui des lignes droites et des rue peuplées. Le bruit des villes, le fourmillement, le confort d’un appartement aux grandes baies vitrées, baigné de lumière. Et qu’elle garderait en elle cette nostalgie, cette force immuable du temps immobile des Armantes avec en horizon l’Église Sainte Misère. Un désir lancinant de retourner au pays. Ce serait sa force. Elle ne se perdrait pas dans les grandes avenues de New York. Elle n’y perdrait ni son temps, ni son âme, car la force immuable des Armantes était dans sa chair.
.
Il regarda une dernière fois dans le rétroviseur, et ne vit plus qu’unpoint minuscule dans l’horizon inversé.
Il esquissa un sourire et pressa sur l’accélérateur.
Molly-May restait silencieuse. C’est fini?
Oui c’est fini.
C’est un peu comme une histoire inventée de toutes pieces
Peut être Molly May, mais il y a aussi du vrai
A toi de démêler le vrais du faux
Et de construire ta légende personnelle.
-Ma légende, dont je serais l’heroine
Oui, pourquoi pas.
Alors on retournera aux Armantes un jour?
Pour que moi aussi j’écrive mon histoire
Richard leva les yeux vers sa petite fille qui déjà reprenait son androïde pour accomplir la mission 4. Mais il se senti content . Comme après l’accomplissement d’un mission. L’histoire était dite, elle se transmettrait pour les generations à venir. Et c’était cela seul qui lui importait.
2024
La nef
Nous glissions dans la nuit,
enveloppés dans une lumière silencieuse,
laissant dernière nous la mémoire
des grands échafaudages de fer,
les tiges et les blocs, la structure élaborée des villes.
La nef avançait, faisceau de verre
émergeant de l'étoile des confluents,
traçant la ligne droite du fleuve
à égale distance des deux rives
comme l'évidence d'une destination.
Au-dessus, dans l'éclat d'une perspective céleste,
flottaient de longs filaments, jaune pâlissant.
Et de petits nuages s’agrégeaient
dans ce moment suspendu
d'avant la dissolution.
La nef avançait
effleurant à peine la surface de l’eau noire.
Elle nous emmenait avec elle
et nous abandonnions toute résistance.
Il aurait fallu que ce voyage fût sans escale,
que la vie fût ainsi :
une traversée, lisse, délicieuse,
d'une légèreté sans corps et sans souffrance,
juste un passage,
une évanescence passante,
déjà passée
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