NITA LE PARGNEUX La Page Blanche
Séance du 20 janvier 2025
ART ET ÉMOTION
Du personnel à l’universel, l’art miroir de nos émotions
L’émotion est à la fois une inspiration et une finalité dans la création artistique. Réponse humaine à des expériences émotionnelles, que ce soit à travers la peinture, la sculpture, la musique, la danse, la littérature ou le théâtre, l’art exprime, évoque et transforme les émotions, en créant un langage universel qui s’adresse directement à notre sensibilité. L’art et les émotions sont indissociables. L’art offre à l’humanité un moyen de comprendre ses émotions, de les partager et de les transcender. Il joue un rôle fondamental dans notre expérience humaine, en transformant le chaos des sensations et sentiments en beauté, sens et communication universelle.
I Votre propre rapport à l’art
"Celui qui, devant un tableau représentant un paysage de bruyère, n'entend pas la vague musique du bourdonnement des abeilles, ne sait pas voir, de même
que celui pour lequel la musique n'évoque aucune vision, ne sait pas entendre."
Albert Schweitzer, Jean-Sébastien Bach, Le musicien-poète (1905)
Racontez ce que représente l’art pour vous
ou/puis
Racontez comment, un jour, vous avez été saisi par une oeuvre artistique en particulier
II L’émotion inspiratrice de l’oeuvre
En choisissant l’une des oeuvres proposées :
Vous êtes l’artiste qui, après un événement émotionnel intense (joie, tristesse, colère…), crée son œuvre la plus marquante. Racontez votre vécu sous forme de poème ou de texte argumentatif.
III La couleur des sentiments
Écrivez un texte poétique mettant en rapport les émotions et les couleurs choisies par le peintre en vous inspirant du Baiser ou des Mangeurs de pommes de terre
1IV Le personnage prend la parole
Faites parler Le Cri
« Je suis l’âme humaine dans sa vulnérabilité
Je suis la peur, l’angoisse, la douleur
Je suis le cri intérieur, celui qui ne peut se taire…
V Dialogue imaginaire
Faites discuter deux œuvres d’art (par exemple, un tableau et une sculpture) sur leurs
capacités à émouvoir.
VI Atelier de l’émotion
Imaginez un atelier où les émotions sont sculptées, peintes ou écrites.
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Extraits joints :
"Danser, c'est transcender totalement notre pauvre condition humaine pour participer intégralement à la vie profonde de l’Univers."
Maurice Béjart, Ainsi danse Zarathoustra, Actes sud, 2006
“La danse, un minimum d'explication, un minimum d'anecdotes, et un maximum de sensations.” « La danse n'a plus rien à raconter : elle a beaucoup à dire ! »
Maurice Béjart, Un instant dans la vie d'autrui (1979)
Vincent van Gogh, Lettres à son frère Théo (1872-1890),Gallimard, 1956 :
“Ce que je cherche dans ma peinture, c’est d’exprimer des sentiments humains, des émotions profondes, par des moyens simples. Je veux peindre ce qui vibre dans l’âme humaine, ce qui fait pleurer ou sourire, ce qui nous émeut sans qu’on sache pourquoi.”
“Je cherche à exprimer avec le rouge et le vert les terribles passions humaines. J’essaie de rendre l’idée du repos et du sommeil en peignant un lit, une chambre à coucher par la simple harmonie des tons. Il y a un calme en ce jaune et ce bleu, mais aussi une tension sourde dans ces oppositions, comme si le silence pouvait soudain éclater.”
“Je voudrais qu’à travers mes toiles, on ressente quelque chose de simple et de vrai, comme un regard direct dans l’âme humaine. Une pauvre chaise en bois, une paire de souliers usés, un champ de blé sous un ciel tourmenté – toutes ces choses peuvent parler, si on sait les écouter.”
“Un peintre doit créer avec son cœur autant qu’avec ses mains. Ce que je veux, c’est montrer que, même dans les choses les plus simples et les plus modestes, il y a une grandeur qui dépasse la vie elle-même.”
“Le ciel, pour moi, n’est jamais simplement bleu. Il est un tourbillon de lumière, de vie, et d’étrangeté. Chaque nuance de couleur est une émotion que je ne peux exprimer qu’avec mon pinceau. Peindre, c’est tenter de rendre l’invisible visible.”
« La normalité est une route pavée : on y marche aisément, mais les fleurs n'y poussent pas. »
« Le coeur de l'homme est comme la mer, il a ses tempêtes, il a ses marées, et dans ses profondeurs, il a aussi ses perles. »
Mots de Munch, "Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort » Musée d’Orsay, 2022
« Mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative pour tirer au clair, pour moi-même, mon rapport avec la vie... C'est au fond une forme d’égoïsme, mais je ne renonce pas à espérer qu'avec son aide je parviendrait à aider d'autres gens à se comprendre. »
« La nature n’est pas seulement ce qui est visible par l’oeil — c’est aussi les images mentales de l’âme — les images sur l’envers de l’oeil.
