La Page Blanche
2024 -2025
NITA LE PARGNEUX
LA MAISON
I Maison et intimité
« Toute maison est une topographie de notre être intime. La maison, plus encore qu’un paysage, est un état d’âme. Même reproduite dans ses détails extérieurs, une maison imaginée par un poète n’est jamais une coquille vide. Elle est habitée dans le passé ou dans l’avenir. »
« Le bien-être dans une maison solitaire nous prépare à la rêverie, à une sorte de communion avec nous-mêmes. Dans le silence d’une demeure, l’imagination peut se déployer librement. »
« Le véritable chez-soi est celui qui donne à l’imagination la liberté de vagabonder, où chaque recoin, chaque objet, devient le support d’une méditation intime. »
« La maison est un instrument de rêverie et, sans elle, l’homme errerait dans le monde sans retrouver les images profondes qui structurent son être. »
Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957.
- Sous forme de poème en prose (ou en vers), votre personnage parle intimement de sa maison. Comment cette maison reflète-t-elle sa personnalité, ses rêves ou ses luttes ?
II Maison et Souvenirs d’enfance
« La maison de l’enfance est plus qu’un souvenir, elle vit en nous d’une vie durable, elle reste en nous pour nous abriter à jamais. »
La maison est notre coin du monde. Elle est – on l’a souvent dit – notre premier univers. Elle est vraiment un cosmos. Un cosmos dans toute l’acception du terme. »
Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957.
- Écrivez un récit autobiographique sur les souvenirs liés à votre maison d'enfance. Faites renaître dans votre récit l’enfant qui sommeille en vous et décrivez les émotions qui surgissent lorsque vous évoquez cette période de la vie ?
III J’habite ma maison / Ma maison m’habite
"Les mots — je l'imagine souvent — sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de-chaussée, toujours prêt au « commerce extérieur », de plain-pied avec autrui, ce passant qui n'est jamais un rêveur. Monter l'escalier dans la maison du mot c'est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c'est rêver, c'est se perdre dans les lointains couloirs d'une étymologie incertaine, c'est chercher dans les mots des trésors introuvables. Monter et descendre, dans les mots mêmes, c'est la vie du poète. Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l'aérien. »
« La maison est verticale. Elle a un grenier et une cave. (…) Le grenier, c’est la raison de la maison, la pensée claire et consciente. La cave, c’est l’être obscur, l’inquiétude enfouie, la mémoire profonde. »
Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957.
- Vous avez le goût des mots, déambulez dans les différents étages de votre maison intérieure en prenant chaque pièce comme une métaphore qui représentera les différentes émotions ou états d’esprit qui vous y animent. Sous forme de poésie peut-être ?
(La cave peut représenter l’étymologie du mot, son origine archaïque correspondant à l’inconscient de l’être ; le rez-de-chaussée serait le sens commun du mot, usuel et fonctionnel du quotidien ; les étages, vus par Bachelard comme des espaces de réflexion ou de rêve pourraient correspondre aux usages poétiques et imaginaires du mot, aux sens figurés ou connotés ouvrant l’être à une interprétation plus profonde ; le grenier est un lieu de lumière et de contemplation, le mot touchera alors au métaphysique et au spirituel, à la sublimation. Chaque niveau de votre maison intérieure révèlera (par les mots) un rapport différent à la pensée, à la mémoire, la sensation et à l’imagination.)
IV Les maisons qui nous imprègnent
- Parlez des différentes maisons où vous êtes passé(e) et qui vous ont laissé un souvenir marquant. Vous emploierez une anaphore :
Ex : « C’était une maison… »
Ou « Je me souviens de… »
V Maison refuge
« La maison est un refuge qui protège le rêveur. Sans elle, l’homme serait un être dispersé. Elle maintient l’homme à l’abri des vicissitudes du monde extérieur. »
Gaston Bachelard, Poétique de l’espace, 1957.
- Racontez comment votre maison a pu, un jour, vous servir de refuge
Vite fait ? Bien fait !
Les vicissitudes de la vie
Le bien-être chez-soi
Josette L.
Je me souviens d' un vaisselier où chaque assiette resplendissait comme une oeuvre d'art, et de l'armoire monumentale qui grince, qui grince… est-ce qu’elle grince encore ? Où êtes-vous ? Et vous la bergère et le ramoneur… êtes-vous toujours sur la cheminée ? Qu' a-t-on fait de vous ? Est-ce mon imagination qui vous a ré-inventés ? Je crois que non.
C'est au grenier qu'il fallait aller ; enfants, on nous l' interdisait car il manquait une marche d’escalier… Raison de plus pour jouer les aventuriers dans la pénombre, évidemment .
J'ai toujours en moi la vision d'un chapelet en boules de nèfles jamais retrouvé avec cette envie furieuse de m' y agripper, pour continuer quelque prière interrompue et restée suspendue dans les airs.
Je pense à ces édredons comme à des nuages rouge foncé dignes de Rabelais et puis surtout à cette couronne de mariée sous son globe de verre, petit sanctuaire, chose intouchable.
Il me reste de tout cela une sorte d'aura de monde secret, de mystère… une joie douce amère... je ne sais pas pourquoi… ou plutôt si je le sais.
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme, disait le poète, et la force d’aimer ? "
Christine 05/2025
Maison Bulle
J'habite une maison bulle à l'éphémère beauté, tout en rondeur moirée, sans angle à redouter. On ne peut s'y cogner. Ouverte à tous les vents, sans fenêtre, ni porte, il n'y a rien à voler et j'y déverse en vrac des milliers de pensées.
C'est mon refuge nacré, toujours là où je vais. Je n'y vis qu'au présent. À quoi bon remuer les strates du passé? L'avenir, trop illusoire, vaut-il seulement la peine d' être envisagé ? Sans faire d'ombre à personne, j'embarque silencieusement et largue les amarres. Me voici protégée.
Aucun toit ne défie la bleuité des cieux. La maison aérienne, souple comme un nuage, se forme et se déforme au gré de mes envies. Inlassablement, je me balance dans le globe irisé aux parois translucides où miroitent les songes.
Cet abri dépouillé me donne à voir le monde. Il butine et volète parmi les grands espaces. Les paysages défilent. J'y respire l'air du large. Tout au long du voyage, je m'accorde le luxe d'attendre l'improbable au beau milieu d'endroits insolites et sacrés.
Un parfum de liberté enivre l'atmosphère. Seule au monde, loin du vain désir de briller, je flotte en apesanteur au creux du vide transpercé de lumière et je me régénère dans mon tout petit vibrant du grand silence de la méditation.
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