Mars 2025

 

Je me souviens d' un vaisselier où chaque assiette resplendissait comme une oeuvre d'art, et de l'armoire monumentale qui grince, qui grince… est-ce qu’elle grince encore ? Où êtes-vous ? Et vous la bergère et le ramoneur… êtes-vous toujours sur la cheminée ? Qu' a-t-on fait de vous ? Est-ce mon imagination qui vous a ré-inventés ? Je crois que non.

      C'est au grenier qu'il fallait aller ; enfants, on nous l' interdisait car il manquait une marche d’escalier… Raison de plus pour jouer les aventuriers dans la pénombre, évidemment .

      J'ai toujours en moi la vision d'un chapelet en boules de nèfles jamais retrouvé avec cette envie furieuse de m' y agripper, pour continuer quelque prière interrompue et restée suspendue dans les airs.

       Je pense à ces édredons comme à des nuages rouge foncé dignes de Rabelais et puis surtout à cette couronne de mariée sous son globe de verre, petit sanctuaire, chose intouchable.

      Il me reste de tout cela une sorte d'aura de monde secret, de mystère… une joie douce amère... je ne sais pas pourquoi… ou plutôt si je le sais.

       "Objets inanimés, avez-vous donc une âme, disait le poète, et la force d’aimer ? " 

 

février 2025

 

 L' art c' est pour moi ce qui nous é lève au dessus  de nous même ; c' est l' au - delà comme un grand large . C' est quelque chose de mystérieux , d' indicible , qui voisine avec la mystique ; c' est ce lieu ou' nous réintégrons un espace originel  , quelque ciel oublié ...une beauté disparue dont il ne reste que quelques miettes .On se croyait perdu et voilà que tout redevient possible....mais...écoutez cette histoire :

    C' est au cours d' une répétition de danse très ordinaire que ce danseur sans l'faire exprès a jeté sur moi , sur nous des étincelles et des coulées de lumière vive , comment le dire ? Il a rallumé cette part universelle qui se ré jouit , et de tout et de rien qui pétille. Il a lançé sur nos épaules le voile de la mariée...entendez-vous ?

    La porte est ouverte , sort de ton chez toi trop calfeutré , envole toi et l'  univers il dansera en toi .

    C' est la danse qui enjambe tous les décombres et les jours sombres  , nous donne de rire o'u nous pleurions. 

     Et tout tout celà m' est arrivé un jour quelconque très ordinaire, cadeau d' un inconnu qui ne l' a jamais su .

                                                             

 juin 2024

L’indicible

 

O que le silence est beau !

Il en dit plus que ces mots misérables tous incapables d' un envol...

L'envol ? C'est la danse qui transperce le ciel et qui perce les murs, qui fustige les prisons et de sa main touche l' horizon. 

L'indicible il est là… dans un mouvement tout tremblant qui hésite et qui tranche soudain, plus éloquent qu'une parole…

Et même si je vous aime, vous, les mots, je vous trouve bien balourds, pour exprimer ce je-n'-sais-quoi, ce par-delà, les amours fous, jamais-toujours.

Ce qu’il vous manque ? C'est ce parfum de très grand prix, qu'une Madeleine déversa sans rien en dire ; le mouvement ondoyant de son corps, et cette danse où tout notre être, depuis dedans, il court dehors en grand silence...

Il emplit tout ; et l' indicible, il se respire, il illumine.     

Avril 2023

 

Le matou de maman est partout

le toutou de mamie est parti

le canard bleu de Léonard il est bizarre

et l' oiseau bleu du paradis il est ici .

 

C' est Grenouillette la grenouille

qui se prend pour une gargouille

quand elle croasse bien bien haut

elle se prend pour un...corbeau.

 

Madame la fouine a bonne mine ;

museau pointu turlututu

Elle musarde à tout hasard

tout azimuts l' avez vous vue ?

Madame la fouine

elle a mangé toutes mes tartines ;

 

 mars 2024

 

Grand-père saltimbanque

 

 J'en vois un qui porte une lune noire sur son dos, alors que d'autres portent le soleil sur l'épaule comme elle disait Marie Noëlle… Mais… Que vois je ? Un soleil mal peigné qui, par sa simple présence,  allège cette pyramide qui s' en va cahin-caha ;

   

Ô si tu savais…

Si tu savais, grand-père saltimbanque, on a tu ton existence ; mais tu règnes pourtant.

Tu es à la fois la lune noire et le soleil pour moi, juste pour moi ;

   

Ô si tu savais…

Je te le dis tout bas : je suis fière de toi, d' avoir osé cahin-caha être toi-même ?