L’art est le contraire de la nature. Une oeuvre d’art ne peut surgir que de l’intérieur de l’être humain.
L’art est la forme que prend l’image une fois passée à travers les nerfs de l’être humain — son coeur — son cerveau — son oeil. L’art correspond chez l’homme à son besoin de cristallisation. La nature est le royaume éternellement vaste d’où l’art tire sa nourriture. »
« Je ne crois pas à l’art dont l’expression n’est pas contrainte par le besoin qu’a l’homme d’ouvrir son coeur. Tout art -littérature comme musique- doit être produit avec notre coeur sanguinolent
L’art est notre coeur sanguinolent »
Marcel Marceau, Histoire de ma vie, Actes sud, 2022 :
“ Le mime est un art au-delà des mots. C’est l’art de l’essentiel. Et on ne peut pas mentir. Il faut montrer la vérité.”
“Communiquer par le silence est un lien entre les pensées des hommes.”
“Le but de mon travail est de rendre visibles les choses invisibles, de révéler les émotions et les pensées cachées.”
« Les souvenirs sont des pigments déposés dans les couches de notre mémoire, dessinant des paysages émotionnels aux couleurs changeantes, vibrants sous l’éclairage de nos sentiments. »
Marcel Proust - À la recherche du temps perdu, 1913
« La vie est un tableau, chaque émotion une teinte. Le rouge de la colère, le bleu de la solitude, le jaune du bonheur : toutes ces couleurs se mélangent pour peindre la toile de l’existence. »
Virginia Woolf - Une chambre à soi, 1928
Van Gogh, Les mangeurs de pommes-de-terre, 1885
Gustav Klimt, Le baiser, 1907
Edvard Munch, Le cri, 1893
Saint Petersbourg, cathédrale St Sauveur-sur-le-Sang-Versé, A.Parland,1883
Versailles, Le Vau 1661, Mansart 1675
Versailles, Le Nôtre, 16615
Alberto Giacometti, L’homme qui marche, 1960
Camille Claudel, L’implorante, 1905
Auguste Rodin, La Belle Heaulmière, 1887
Claude Debussy, Clair de lune,19056JS. Bach Prélude N°6, 1722
Jorge Donn dans le Boléro. Le Bolero (Ravel), Maurice Béjart, 1979
Rudolph Noureev, Apollon, Balanchine, 1974
Gérard Philipe, Maria Casarès, « Les Épiphanies », Henri Pichette, 1947
Le mime Marceau (1923-2007)
Jeanne C.
L’ART
L’art, tel un souffle de liberté,
Nous ouvre un espace sans frontières,
Là où l’imaginaire prend son envol,
Au-delà des murs du réel, il éclaire
Les chemins secrets de l’âme,
Voyageant sans fin dans le temps,
S’échappant des chaînes du tangible,
Pour découvrir des horizons nouveaux.
Il permet de dire l’indicible,
De conter l’invisible et l’impensable,
Les drames, les absurdités de la vie,
Afin de transcender notre fragile condition,
Et d’élever l’humain vers l’infini.
L’art, fenêtre ouverte sur l’âme,
Plonge dans l’inconscient collectif,
Dans un langage de symboles éternels,
Révélateurs des archétypes enfouis :
Le héros, la mère, l’ombre secrète,
Qui résonnent en chacun de nous,
Témoins d’une humanité partagée,
Au-delà de nos différences, unis.
DIALOGUE entre LE CRI de Munch et le MARCHEUR de Giacometti
Ne me vois-tu pas, moi, Le Cri de Munch ?
Je suis la peur, l’angoisse qui consume l’âme.
Je hurle, mais nul ne m’entend.
Ne vois-tu pas ? Le ciel saigne, la terre vacille,
Le monde se dissout et moi, je sombre dans l’abîme.
Regarde-moi, je suis L’Homme qui marche de Giacometti.
Vois mon corps frêle, ma silhouette étirée par le temps.
moi aussi, j’ai hurlé ma douleur et vu le monde s’effondrer sous mes pieds,
Regarde moi, j’ai décidé d’avancer.
vois comme mes pas résonnent dans l’éternité,
Parce qu’exister, c’est ne jamais cesser d’avancer.
Nita LP
L’atelier des émotions
L’espace est vaste et clair ; une large verrière en illumine le centre d’une lumière crue et intense, s’estompant en ombres plus ou moins diffuses dans les angles et les alcôves… L’air limpide et frais, l’atmosphère sereine à quelques exceptions près, sentent l’abrasion de la poussière de marbre, la térébenthine entêtante, une suave émanation de sueur propre. Mais on y respire surtout le désir, la création, le désir de création. Est-ce une ruche ? Chacun s’y affaire passionnément, absent au groupe mais si présent à l’oeuvre… Son oeuvre ! Chacun travaille ardemment, puisant au profond de lui-même l’émotion qu’il veut faire vivre, faire sortir d’un bloc de pierre, d’une toile vierge ou du brouhaha encore difforme de mots suspendus dans l’espace et le temps.
Au fond de l’atelier, des cahiers ouverts, attendent les mots qui, bientôt, les noirciront d’une encre fertile et souveraine ; un poète, stylo levé, le regard perdu dans l’espace de son rêve interroge l’expression, apprivoise la rime qui diront le coeur de son être, l’essence de sa foi, l'enrichissement de ses incertitudes… Ici, la vie se déchiffre sur le front, dans les yeux, sur les sourires émerveillés avant de se lire bientôt dans les phrases et les enchainements, doux à l’oreille, des extases lyriques.
Près de lui, mais dans un autre monde, c’est dans une souffrance suffocante que Jean de la Lune cherche les mots de l’indicible. Il aime, il a mal, son coeur saigne, il voudrait que ce sang couvre l’immaculé de la page, noie sa déchirure et qu’une coulée de lave bouillonnante écrive la flamme qui le dévore.
Il souffre, il attend l’écriture qui va, avec furie, le libérer de son emprisonnement.
Quand enfin, les mots arrivent à son esprit, sa plume les couche sur le papier, il ne la maitrise pas, elle règne ! Il la laisse aller et découvre alors toutes les émotions qui grondent en lui et qui s’écoulent maintenant comme une source vive. Peu à peu son être recouvre une liberté perdue, il nomme, il donne nom, il donne vie… Son esprit embrumé s’éclaircit doucement, délivré de ses chaines il respire à nouveau.
Près de la fenêtre, une prière va naître d’un bloc de marbre blanc de Carrare… L’homme souffle , il souffle d’un expiration si exaltée qu’elle en devient divine… Sa poitrine se gonfle, les muscles du bras se bandent et dans un ahanement presque bestial, il insuffle sa fougue et son génie au ciseau qui s’anime dans la virginité de la pierre. Il reprend haleine et réitère son geste, touché par la grâce : le sculpteur savait qu’un corps de femme vivait secrètement dans cette masse informe, implorant la vie et les hommes. Il la trouve, il la met au monde, elle vit, elle prie ce monde de l’écouter et surtout d’entendre sa douleur. L’homme exulte, il transmet son émotion, son bouleversement, il immortalise l’âme humaine dans sa sublimation.
Dans un geste bien différent, son voisin modèle une argile tiède et sensuelle… C’est dans une caresse à la terre qu’il fait naître la douceur des courbes, exprime la délicatesse de la peau… Ses doigts se souviennent, ses mains, enfiévrées de désir, étreignent la forme qui prend vie dans l’élan de son âme. L’homme est submergé de tendresse, dans l’offrande et la souplesse de la glaise humide, le temps n’existe plus, il a vingt ans, il se rappelle…
Face à son chevalet, un peintre barbu et roux, tremble devant une large toile blanche… Ses traits apeurés grimacent, comme un animal traqué, il est figé dans une posture d’affolement intérieur qui le paralyse … Il est presque effrayant de douleur sourde et asphyxiante…
Sa palette regorge de couleurs vives et violentes, comment va-t-il les poser sur la blancheur pure pour libérer son
angoisse ?
« Peindre, c’est tenter de rendre l’invisible visible », Vincent, tu en es mort ! Lui, qu’en fera-t-il ?
Il veut peindre ce qui vibre dans l’âme humaine, ce qui émeut. Alors il prend des couleurs ardentes, dessine des membres tordus, des troncs décharnés, des visages vides aux regards aveugles ; un sanglot sourd sort de ses pinceaux et prend forme sur la toile, c’est le cri muet de l’homme en marche vers sa mort.
Pourtant il faut vivre !
Alors, avec un bleu limpide, un jaune éblouissant , il esquisse un ciel clément, les rayons de lumière d’un soleil qui sourit… là-haut… pour sauver l’humanité.
François G.
Chapeau l'artiste !
A la base, il n’était pas vraiment un artiste.. Tout juste sensible aux belles choses.
Pour être un artiste, il faut du travail, beaucoup de travail et plus encore, mais pas que !
Seul, le travail ne suffit pas, il faut je pense autre chose, un truc en plus, le don.
- Virtuose, prodige pour la musique. Exemple de jeunes enfants maitrisant parfaitement un instrument (avec ou sans l’acquisition du solfège d’ailleurs).
Idem pour la peinture, le dessin, la sculpture.
Sans oublier l’écriture bien évidemment!
Pour lui, le travail ne représentait qu’une partie de la réalisation.
Une fois que nous faisons ce constat, nous n’avons pas dit grand-chose d’ailleurs.
Fort de ces éléments, il avait essayé de se rapprocher de ce monde quasiment inconnu.
Autrefois, il avait appris à réaliser différents sujets, différents thèmes à partir de la technique de la gravure sur métal (les eaux fortes).
Les principaux sujets étaient surtout la représentation des métiers
d’autrefois.
Je pense particulièrement à de vieilles gravures en bois du moyen âge.
-Des vieux bateaux
-Différentes gravures religieuses
-Différents attelages etc..