D' avoir parlé à mon âme sans l' faire exprès ;   

Tu as laissé derrière toi… tout un cortège qui voyage dans le ciel… volutes de lumière… invisibles sauf pour moi ;

     

Ô si tu savais...

     

Les saltimbanques ? C'est nous, c' est nous !

 2024

Colère

 

Qu' y-t-il dans la colère ? 

Une ferveur à l' état brut… un cri d' amour non entendu

Que sont donc nos colères ?

Des irruptions inopinées de cette ferveur qui est fureur…

Des avalanches, des niagaras, des cataractes,

Une puissance tombée du ciel, droit de naissance ;

 

Que ferons nous de ces clameurs ?

De ces bourrasques nouvelles nées, insupportables et braillardes ?

Car la colère est une guerrière

Au nom du vrai, son étendard fait de lumière 

Elle veut être entendue, écoutée

 

 Cheval sauvage sans cavalier

Qui donc pourra l'apprivoiser, l'humaniser ?

… Mais nous autres, bien sûr !

Pour qu'elle devienne avec amour, avec patience 

Pour qu'elle devienne un jour prière ? 

 

C' est une louve une messagère .

Tout d' un coup un rêve très ancien cogne à la porte de mon coeur. Il s' agit d' un champ de ruines, de vestiges tout noircis autrefois magnifiques , d' un romantisme oublié et désuet. Tout au milieu de ce chaos il y a une paire de chaussons roses d' un satin délicieux et soyeux tout neufs  et qui brille de mille feux ...mais j' en suis sûre , quelqu' un quelqu' une  ...Jean de la lune et compagnie vient les chausser à notre insu .

    Au delà des fantômes et des ombres .elles sont venues les sentinelles du matin , elles vont et viennent entre les demeures célestes et les demeures terrestres .

C' est toujours entre chien et loup qu' elles sont là , entre la nuit et le plein jour ...elles volent et courent , attentives à nous autres les humains  , les sentinelles du matin , pour que jamais nous n' oublions d' où nous venons .

    Elles descendent avec nous dans nos gouffres les plus noires et nous prennent par la main pour nous faire remonter par des échelles de meunier , les sentinelles des matins clairs .

Elle a pris un toboggan sans l' faire exprès , sans réfléchir , par simple curiosité et pur amour de la beauté . C' est aller voir qui l' interesse ... c' est le oui à la vie cette folle amoureuse , et malgré elle .... elle a risqué l' immensité abandonné certitudes turpitudes . 

   Tout est devant , imprévu étonnant et plus grand ; les cuisines mentales sont obsolètes, c' est le temps de l' ivresse oû tout frissonne , un nouveau monde se met en marche....dans le silence un doux vertige ...une bascule...un au delà...étrange chose qui s' empare d' elle sans permission et elle s' y jette sans rien savoir .

   C' est aller voir qui l' intéresse mais qu' est ce que c' est ?

   Il y a là une Présence des avalanches de lumières o'u elle se fond et se confond , des guirlandes de perles suspendues dans les airs , des réjouissances inconnues et puis partout des peuplades jamais vues qui la soulèvent hors d' elle-même , in visibles pourtant , comment comprendre ? Elles chuchotent à son oreille : " içi c' est chez toi , viens ! " 

  Et puis soudain plus rien ...comme Cendrillon elle atterrit et tout autour c' est la grisaille et le banal le patatras...malgré celà, un tison ardent brûle au fond d' elle , qui lui donne des ailes .

   Incorruptible , un Souffle amoureux la tient deboût ; depuis ce jour elle sait enjamber toutes les peurs ;

  Ici rien n' est pareil tout est à faire , à refaire à défaire.Du biscornu du jamais vu en veux tu en voilà ; ce terrain vague c' est mon terroir...et je m' attend à voir surgir un homme hirsute un étranger un p'tit bossu tout mal vêtu tout mal chaussé...un échappé d' une autre vie une vagabonde...une princesse aux pieds nus .

Ou suis je ? suis je donc enfin chez moi ? dans cette nature à l' état brut o'u tout à l' air de s' amuser . La vigne folle elle caracolle ; des roseaux surgissent ça et là comme pour dire " on est là ! on est là ! "

    Je peux sauter d' une roche sur l' autre et libérer une inconnue qui serait moi...O ma toute petite mon enfant , ma fragile celle qui tremble ...celle dont on n' a pas voulu ...cours vole et va sans souci , tout est à toi !

     La voix du rêve elle disait ...elle dit toujours : " On arrête de dire non à soi-même ! "

     Aime là donc cette étrangère , cette intruse qui réclame son dû , la voilà qui respire qui prend vie .