A défaut d’être de l’art, ces réalisations étaient plus proches de l’artisanat d’art.
L’absence de don particulier était compensée par une recherche esthétique, de précision, de méticulosité.
Seul moyen je pense, pour susciter une émotion. Seul l’artiste peut provoquer une telle réaction….
A partir d’un modèle dessiné sur une plaque de cuivre, protégée par un vernis spécial, cette plaque était immergée dans un bain d’acide.
En fonction du temps passé, de la température, de la concentration, les résultats pouvaient être très différents.
Suivant l’effet recherché, l’utilisation de différents vernis permettaient de finaliser les sujets.
« La beauté est dans le regard de l’autre » ! (Jean Philippe Hébert)
Moi aussi j’étais un artiste
03/25
Christine H.
De l'Imposture...
Mes toiles c'est MOI !
Mon sang, ma haine, mon amour, mon art
Je les griffe et les graffe, les caresse, les sature
Je baratte la matière, j'en expurge le babeurre
J'empoigne la masse grasse que j'étale à foison
Et balance de la vie aux quatre coins de l'oeuvre
Regards condescendants de censeurs étriqués
Mon âme guide mon bras armé pour le combat
À mains nues je tatoue un monde suspendu
Entre visions insanes et délires décapants
Réalité flottante de fugaces impressions
Sous des formes incongrues criantes de nouveauté
Sourires dubitatifs à peine esquissés
Et ça vibre et ça claque mais ça chuchote aussi
Ça bruisse de vérité dans la torpeur de l'ombre
Ça dévoile l'envers d'un décor convenu
Un soleil noir enlumine la face cachée de l'être
L'inconscient s'en délecte, il peut enfin parler
Ironie affichée pour combler l'ignorance
Je m'échine à fouiner sous les jupes des secrets
Ces jupes bien serrées sur des richesses enfouies
Bien plus affriolantes que l'image sans relief
D'un réel maussade usé par des regards
Empreints de cécité à force de s'égarer
Venimeuse rumeur de la meute arrogante
J'épuise toutes mes forces jetées dans la bataille
Pour nourrir votre esprit d'un ailleurs insolite
Où vous pourrez errer jusqu'à n'en plus finir
Dans les vapeurs glauques de l'orgie chromatique
Aux insolents remugles de scandale présumé
L'imposture est brandie dans un rictus haineux
Imposteur, pourquoi pas? C'est me faire trop d'honneur
Besogneux créateur me paraît moins osé
Enfant illégitime de l'inspiration folle
Votre jugement m'enchante et me hisse au sommet
D'ailleurs, si imposteur il y a, venez donc m'imiter
Mes toiles c'est MOI !
Sylvie Berthuit-Paterson
mars 2025
Les mangeurs de pommes-de-terre, Vincent Van Gogh
Je me souviens des pommes de terre de VAN GOGH,
une ambiance sombre ,
dans la masure, dans une intimité,
un lieu fermé, tableau aux couleurs sombres,
et pourtant réconfortant,
dans la masure,
la famille pauvre mange des pommes de terre fumantes.
Ils sont nourris, ils se nourrissent de la pomme de terre chaude,
et ils sont ensemble dans la vapeur de ces pommes de terre
sous la lueur d’une bougie ou d’une lanterne.
Sombres, noirs comme une ombre d’où sort la lumière.
La patate chaude à la bouche,
la lueur de la lanterne et nos corps fatigués après le labeur.
Le réconfort, nourris par la pomme de terre.
Nous sommes ensemble blottis, nos corps fatigués ,
nous sommes ensemble et nous mangeons.
Nous sommes intimes,
nous sommes chaleur,
nous nous tenons chaud ensemble.
La famille autour de cette table pauvre,
et nous sentons en nous le réconfort, après le labeur.
La masure est grise, noir le fusain,
et nous traversons le noir et le graillon
jusqu’à la vapeur de la pomme de terre chaude qui réchauffe et nourrit.
Le simple plat d’après le labeur,
et les corps fatigués réunis autour d’une table.
C’est la cérémonie.
Nous sommes animaux qui nous tenons chaud sous les durs climats, la condition.
Nous sommes instinct qui cherchons la chaleur de l’autre.
Nous sommes cueilleurs et mangeurs.
Nous survivons ensemble, nous somme tribu autour du feu de bois. Nous nous tenons chaud.
Nous ne sommes qu’un.
Nous sommes d’une souche, enracinés ensemble,
Vivants sous la lumière chaude qui traverse le noir,
nous sommes doux sous notre peau noircie par le labeur,
nos mains tordues ont de la grâce.
Nos bouches mangent et nos corps sont vivants.
Dans l’espace noir et pauvre luit la force qui nous unit, une douceur.
La douceur d’un privilège ou d’un abandon.
Le repos, le mérite de la pomme de terre qu’on porte à sa bouche. Chaque soir, ou chaque nuit, après le labeur.
Le corps nourri par la pomme de terre.
Le coeur réchauffé par la chaleur de l’autre.
La paix, la douceur un instant avant le coucher et l’oubli,
et demain, le recommencement.
3 mars 2025
Annick S.
Les mangeurs de pommes de terre
Il y a la misère, la misère noire, la misère de la vie, où la détresse enferme chacun dans le mutisme. Où rien ne peut se manifester que le manque. Où la lumière, avare d’elle-même, éclaire à grand-peine des visages fermés. Où l’on sent que tout essai d’interrogation, d’échange (regardez les deux personnages de face) est voué à l’échec. La mère le sait bien, qui, à son âge, ne regarde plus personne, qui ne mange même plus, ou à peine, pour survivre, et sert à sa famille une mauvaise chicorée. Ils sont tous amaigris, le repas devrait être un moment de détente, au contraire, c’est un moment d’anxiété, de résignation, de perte d’espoir. L’un des personnages, la jeune femme, esquisse une interrogation. Mais non, ce sera toujours comme ça. Personne ne la regarde, il n’y a pas de réponse. Il est déjà surhumain de se maintenir en vie. Un instinct, sans doute, même pas une volonté, une fatalité inéluctable plutôt. Ce sera toujours comme ça. Ils ne feront rien pour mourir plus tôt que leur terme. Ils ne pensent sûrement pas qu’un suicide est possible. Le suicide, c’est pour les gens riches. Eux, ils ne pensent plus rien. Jour après jour, ils vivent ainsi. Il n’y a même plus de désespoir, le désespoir n’est là que quand il y a imagination d’autre chose. Un jour qu’ils ne choisiront pas, ils mourront, c’est ainsi que tout finit. Ils ne changeront rien, ils ne sont pas loin de la nuit.
Et pourtant, il y a là une petite fille. C’est elle l’interrogation du tableau,
l'interrogation de leur misère. Elle est de dos, elle est trop jeune, il faut attendre
encore un peu qu’elle grandisse. A travers ces ténèbres, arrivera-t-elle à se choisir
un avenir ? Où seulement à en vivre un ? Elle n’a pour toute richesse que son enfance,
à la fois force et fragilité. Les palais et les cathédrales lui donneront-elle de la volonté
contre son destin ? Ou bien l’écraseront- ils ?
On est dans la longue nuit du nord, Et un Cri est poussé. L’emblème du cri qui
anéantit d’angoisse la terre entière, qui interdit tout espoir. Un cri définitif.
Mais de cet avenir, il y a peut-être l’amour qui submerge, qui prend tout, qui
illumine la vie, lui donne couleur et reflets dorés. Mais sera-t-il lui aussi assez fort ?
L’amour, plus passager que la misère, souvent… Mais quelquefois qui fait des miracles ?
L’amour dans lequel on veut croire et qui pourtant est si rare ? L’amour, une illusion.
Souvent, mais, pas toujours…
L’amour après lequel on se retrouve souvent implorante et plus misérable
qu’avant, mais pas toujours…
L’amour, capitale de la douleur, mais pas toujours…
Où que l’on soit au bord du gouffre, est-il possible d’attendre la naissance du
jour ?
Mars 2025
Anne V.
La conférencière et le baiser de Klimt revisité.
Bonjour,
Je rentre à mon insu dans une intimité qui me met mal à l’aise pour vous la détailler.
Je ne suis pas particulièrement prude, mais me méfie simplement de l’époque procédurière dans laquelle nous vivons.
Éblouie par la splendeur du tableau, mon regard se fait plus attentif.
Une sensation étrange me submerge et me bouleverse. Et, comme une évidence, ce que je n’avais pas vu m’apparaît :
La tendresse de l’amour d’un fils pour sa mère.
Je perçois vos sourires moqueurs, j’entends vos ricanements liés à la perversité humaine. Je ne suis pas naïve.
Pourtant, il n’y a pas d’inceste. Ce baiser est chaste et pudique.
L’ornement d’or qui revêt les personnages nous prouve la richesse et la pureté de cet échange.
Des rectangles sombres pour l’homme mettent en évidence sa rigueur, sa solidité et son sérieux.
Des motifs circulaires pour la femme laissent deviner sa douceur, sa bonté et sa générosité. Du rouge pour son cœur montre son émotion.
Elle s’est agenouillée pour se blottir contre lui, puis l’enlace de ses bras pour mieux le retenir et figer cet instant. Debout, elle le dominerait encore.
Cette mère est blafarde et mélancolique. Elle sait ce qui l’attend. Son fils va la quitter. Les rôles sont inversés.
Dans une prairie fleurie, presque le paradis, son enfant a grandi.
Il cache son visage et puis retient ses larmes.
Affectueusement, il a recouvert sa maman de son manteau peut-être pour la protéger.
La couleur bronze du mur ne nous laisse pas de marbre.
L’amour est un langage universel et un baiser donné avec sincérité provoque toujours un sentiment gravé dans la mémoire.
Symbole du bonheur éternel.
Edvard Munch, Le cri
Je suis puissant et fort!
Au début, j’étais un peu timide ou plutôt réservé.
Mais tous les jours, il me montrait ses œuvres d’art et j’absorbais comme une éponge l’intensité de ses émotions : sa tristesse, sa joie, sa mélancolie… Je m’extasiais et me manifestais en regard de celles-ci.
Il ouvrait grand la bouche et du plus profond de ses entrailles je surgissais. J’étais de plus en plus guttural devant ses tableaux devenus terrifiants. J’avais pris de l’assurance. On m’entendait de loin, de très loin. J’en étais fier.
Ce jour-là fut différent.
Alors qu’il commençait à se boucher les oreilles.
J’aurais pu lui percer les tympans, tellement il m’avait transformé.
Je fus si violent que son cœur le « lâcha ». Sans doute une crise cardiaque.
La douleur et la peur provoquèrent un état de sidération et lui bloquèrent tous ses muscles m’empêchant d’intervenir.
Malgré tous mes efforts, je fournis un hurlement muet.
Je n’étais pas frustré, mais simplement déçu qu’il me prive ainsi de ma liberté d’expression.
Quand il expira, pour toute consolation, j’ai eu le dernier mot:
Un petit râle si bref et si fugace qu’on ne m’entendît pas.
Je suis devenu silence. Toujours puissant et fort!
Mars 2025
Jean-Louis D.
Les mangeurs de pommes-de-terre, V. Van Gogh
La lumière crue sculpte au burin
Les ombres et lumières
De ces visages marqués aux traits grossiers.
Le peintre use ici d'une palette étroite
Où dominent les couleurs terre
Rappelant par là l'essence même des personnages.
L'ambiance est créée par les nuances claires obscures de l'éclairage.
Du plafond descend une lampe à pétrole
Dont la lueur de la flamme,
Qu'on devine vacillante,
Rebondit sur l'abat jour métallique
Mettant ainsi en pleine lumière
Au centre de la scène :
Le plat de pommes de terre.
C'est ce même plat de pommes terre
Qui, à son tour, éclaire les visages
Des personnages présents,
Laissant deviner la vie dure de ces paysans,
Aux traits marqués, aux expressions muettes,
Mais semblant en dire tant.
On sent sans la toucher
La rugosité de la toile grossière
Dont sont faits leurs vêtements.
Nulle lumière ne parvient des fenêtres.
L'atmosphère suggère la pose du dîner du soir
Après une longue et dure journée de labeur.
Trois femmes ,dont une semble encore une enfant,
Et deux hommes, donc peut-être une famille,
Se partagent ce plat de pommes de terre,
Accompagné d'une tasse de café,
A moins que se ne soit qu'un vulgaire ersatz ,
Seul moment un peu réconfortant de la journée.
Certes, si Vincent Van Gogh devint par la suite
Le peintre de la couleur, et même des couleurs,
Possiblement sous l'impulsion de son frère Théo,
Il réussit, dans ce tableau des mangeurs de pommes de terre,
Avec une palette étroite et des couleurs sombres,
A nous faire ressentir les sentiments et émotions
De ces "gens de peu"
Autour de ce repas modeste mais partagé.
02/2025
Christine H.
La Femme qui pleure
Quand les mots se terrent dévorés par l'angoisse, quand on triche jusqu'à la nausée pour préserver les apparences, quand on ne sait plus ni vivre, ni mourir, au-delà de la sidération, l'art a ce pouvoir magique de nous réconforter.
Très éloigné des conventions, sachant si bien parler à notre oreille parfois au mépris de toute bienséance, il console en silence.
En ce jour gris, mi-figue mi-raisin, le musée Picasso expose son opulente collection. Bousculée par une foule effervescente, un peu perdue, noyée par tant de représentations du monde, l'esprit absent, je déambule mécaniquement d'une œuvre à l'autre.
Pourtant, à l'écart du brouhaha, près d'une large fenêtre, je me fige, interdite. La Femme qui pleure est là, face à moi, à ma hauteur. Son regard m'éclabousse. Il perce mon secret. Elle, c'est moi, portrait d'une femme au visage déstructuré, reflet d' une violente tristesse. Une immédiate sororité s'installe.
Ce tableau raconte l'ensemble de ce que je n'ai pas pu, ni su dire : la vie fracassée par l'effroi, la lutte pour repousser et la peur et l'espoir, le chaos qui rend mutique, la déflagration mortifère.
La Femme devient l'incarnation du désespoir. Face et profil mêlés aux teintes vives trop crues basculent vers l'exsangue. Ses traits déformés par un lacis de lignes anguleuses, acérées, coupantes, enserrent sa bouche torturée, couleur de deuil, couleur de cendre. Ses doigts crispés agrippent un mouchoir dérisoire rempart contre les spasmes de la détresse.
Tout dans ce visage fracturé m'exhorte à arracher le masque du simulacre. Cette Femme plaide pour ma liberté. Longuement, je l'observe. J'écoute ce qu'elle me confie. Je comprends que je ne suis plus seule. Elle m'autorise à ne pas sourire. Portée par son regard lourd de larmes, je m'arroge le droit de crier ma vérité. Non, rien ne va. Non, je ne serai plus jamais heureuse, jamais plus comme avant. Cette sœur de combat allège mes épaules du poids des faux-semblants. Soulagée par cette dénonciation si juste de l'indicible, je me repose de moi-même.
J' accepte enfin d'exprimer la souffrance à laquelle je ne pouvais consentir.
La douleur universelle de La Femme qui pleure permet à la mienne d'être légitimée.
Josette
Février 2025
L' art c'est ce qui nous élève au dessus de nous-même ;
c' est l'au-delà comme un grand large .
C'est quelque chose de mystérieux, d'indicible, qui voisine avec la mystique ;
c' est ce lieu où nous réintégrons un espace originel,
quelque ciel oublié ...
une beauté disparue dont il ne reste que quelques miettes .
On se croyait perdu et voilà que tout redevient possible...
Mais... écoutez cette histoire :
C' est au cours d' une répétition de danse très ordinaire que ce danseur sans l'faire exprès a jeté sur moi , sur nous des étincelles et des coulées de lumière vive, comment le dire ? Il a rallumé cette part universelle qui se réjouit, et de tout et de rien, qui pétille. Il a lancé sur nos épaules le voile de la mariée...
Entendez-vous ?
La porte est ouverte, sors de ton chez toi trop calfeutré, envole-toi et l'univers, il dansera en toi .
C'est la danse qui enjambe tous les décombres et les jours sombres, nous donne de rire où nous pleurions.
Et tout, tout cela m' est arrivé un jour quelconque très ordinaire, cadeau d' un inconnu qui ne l' a jamais su .
Sylvie P.
L’ART
L’Art , comme la racine d’un arbre qui doit pousser et déformer le carcan du béton au détour d’une rue.
Doit sortir du chaos ou du vide, émerger de là où on ne l’attend pas.
C’est ce qui touche à un endroit du coeur et réveille la vie en toi qui dormait.
Cela peut être tout un art de s’éveiller un matin, ouvrir grand les fenêtres, et voir le jour pour la première fois.
Soudain réaliser la présence de la courbure de la feuille, du glissement d’une goutte sur un miroir de givre.
La buée de ta bouche.
La vapeur de la soupe chaude quand ton ooeil capte et retient une forme.
A travers cet oeil, soudain, qui s’immerge d’une couleur que tu avais oublié.
Et de l’oeil, passe au corps qui frissonne d’une lumière nouvelle.
21/02/25
Viviane
Émotion inspiratrice de l’œuvre
Sur cette feuille de format standard, il nous est proposé tant d’émotions !
Comment traduire ce que l’on ressent
alors que tout est cadré, mesuré, aseptisé !
Mon regard va, rapide, interloqué de l’une à l’autre sans pouvoir s’arrêter.
c’est une ronde... une fuite... ne pas chercher à traduire, à mettre quelque chose de moi.
Pourquoi ? cet édifice religieux et cet immeuble urbain se courbent-ils,
essayant de se rejoindre...
au-dessous, un canal indifférent à cette improbabilité.
Une eau dormante, lit d’un rêve mythologique doré,
des arbres bien alignés, une pelouse lustrée.
loin... si petit, comme inoffensif, mille fenêtres pour mille courtisans,
la puissance de l’homme, ferme l’horizon.
le pouvoir, la magnificence, le point vers qui tout converse.
Dans cette abondance de couleurs...
Menu, fragile, le visage de la femme,
paupières baissées, lèvres en-ouvertes.
de son bras, main un peu crispée,
elle enlace, invite, l’Homme…
son autre main aux doigts souples le retient,
guide cette force large et rassurante.
Regarde ! CE CRI ...
Corps tordu, mains sur les oreilles,
bouche béante dont il ne sort aucun son !
Attendu comme un accouchement,
ce silence hurle à mes oreilles.
nos yeux cherchent l’improbable secours de ces longues silhouettes,
hautaines dans la lumière du soir.
C’est l’image d’un cauchemar...
on ne peux crier, sa peur, ses tourments.
Une pièce aux murs verdâtres, une lampe à huile les éclaire et les unit.
La mère harassée, verse une boisson pour chacun,
elle semble absente, c’est un geste de chaque jour.
Son compagnon aux cheveux blancs, traits burinés,
lui tend timidement son unique morceau de pain.
Sous cette coiffe blanche qui complète l’unique éclairage,
le visage d’une jeune femme,
ou la grâce est remplacée par la ferveur du regard vers ce jeune homme,
que d’espoir, de questions sans lendemain !
Encore vêtu de son uniforme, il est absent, silencieux,
visage modelé par les réalités de la vie.
Les yeux demi-clos, il regarde sa mère,
mange pour ne pas répondre à leurs questions silencieuses.
Le plat de pommes de terre est discrètement présent,
une légère vapeur s’en échappe, auréole la fillette.
Elle est là, tout de noire vêtue,
c’est elle la clé de ce tableau,
difficile de la deviner,
garde-t-elle encore le visage doux de l’espoir,
pommettes rosies par le vent, regard brillant,
en silence, elle fredonne « ah , ca ira, ça ira »
Annick S.
3-2-25
L’art, c’est tout… Mais encore….
L’art ne faisait, enfant, pas partie de ma vie. C’était un surplus inutile, tellement inutile qu’inconnu. Chez moi, on s’occupait des vrais problèmes, ceux de la vie réelle. La « vie réelle » me laissait songeuse, c’était donc ça, la « vraie » vie ? Pourquoi, dans une maison sans livres, me suis-je mise à lire passionnément ? Sans doute, pour voir comment était la vie des autres.
Et puis, en grandissant, et puisqu’il fallait me donner quand même une bonne éducation, je fus inscrite aux Jeunesses Musicales. La musique s’ajouta à la lecture. D’autant que, par chance, les adolescents entraient dans l’ère des premiers Teppaz…
Puis, au lycée, j’apprenais d’autres civilisations que la nôtre. Cela entraîna les premières visites au Louvre.
L’art était entré dans ma vie et me montrait le monde… Le vrai monde ? Qu’est-ce qui est vrai dans un coin de campagne : la vision du botaniste, le labeur de l’agriculteur, le plaisir du promeneur ? Ma vie s’agrandit sérieusement.
Les années ont passé, et l’art a continué à élargir ma vie, à m’aider à lui trouver un sens aussi, puisqu’il faut bien que mon passage ici-bas soit signe de quelque chose que seule je peux trouver… ou tout du moins chercher.
Maintenant, l’art m’accompagne quotidiennement sans que je m’en sois réellement aperçue. Je ne vais pas bien, ce matin ? Les Roses d’Othoniel me feront cadeau de l’énergie de ma journée. Une réalité trop pénible ? Le bateau d’Alechinsky, qui au loin déroule sa fumée, m’emmène sur l’infini des océans. Et pour traverser l’obscurité et la cruauté de notre temps actuel, l’Homme qui marche de Giacometti me transmet sa détermination, sa volonté, sa ténacité. Beethoven n’est jamais très loin non plus.
Que serais-je sans eux pour tisser ma vie, telle la Dentellière ?
fév 2025
Jean-Louis D.
Ainsi que Boris Vian affirmait :"l'humour est la politesse du désespoir, je dis que l'art peut maquiller la banalité voire de la laideur.
J'aime ces calligraphies aux milles formes et couleurs qui recouvrent les murs décrépis et hideux.Les paysages urbains sinistres défilent sous mes yeux hagards dans le train de banlieue bondé qui m'emmène au bout de nulle part.Un gorille énorme aux yeux exorbités et aux lèvres lippues rouge écarlate jaillit soudain de la bouche d'un tunnel.On appelle cela le street-art...
J'aime le coup de trait épuré tracé d'une main sûre et habile sur les parois obscures de la grotte qui en deux courbes fait revivre le bison déchainé.
J'aime la touche empâtée du pinceau de Toulouse-Lautrec qui m'invite dans ce bordel aux odeurs acres et couleurs crues.
J'aime les dessins en noir et blanc de Tardi des tranchées de 14-18 ruisselantes du sang de toute une génération fauchée en pleine jeunesse qui me prennent aux tripes.
L'art ici,essentiellement sous sa forme graphique me fait revivre et peut-être accepter une grande partie de la misère humaine en la repeignant de son vernis poétique.
Fév 2025
Michel C.
« J’ai ressenti…»
J’ai ressenti une émotion artistique en peignant des aquarelles.
La difficulté de l’aquarelle en rebute plus d’un.
Sur le plan technique, doivent s’acquérir de nombreuses compétences, et notamment dans la composition
des couleurs (« synthèse additive »), et le respect des lois du déplacemrnt de l’eau sur une surface plus ou
moins perméable.
Des compétences nécessaires, mais non suffisantes.
La « valeur ajoutée » s’appelle au hasard, chance, ou inspiration (souvenons-nous du mot d’Einstein :
« 5% d’inspitation pour 95% de transpiration »).
Un « je-ne-sais-quoi » enfin, dont résulte l’oeuvre fidèle, juste, et pertinente.
J’ai bien souvent gribouillé des aquarelles, en m’efforçant de respecter les leçons apprises « par cœur » :
esquisse au crayon des lignes de fuite, et de force, apport d’eau, masquage, puis couleurs, retrait du
surplus, séchage naturel, ou artificiel, puis, à nouveau re-mouillage, re-couleur, etc…
La plupart du temps je n’atteignais qu’un état de satisfaction tout juste moyen.
Et puis, parfois, je ressentai une vague de jubilation, l’oubli du doute, et de ce que le travail suppose
d’efforts.
Et (surtout), je lisais de la complicité dans le regard de mon juge, qu’il soit « qualifié » ou « profane ».
MC,
le 3 février 2025
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